Le patron de Saint-Gobain est à la tête du leader mondial de la transformation et la distribution de matériaux de construction. Diplômé de l’ESSEC et de l’ENA, Pierre-André de Chalendar est entré chez Saint-Gobain en 1989. Nommé numéro 1 en 2007, ce père de 4 enfants a toujours cru à l’habitat durable et en fait la priorité du groupe mondial. Dans le supplément Economie publié le 11 avril dans Aujourd’hui en France consacré au marché Africain, le PDG affirme « Le digital a bouleversé notre rapport à la clientèle car désormais, nous parlons à tous les acteurs de la chaîne : les artisans, les architectes et maintenant aux consommateurs. Avec Internet, ceux-ci sont mieux informés et nous leur apportons des solutions avec des professionnels, notamment via notre filiale Point. P ». Interview de PIERRE-ANDRÉ DE CHALENDAR, Président-directeur général de Saint-Gobain. Propos recueillis par Sandrine Bajos:
Saint-Gobain vient de fêter ses 350 ans. Quel est le secret d’une telle longévité ?
-P-A de CHALENDAR: L’innovation ! Depuis 1665, Saint-Gobain a toujours su se réinventer et s’adapter pour se développer dans différents métiers et devenir un leader mondial de l’habitat dans la production, la transformation et la distribution de matériaux. A l’origine, le groupe a été créé par des entrepreneurs privés — avec le soutien de Jean-Baptiste Colbert, le ministre de Louis XIV — pour contrer le monopole de Venise (Italie) dans la fabrication de miroirs. Cet objet de luxe, très à la mode, présentait déjà l’avantage d’apporter plus de lumière dans l’habitat. A Venise, le verre était fabriqué via la méthode du soufflage, mais très vite nous avons trouvé notre propre secret de fabrication en inventant le procédé de coulage sur table. Depuis, la lumière est restée omniprésente chez Saint-Gobain.
Comment va Saint-Gobain ?
-P-A de CHALENDAR: L’entreprise, qui emploie 170 000 personnes à travers le monde, se porte bien grâce à la notoriété et au dynamisme de ses marques (Weber, Isover, Placo, Securit, Point. P, Lapeyre…). En 2015, son chiffre d’affaires a augmenté d’environ 3 % à 39,6 Mds€. Son résultat net à 1,3 Md€ est, de son côté, en forte hausse. Un bilan stimulé par notre présence à l’international, car en France, notre activité a diminué de 4 %. Néanmoins, il semblerait que le secteur de la construction, en baisse depuis des années, reparte doucement.
Comment expliquez-vous ce retournement ?
-P-A de CHALENDAR: Retournement, ce mot est un peu fort. Même si je suis optimiste, je reste très prudent, car ce secteur a déjà connu de faux départs… Mais depuis cet hiver, la baisse s’est arrêtée. On voit les mises en chantier et les permis de construire repartir. Le Premier ministre, Manuel Valls, a pris conscience de l’importance de la construction, où nous affichons un vrai retard par rapport à nos pays voisins. Or, ce retard coûte à la France un demi-point de PIB (produit intérieur brut). Ce qui est énorme, notamment en termes d’emplois.
Aujourd’hui, comment définissez-vous votre groupe ?
-P-A de CHALENDAR: Il y a encore quelques années, Saint-Gobain se caractérisait par ses matériaux (le verre, le plâtre, etc.). Aujourd’hui, le groupe se définit par rapport à son marché principal : l’habitat durable. Avant, nous vendions des produits. Aujourd’hui, nous proposons, en plus, des solutions, telles que des économies d’énergies, car nos matériaux protègent l’environnement. Face au dérèglement climatique, les entreprises ont souvent été pointées du doigt. Mais on peut être un groupe industriel et contribuer, par ses activités, au respect de l’environnement ! C’est ce que nous revendiquons chez Saint-Gobain.
Comment sera l’habitat durable de demain ?
-P-A de CHALENDAR: Il consommera moins d’énergie et sera plus confortable. Il apportera un confort thermique grâce à une isolation parfaite, et un confort acoustique avec le développement de vitrages et de cloisons en plaques de plâtres innovantes. L’habitat sera aussi plus beau et chez Saint-Gobain nous croyons plus que jamais au verre. Ce matériau transparent est idéal, car il permet d’augmenter la part de l’éclairage naturelle.
Un habitat bien isolé fait-il baisser la facture énergétique ?
-P-A de CHALENDAR: Un bâtiment, bureau ou logement, parfaitement isolé, c’est une baisse de 80 % de la facture de chauffage ! C’est énorme pour les particuliers et pour la facture énergétique du pays. Aujourd’hui, pour le neuf, la réglementation thermique oblige à isoler correctement et c’est rentable grâce aux économies de chauffage. Mais pas pour l’acoustique, car c’est considéré comme du confort. Quant aux anciens bâtis, la loi de transition énergétique de Ségolène Royal va dans la bonne direction. En cas de travaux lourds comme refaire un toit, une façade, une exigence énergétique minimale va progressivement devenir obligatoire.
Suite de l’interview à lire sur AUJOURD’HUI EN FRANCE:
http://www.leparisien.fr/economie/business/pour-le-patron-de-saint-gobain-un-habitat-bien-isole-c-est-une-baisse-de-80-de-la-facture-11-04-2016-5703291.php
Cet article est issu du Parisien Économie du 11 avril 2016 CAP SUR L’AFRIQUE. Retrouvez l’intégralité du Parisien Économie en version PDF:
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