C’est un fait, le nombre de personnes en perte d’autonomie devrait doubler en France d’ici à 2060 selon l’INED. C’est pourquoi l’OCIRP ** anime chaque année une réflexion commune sur le sujet entre groupes de protection sociale, mutualité, partenaires sociaux, entreprises et responsables politiques. Ce 21 janvier 2016 à la Maison de la Radio, alors que la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement entrera en vigueur, le 8ème Débat OCIRP Autonomie met l’accent sur le financement durable du risque de perte d’autonomie. Cette année, le thème est « Perte d’autonomie, quelles politiques, quels financements ? » et accueille notamment Madame Laurence ROSSIGNOL, Secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance, des Personnes âgées et de l’Autonomie*** avec Luc FERRY, philosophe et écrivain. L’OCIRP publie l’entretien de Julien Le Louët, directeur des investissements de l’OCIRP avec les extraits recueillis par Stéphane Le Page et l’aimable autorisation du site d’information Instit Invest****.

Visuel édité par l’OCIRP

« La perte d’autonomie est une question majeure de société. Sommes-nous bien préparés pour y faire face ? »

Julien LE LOUET

Selon le directeur des investissements de l’OCIRP, l’introduction de la rente de dépendance dans leur offre a eu pour effet d’allonger les engagements qui variaient jusque-là en fonction du développement des rentes de veuvage et d’éducation, encore très largement majoritaires dans les cotisations. Vis-à-vis de la longévité, Julien Le Louët prône la prudence et la modestie. Car si elle progresse, l’espérance de vie en bonne santé semble stagner et les problèmes de dépendance s’accroissent, selon lui. Il explique comment il appréhende ces évolutions dans sa gestion financière.

Quels sont vos cotisants ?

– Julien Le Louët: Des salariés, puisque nous sommes sur la prévoyance collective. Nous avons 6 millions de garanties. On couvre des secteurs très divers, les écarts de profil de risques qui sont aussi différents. Le fait de couvrir une large population est un avantage car la loi des grands nombres tend à se vérifier davantage.

Et les bénéficiaires ?

– JLL: Les bénéficiaires de nos engagements en vie sont des veufs et veuves et des orphelins de salariés qui ont cotisé à l’OCIRP par l’intermédiaire d’une institution membre. Les femmes sont plus représentées en raison de la surmortalité masculine. Sur la partie dépendance, ce sont des salariés qui ont cotisés pour eux-mêmes.

Comment a évolué la situation financière de vos adhérents ?

-JLL: Plus de 10% des adultes de 20 à 75 ans ont perdu un parent avant l’âge 20 ans. Le décès de l’un des deux parents dans une famille a toujours des conséquences psychologiques et bien souvent des impacts sur la situation économique. La situation économique a accru les demandes d’actions sociales.Parfois, le conjoint survivant doit changer d’emploi, suivre une formation, déménager car la charge du crédit est trop importante. La scolarité des enfants peut s’en retrouver impactée tant sur le plan financier que sur le risque de décrochage. Nous pouvons par exemple aider à la reconversion professionnelle et financer du soutien scolaire.Actuellement, nous constatons une forte augmentation des appels sur l’action sociale. Il y a des besoins importants qui tournent autour de la rente éducation et de veuvage. Sur la dépendance, nous servons déjà des rentes, mais c’est un risque qui va survenir beaucoup plus massivement à horizon de 30 ans.

Que change l’allongement de la vie dans votre métier ?

-JLL: Les questions sur la longévité sont les mêmes que pour tous les assureurs. Est-ce que l’espérance de vie va progresser de manière continue ? Est-ce que l’on va avoir une translation de la distribution des âges de décès ? Ou cette courbe va-t-elle se recentrer avec moins d’écarts type ? Même si on attend, de par nos développements commerciaux, à avoir des engagements toujours plus longs, la question de la longévité amène à la prudence et à la modestie. On entend toujours les mêmes chiffres : au-delà de 80 ans, on gagne un trimestre d’espérance de vie. C’est en réalité très difficile de résumer les tendances et puis de savoir ce qui va réellement se passer. La longévité progresse. L’espérance de vie en bonne santé stagne. 40% des femmes vivent au moins jusqu’à 90 ans. Il y a une stabilité de l’écart homme femme. Il faut intégrer tout cela. La question de la perte d’autonomie va devenir une question majeure et la société n’est pas bien préparée pour y faire face.Parlons justement de la dépendance, qui apparaît systématiquement lorsqu’il est question des retraitesL’idée de la dépendance est basée sur la progression de l’espérance de vie. On constate que l’espérance de vie sans incapacité et sans limitation dans les activités pour un homme ou une femme de 65 ans est relativement stable. Donc, si nous vivons plus longtemps, nous sommes plus souvent malades, souvent en étant en situation de dépendance. La durée d’incapacité est en forte progression. A 65 ans, un senior a une durée de vie sans incapacité de 9 ans. C’est un problème croissant et c’est un risque que la société, dans son ensemble, aura du mal à couvrir. Le coût de la perte d’autonomie est aujourd’hui de 34 milliards d’euros et il ne va cesser de s’alourdir.

Quels sont les effets du vieillissement de la population sur votre gestion financière ?

– JLL: Historiquement, notre offre vient s’appuyer sur des rentes de conjoint et d’éducation. En fonction des efforts commerciaux mis sur une garantie ou sur l’autre, la duration de nos engagements s’allonge ou raccourcit. La rente d’éducation a une durée d’engagement liée à celle de la durée des études, tandis que celle d’une rente de conjoint peut avoir une dimension viagère. Récemment, les engagements sur la partie éducation se sont développés davantage que ceux sur la rente des conjoints. Du coup, le raccourcissement des durations était assez tendanciel.L’enjeu du vieillissement et de la perte d’autonomie a incité notre conseil d’administration à positionner notre Union sur le risque de dépendance, il y a huit ans, toujours au travers de rentes dans le cadre de contrat collectif en entreprise. Il permet de financer la prise en charge de la dépendance. Plus le salarié commence à cotiser tôt, meilleure est la prise en charge. Evidemment, la dépendance est un risque long. Et la durée des prestations peut également être très longue. Par conséquent, cette nouvelle offre est venue rallonger la duration de nos engagements.

** En savoir + sur les garanties de l’OCIRP et la prise en charge de la perte d’autonomie

Lire le dossier thématique sur le débat Autonomie OCIRP 2016 France Info Le Monde/
http://www.ocirp.fr/webp/Portail/Actualites/Actualites/(news)/15689#

*** Secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance, des Personnes âgées et de l’Autonomie:
http://www.gouvernement.fr/ministre/laurence-rossignol

**** instit invest:
http://www.institinvest.com/

Domoclick.com avec l’OCIRP