Sur les 11 directives du plan Macron de la Transition Energétique (ci-dessous) pour se « désintoxiquer des énergies fossiles » selon les termes de sa conférence de presse du 27 novembre, il y a deux directives qui concernent le bâtiment (secteur responsable de près de 40% des emissions de CO2) pour réduire notre consommation existante dont l’objectif de rénovation d’un demi million de logements. Le même objectif identique à 2015 qui n’a pas obtenu de bons résultats. Explication comparative et ce qu’il faut retenir de la déclaration du Chef de l’Etat, après 10 jours de manifestation des gilets-jaunes ».

Emmanuel Macron a présenté mardi 27 novembre son plan sur l’énergie alors que des milliers de Français ont manifesté contre la hausse des prix du carburant et la vie chère. ©Ian Langsdon, Pool via AP)

Sur le chapitre BATIMENTS , on observe deux directives:

1/ Améliorer drastiquement l’efficacité des moyens de chauffage et réduire leurs consommations et émissions, avec un objectif de remplacement d’un million de chaudières au fioul d’ici 2023.

2/ Rénover de manière efficace 500 000 logements par an dont la moitié occupés par des ménages modestes, avec la poursuite du Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), étendu aux propriétaires bailleurs et, pour les ménages modestes, transformé en prime versée par l’ANAH.

Déjà en 2016, la Cour des Comptes dénoncait l’inefficacité des dispositfs en place.

Rénover 500 000 logements par an de manière efficace reste un objectif hautement ambitieux quand on sait que la Cour des Comptes a révélé dès 2016 , avec 94 dispositifs fiscaux, « le montant consacré aux incitations défavorables est supérieur à celui des dispositifs favorables, au risque de voir, dans le meilleur des cas, leurs impacts respectifs sur l’environnement s’annuler, malgré l’effort collectif consenti ». Et puis côté pratique, 60% des Français continuaient de déplorer d’avoir froid malgré leur chauffage.

Face au mouvement des « gilets jaunes » qui dure depuis 10 jours, Emmanuel Macron a annoncé vouloir limiter l’impact des taxes carburant et une « grande concertation », sans toutefois renoncer à sa stratégie sur l’environnement et le nucléaire, avec la fermeture de 4 à 6 réacteurs d’ici 2030.

Le chef de l’Etat ne recevra pas lui-même des représentants des « gilets jaunes » mais a confié au ministre de la Transition écologique François de Rugy le soin de les écouter, a précisé l’Elysée. Ce discours très attendu a immédiatement été rejeté par des « gilets jaunes » et l’opposition, qualifié de « vide absolu » par Marine Le Pen, de « désespérant » par les Républicains, « hors-sol » pour l’insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé la « totale soumission au lobby nucléaire » du président.

« Fin du monde » ou « fin du mois », « nous allons traiter les deux, et nous devons traiter les deux »,

a-t-il assuré lors d’un discours à l’Elysée pour la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie, en référence à la nécessité de concilier les enjeux climatiques et sociaux pointée par l’ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

Après dix jours de grogne des « gilets jaunes » contre la perte de pouvoir d’achat et la hausse des taxes sur les carburants, il a annoncé que leur fiscalité serait adaptée aux fluctuations des prix afin d’en limiter l’impact pour les Français qui utilisent beaucoup leur voiture. »En cas de nouveau pic des prix, le gouvernement pourra décider de suspendre ou réduire la hausse de fiscalité intervenue en début d’année, pour ne pas aggraver inutilement la hausse déjà forte du prix à la pompe. En application de ce mécanisme, la hausse de la fiscalité aurait été suspendue entre juillet et octobre 2018, réduisant le prix à la pompe », a expliqué Matignon.

Le chef de l’Etat a en outre annoncé une « grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale », rassemblant associations, élus et « représentants des gilets jaunes », pour, « dans les trois mois qui viennent », élaborer des « solutions », des « méthodes d’accompagnement ». Edouard Philippe est chargé de mener des consultations cette semaine pour définir l’organisation de cette concertation qui s’achéverait fin février 2019.

« Ceux qui disent que ce sont, au fond, toujours les mêmes qui font les efforts », « ont raison », a-t-il ajouté, fustigeant « quarante ans de petites décisions » et les discours incitant « depuis des années » les Français à s’installer en périphérie des villes ou à rouler au diesel. Mais si « nous devons entendre les protestations d’alarme sociale », ce sera « sans renoncer à nos responsabilités » car « il y a aussi une alarme environnementale », a toutefois réaffirmé le chef de l’Etat.

Compromis nucléaire : 14 réacteurs fermés d’ici 2035

Sur l’épineuse question du nucléaire, Emmanuel Macron a choisi la voie du compromis en annonçant de 4 à 6 nouvelles fermetures de réacteurs d’ici 2030, en plus des deux de Fessenheim, moins que ce qu’espéraient les écologistes, et un essor des énergies renouvelables. Il tranche entre les voeux du ministre de la Transition écologique François de Rugy – et de son prédécesseur Nicolas Hulot -, qui voulaient six arrêts supplémentaires d’ici 2028, et Bercy, qui voulait repousser les fermetures à l’après 2029, tout comme EDF.

Emmanuel Macron a confirmé que la part du nucléaire serait ramenée à 50% de la production d’électricité à l’horizon 2035, contre un objectif initial à 2025 dans la loi de transition énergétique. Des « gilets jaunes » ont immédiatement rejeté ce discours. « Ce qu’il raconte c’est de la poudre de perlimpim ! On ne va pas changer de cap certainement pas, ici on voit de la misère tous les jours », explique à l’AFP Bruno Herry, 52 ans, employé de pompes funèbres, interrogé à Trégueux (Côtes-d’Armor).

Côté politique, seul le Modem saluait le « nouveau prisme » donné par le président « pour regarder notre avenir ». A droite, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a dénoncé un discours « à côté de la plaque » avec une « concertation pipeau ». « Le président nous a convaincu d’une chose : l’urgence d’une transition politique! », a tancé Marine Le Pen.

L’écologiste Yannick Jadot, un des rares politiques à soutenir la hausse de la fiscalité des carburants proposée par le gouvernement s’est dit « stupéfait » du manque d’annonces sociales. Sur le nucléaire, il a estimé qu’on « ne fait rien pendant ce quinquennat, potentiellement on ne fait rien sur le prochain quinquennat, à part peut-être décider de nouveaux réacteurs nucléaires en 2021, ou en 2022 ».

Domoclick.com avec l’AFP