Le grand-débat l’a révélé d’une façon éclatante : les français et les françaises veulent pouvoir peser sur les décisions locales, leur cadre de vie et la protection de leur environnement. En ville comme en espace rural ! Ce qui est neuf c’est la motivation des jeunes qui s’y intéressent. Saturé de nuisances (particules fines en tête) et de loyers insupportables, la génération Y et Top Chef se posent dans les villages. Reportage en Nouvelle Aquitaine.

Restaurant Le Relais de la Vayres à Oradour sur Vayres, Périgord-Limousin

Le boom des microfermes (moins d’un hectare), de la permaculture, des gîtes ruraux et du télétravail ont fini de persuader les startuppers de la ruralité. Qu’ils soient en reconversion professionnelle ou un Top-chef prêts à entreprendre en solo ou en couple, aujourd’hui, il faut un apport personnel d’environ 100 000 euros pour se lancer en franchise. Certes, cette option sécurise l’esprit de se savoir encadré par une grande enseigne. Mais il faudra suivre des objectifs de résultats et se soumettre à un cahier des charges plus contraignant que bienveillant (de 6 à 11% de son CA) quelle que soit la conjoncture. En revanche, la reprise d’un fonds de commerce, restaurants, petite hôtellerie, boulangerie, coiffure, s’avèrent bien plus accessible, de 50 000€ à 70 000€ selon l’emplacement avec une offre très étendue dans tous les terroirs. En particulier en Nouvelle Aquitaine qui affiche 9300 commerces à céder parmi les 5 départements aux terroirs affirmés, du Pays Basque au Périgord-Limousin.

Dans le climat actuel de déclassement et depuis les « 35 heures », les candidat(e)s entrepreneurs choisissent la reconversion vers un nouveau métier, souvent avec une préférence pour la franchise qui, à l’ombre d’une marque établie, sécurise leur investissement . A condition d’avoir un gros apport. Pour provisionner les droits d’entrée, de 25000 à 300 000€, et les redevances , de 6% à 8% qui « ne se négocient pas » selon Philippe Dassié, consultant pour Franchise Connexion.

Comparativement, l’achat d’un fonds de commerce s’avère bien plus accessible et laisse carte blanche aux candidats avec un apport financier bien moins important , dès 50.000€, pour créer « son concept » avec l’assurance d’un chiffre d’affaires existant dès le « passage du relai » entre propriétaires. En restauration, par exemple, il est naturel de changer la carte, merci TopChef ! D’autres candidats passent du style bistro au snacking, du « routier » à la pizzeria ou, très tendance, décident de mixer restauration avec animation théâtre/musique. A Oradour sur Vayres, par passion pour les produits de la forêt, le chef du Relais de la Vayres a créé une petite société de négoce qui fournit « sa carte » : Pommes plein vent, légumes bio, cèpes, girolles, pied de mouton, noix et châtaignes greffées. Rien d’étonnant à ce que son restaurant affiche complet saisons après saisons. Et que le couple ferme le soir à l’approche de leur retraite, pas besoin d’en faire trop. C’est dire le potentiel de ces affaires à céder pour moins de 70 000€. Dans cet exemple le prix des « murs » qui représentent 230m2 habitables dont un logement de 3 chambres vaut 142000€. C’est un bien amortissable en seulement 7 ans et qui offre la sécurité d’un bien immobilier pérenne. Pour sortir du lot, il suffit parfois de quitter les boulevards pris d’assaut !

Le secteur de la restauration est en pointe, « en capacité de signer 100.000 embauches tout de suite : la moitié en CDI, l’autre moitié en contrats saisonniers » affirmait , en 2018, à l’AFP Roland Héguy, président de la principale organisation du secteur hôtelier, l’Umih. A quelques kilomètres au Sud, à Cussac, également dans le Parc Périgord-Limousin, le premier village équipé d’un réseau de chaleur à l’énergie-bois, l’hôtel-restaurant des Bruyères face à la mairie et son foirail, met en avant la convivialité limousine. La fiche technique est aussi nette qu’éloquente : salle lumineuse et terrasse (30 à 45 couverts), un bar plein centre orné de coupes de foot, et à l’étage 7 chambres toutes équipées. C’est un défi aux normes, la petite hôtellerie du terroir a un vrai avenir pour qui a déjà compris qu’AirB&B c’est bien mais que se faire servir avec le sourire, la fleur au bec, c’est un art de vivre bien plus charmant, ici entre Limousin et Dordogne. On est loin des ibis-zone-portuaire et autres trois étoiles qui en valent deux selon les clients. A chacun son biotope ! Ici, la clientèle familiale, sportive, anglaise ou de passage apprécient le « Fait maison ». Un label du Ministère qui a mis du temps à être reconnu mais qui a pris tout son sens à la Table de ces chefs pour qui la cuisine limousine, gustative et inventive, ne peut pas se savourer autrement. Avis aux nouvelles toques ou tout simplement aux couples décidés à Vivre autrement. Avec ou sans équipe.

Enfin, dans la démarche création / reprise de commerces, le facteur financement peut déterminer le choix final. Selon les deux plus grands comparateurs, courtiers en crédit, « Le début d’année est incroyablement stable », cités dans Les Echos Patrimoine du 15 mars. Des taux entre 0,10% et 0,15%. Cette situation favorable aux emprunteurs devrait se poursuivre pendant encore plusieurs mois car on dispose de plus de visibilité sur les intentions de la BCE avec 3 facteurs positifs : des taux records, des crédits toujours plus longs et des banques offensives avec des marges de négociation importantes pour les emprunteurs. Avec ces feux verts alignés, on ne se demande plus pourquoi le « Cauchemar est en cuisine » sur M6. Pas besoin d’être un adepte de Philippe Etchebest, le chef n’a qu’une conclusion. Heureux en cuisine, bienheureux à table !

Lysiane Binet pour Domoclick.com

Fonds de commerce en Périgord Limousin :
http://www.immo-reseau.com/geolocalisation-par-regions-vente-limousin-74.html