Dans l’édition LES ECHOS de lundi dernier, le 16 juin 2013, le quotidien écrit sous la plume de Nicolas Rauline que « les investissements d’avenir dédié aux PME innovantes, est renommé Fonds Ambition Numérique » lequel est désormais intégré à la BPI. Il tentera de pallier les failles du capital-développement français et d’offrir une alternative au rachat par l’étranger (épisode Dailymotion). Sur ces sujets, Fleur PELLERIN, la ministre déléguée chargée des PME , de l’innovation et de l’économie numérique s’exprime ouvertement et déclare: “Faire du numérique un véritable accélérateur de croissance”. Extraits

Pourquoi faire évoluer le FSN-PME (Fonds pour la société numérique) ?

– Fleur PELLERIN: Le premier bilan de FSN-PME est positif, avec 14 investissements qui ont été réalisés. Il faut maintenant inscrire ce fonds dans la nouvelle stratégie numérique du Gouvernement, que l’on peut résumer en un slogan : il faut changer d’échelle ! On ne plus se contenter d’une simple logique d’animation du secteur ! Nous devons mettre les start-up françaises sur la rampe de lancement, qu’elles puissent devenir de véritables entreprises de taille intermédiaire (ETI) adressant un marché désormais mondial. Le rachat par des acteurs étrangers ne doit plus être la seule option. C’est le sens de l’évolution du fonds FSN-PME, qui devient le « FSN-PME, le Fonds Ambition Numérique ». Il va intervenir pour aider les entreprises innovantes à franchir une étape de leur développement, avec des montants maximum de 10 millions d’euros et une participation maximale de 30%.

Plus globalement, quels leviers souhaitez-vous actionner ?

-FP: Le numérique est un facteur clé de la compétitivité. Notre stratégie, notre ambition numérique, c’est de faire du numérique un véritable accélérateur de croissance pour le pays, à travers quatre leviers. Le premier réside dans le déploiement des infrastructures, avec le plan très haut débit de 20 milliards d’euros annoncé par le président de la République mais aussi l’accélération du déploiement de la 4G et la décision de libérer la bande des 700 MHz pour faire face à l’explosion des usages sur mobile. Le développement des objets connectés, du cloud ou du big data passe aussi par des infrastructures performantes. Le deuxième axe, c’est de mettre fin au saupoudrage des aides à la recherche et développement, qui ne permet pas d’atteindre la masse critique et n’incite pas les acteurs à faire des paris technologiques. Nous concentrons donc les aides (150 millions d’euros dans un premier temps) sur quelques technologies critiques en termes de potentiel de développement et de souveraineté : le cloud et le big data, les logiciels embarqués, l’Internet des objets, la sécurité des réseaux et le calcul intensif. La troisième dimension, ce sont les usages. Dans le domaine des smart cities, des transports intelligents, de l’e-éducation, de l’e-santé, nous pouvons faire coup double : moderniser de manière radicale les services publics et l’expérience utilisateur, tout en créant un appel d’air en termes de commandes pour notre industrie numérique. A condition toutefois de bien articuler les deux dimensions et de permettre à l’offre de se structurer.

VIDEO Fleur Pellerin : « Nous allons nous consacrer à 5 priorités uniquement »

-FP: Notre levier principal en la matière est le pilotage de la commande publique : on a fait beaucoup d’expérimentations par le passé ; maintenant il faut passer au déploiement, ou en tout cas au pré-déploiement. S’il n’y a pas de cap clair, on ne pourra pas accompagner l’émergence d’acteurs industriels. C’est pour cela que nous avons fixé l’objectif minimum de 2% de la commande publique consacrée à l’innovation, soit 1 milliards d’euros de chiffre d’affaires de plus pour les PME. Nous allons aussi favoriser une meilleure structuration de la demande provenant des autres secteurs de l’économique. Nous travaillons ainsi à une initiative dans le domaine du « Big data ». Enfin, le quatrième levier, essentiel, c’est le renforcement des écosystèmes du numérique. Cela passe d’abord par l’investissement, où le problème se situe au niveau du capital-développement, c’est-à-dire des gros tickets pour faire croître les pépites. Le programme des investissements d’avenir a dégagé 590 M€ pour intervenir sur ce segment et une enveloppe de 250 M€ par an issue du livret A a aussi été réservée par la Caisse des dépôts. Nous allons aussi renforcer les programmes d’accompagnement et de mise en valeur des startup numériques. C’est tout le sens du projet de quartiers numériques.

VIDEO Fleur Pellerin : « La pédagogie permet de lever beaucoup de clichés »

Quel dispositif imaginez-vous pour ces quartiers numériques ?
-FP: Il faut déjà s’appuyer sur ce qui fonctionne, ne pas réinventer la roue. Des clusters et des pôles de compétitivité, comme Systematic, Cap Digital, Images et Réseaux, SCS ou Minalogic, ont prouvé leur efficacité. Il faut aussi identifier les endroits où certaines entreprises se concentrent déjà en grappes, comme Euratechnologies à Lille ou le Quartier de la création à Nantes, identifier les talents. C’est le sens de la mission confiée à Tariq Krim. Nous souhaitons ensuite labelliser une quinzaine de quartiers numériques en France, en accompagnant les territoires dans leur dynamique. L’objectif, c’est de passer des incubateurs aux accélérateurs, un peu comme le Y Combinator aux Etats-Unis, en mobilisant tous les moyens pour créer des champions mondiaux.

Où en est le projet de quartier numérique à Paris, à la Halle Freyssinet ?

-FP: Paris a vocation à être le lieu d’un « hub numérique » pour l’international. Mais il ne faut pas résumer l’écosystème numérique en Ile-de-France à ce seul projet. Il y a déjà 100.000 mètres carrés d’incubateurs à Paris, un pôle autour de l’image à Saint-Denis, un autre autour du jeu vidéo à Montreuil, par exemple. Ce qui manque aujourd’hui, c’est une mise en réseau des écosystèmes sur les territoires et un levier d’attractivité et de projection internationale. Ici aussi, l’ambition est de changer d’échelle et c’est à l’Etat qu’en incombe la responsabilité. Ce projet, c’est d’abord la marque de confiance de l’Etat à des dynamiques de territoires initiées depuis longtemps. L’Etat reconnaît leur démarche, les appuie et apporte un effet mutiplicateur. Surtout, il ne faut pas résumer les choses à leur dimension immobilière. L’enjeu, c’est l’accompagnement des startups, c’est aussi la capacité à attirer en France des talents, des investissements, des entreprises.

Suite de l’interview dans LES ECHOS du 16 juin 2013
avec la VIDEO de Fleur Pellerin
: « Construire à Paris une tour Eiffel du numérique »

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0202831436807-fleur-pellerin-faire-du-numerique-un-veritable-accelerateur-de-croissance-576013.php

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