Si l’issue du sommet de Copenhague sur le climat a constitué un échec de l’ONU et prouvé l’incapacité des dirigeants de la planète à se mettre d’accord sur un projet commun essentiel , l’impact d’avant/après « Copenhague » par la presse mondiale aura eu un effet positif par sa couverture médiatique. Les enjeux sur l’énergie, sur les emplois vert et la survie des peuples les plus exposés à la sécheresse ou la montée des eaux deviennent si vitaux qu’ils représentent des sujets de presse de plus en plus traités de façon approfondies pour répondre aux préoccupations des populations. Un climat de pression des exigences de la société civile auprès des chefs politiques qui devrait peser sur les prochains rendez-vous 2010. Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, a précisément exposé ce calendrier au JDD du 20.12.09. Revue de presse globale où, il faut le rappeler, était présent pour la première fois, les Etats-Unis et la Chine.

Le quotidien américain Washington Times dénonçait le « flop » des dirigeants du monde à se mettre d’accord, en évoquant une « journée froide pour Obama au Danemark ».
Pour le Washington Post qui parlait d’un accord « manquant d’ambition », les « gouvernements doivent faire mieux ». Le journal exhortait le Sénat américain à adopter la législation sur le climat actuellement bloquée au Congrès.
Pour le journal danois Berlingske Tidende (conservateur), « les dirigeants du monde n’étaient pas disposés, le moment venu, à conclure un accord, la volonté n’étant pas au rendez-vous ».
« La plus chaotique des conférences doit do nner aux Nations unies des raisons pour un grand examen de conscience », selon l’éditorialiste du quotidien.
Pour Politiken (centre-gauche), « le fiasco est global, non local ». « La réalité est que le monde n’est pas mûr pour être gouverné en communauté ».
« L’échec de Copenhague ou les limites du gouvernement mondial », titrait le quotidien français Le Monde de dimanche-lundi, selon lequel « la réunion a tourné à la pagaille et a illustré la force montante de la Chine ».
Le texte adopté « abandonne la philosophie du protocole de Kyoto, qui posait une contrainte de réduction des émissions de gaz à effet de serre à ses participants », ajoutait le quotidien. « Négocié dans sa version finale surtout entre la Chine et les Etats-Unis, l’accord consacre la marginalisation de l’Union européenne ».
« La Chine et les Etats-Unis, absents du protocole de Kyoto, y sont inclus et rejoignent donc officiellement le camp de ceux qui luttent contre le réchauffement » estimait pour sa part Le Journal du Dimanche.
Pour le quotidien portugais de référence Diario de Noticias, « le système de négociation multilatérale essayé par les Nations unies a été un échec et ne résoudra pas le problème qui menace l’humanité ».
« Copenhague nous enseigne plusieurs leçons. La Chine est une puissance qui a un poids décisif sur la scène internationale, le Brésil est une étoile montante. L’Europe a de grandes ambitions mais peu d’influence. Les Etats Unis ne changent pas beaucoup, avec ou sans Barack Obama », concluait le journal portugais.
Pour le Jornal de Noticias, « les plus cyniques ont quitté Copenhague en se disant que tout le monde se mettrait d’accord l’année prochaine à Mexico. Les plus sceptiques continuent de penser que les besoins industriels et économiques des géants empêcheront un quelconque engagement effectif. L’histoire leur donne raison. Il est tragiquement prévisible que l’avenir continuera de leur donner raison ».

Dans la presse grecque, dans son ensemble très négative sur les résultats du sommet de Copenhague, Eleftherotypia (gauche indépendant) estime que « les grands pollueurs du monde ont imposé en fin de compte à Copenhague un accord imparfait qui ne correspond en rien aux espoirs d’un engagement mondial pour limiter le réchauffement de la planète ».
En Allemagne, le Bild am Sonntag écrit que « les espoirs reposent encore sur Angela Merkel » qui a proposé d’accueillir une réunion sur le climat en juin à Bonn pour préparer la prochaine conférence climatique de Mexico fin 2010.
« Beaucoup va dépendre de son éventuelle capacité à prendre davantage en compte les intérêts des pays en développement », écrit le journal.
« Celui qui ne dit que du mal de Copenhague s’associe à ceux qui freinent au lieu de faire avancer » la lutte contre le réchauffement climatique, a déclaré la chancelière conservatrice au Bild am Sonntag. « Copenhague est un premier pas vers un nouvel ordre climatique mondial, pas plus mais pas moins non plus. »
Ce journal de droite estime qu' »un forum comme le G20 serait plus approprié pour prendre des décisions sur la protection climatique », comme pour la crise financière.

Interrogé par le JDD, la secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno, répond ouvertement

«  C’était un échec total, absolu, jusqu’à jeudi midi. Dès mardi, d’ailleurs, j’avais alerté sur le blocage dans nos groupes de négociation. Là, nous avons un accord politique qui nous déçoit, qui n’est pas à la hauteur de ce que l’on souhaitait, mais qui reste quand même une étape importante: il rassemble les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, l’Union européenne, le Canada, la Russie, au total 28 Etats et 90% des émissions de gaz à effet de serre de la planète. C’est la première fois que ces pays s’engagent à publier – dans ce qui sera l’annexe de l’accord – leurs chiffres de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020 ; ils s’engagent sur un système de vérification des actions qu’ils mettent en œuvre ; et ils s’engagent à mobiliser 100 milliards à l’horizon 2020, avec des financements innovants. C’est un vrai engagement des Vingt-Huit, et ça compte. La conférence ayant pris note de cet accord, tous les autres pays qui vont vouloir s’y rallier pourront le faire.
Et de poursuivre , à propos des dirigeants mondiaux «  qu’ un accord politique est sur la table, avec un premier rendez-vous en janvier 2010 où tous les pays doivent publier leurs engagements, puis un deuxième à Bonn, et un troisième (fin novembre 2010) à Mexico pour finaliser les traités. Donc la machine est lancée. Je le répète : jeudi 17 décembre, il n’y avait plus de machine du tout… Nous, la France, Jean-Louis Borloo depuis deux ans et Nicolas Sarkozy à Copenhague, avons tout mis sur la table. Et ça a permis de sauver Copenhague, alors que certains pays souhaitaient profondément sortir sans rien ».

Les conclusions du sommet selon Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec)

Le patron du groupe de scientifiques sur le changement climatique a estimé dimanche 20 décembre que l’accord arraché à Copenhague était un début mais a exhorté les pays à sceller le plus vite possible un traité qui les engagera légalement.
Puis il a décrit le texte obtenu in extremis samedi 18 à Copenhague après deux semaines de négociations frénétiques comme « un accord qui n’aura vraiment pas le dernier mot » en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
« Nous devrons nous assurer qu’il se transforme rapidement en accord légalement contraignant et je pense donc que la tâche de la communauté internationale reste immense », a souligné sur la chaîne NDTV le scientifique indien, dont l’organisme vise à éclairer la décision politique en matière de lutte contre le changement climatique.

« Dans les semaines et les mois qui viennent, nous allons devoir travailler très dur afin qu’à la fin 2010, ou plus tôt, nous parvenions à un accord contraignant qui débouche sur des actions allant vraiment dans la direction voulue ».
L’accord de Copenhague a été obtenu à la dernière minute par un groupe de dirigeants de pays riches et émergents (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud et principaux pays européens) dès lors qu’il était évident qu’un « protocole de Copenhague » n’était plus à portée de mains et le sommet menacé d’échec.
Le texte ne répond ni aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés recommandés par la science (de -25 à -40% en 2020 par rapport à 1990), ni aux objectifs de long terme pour l’ensemble de la planète (-50% en 2050). Et surtout, il omet de fixer un calendrier jusqu’à la conclusion d’un traité contraignant.

La prochaine conférence climat est prévue fin novembre à Mexico mais le président mexicain Felipe Calderon a accepté, selon M. Pachauri, la proposition de l’ancien vice-président américain et prix Nobel de la Paix Al Gore d’y organiser un sommet dès la mi-2010. Calendrier à confirmer !

Domoclick.com avec l’AFP et Pierre-Laurent Mazars pour Le Journal du Dimanche (JDD)

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