Ce concours, préparé par la commission baptisée « Innovation 2030 » présidée par Anne Lauvergeon, est destiné à attirer en France des projets technologiques innovants et favoriser le développement d’entreprises dans les domaines de la transition écologique et énergétique, des sciences du vivant et de la santé ainsi que des nouvelles technologies numériques. La définition de ces choix s’appuie sur les attentes sociétales fortes, en croissance (préoccupation pour la planète, vision plus « individualiste » du citoyen-consommateur, responsabilité individuelle accrue, etc) , mais également la prise en compte d’un contexte international complexe, potentiel économique des pays émergents, allongement de la durée de la vie, urbanisation croissante, tensions probables pour l’accès à l’eau potable, à l’énergie et aux matières première, effets croissants du changement climatique. Présentation par la présidente de la commission, Anne Lauvergeon, ce matin sur France Inter et définition des 7 piliers .


L'invité de 8h20 : Anne Lauvergeon par franceinter

La grille de lecture du monde évolue : le progrès se conjugue avec les notions d’utilité, de sobriété et de bien d’usage. Le besoin de sécurité s’accroît qu’il s’agisse des personnes, des biens ou des informations, en parallèle à une volonté de santé et de bien-être à tout âge. Les innovations de demain devront répondre à ces attentes montantes de la société et arriver au bon moment. A défaut, elles ne rencontreront pas leur marché et resteront sur étagères. Pour passer du possible au réel, la France dispose de solides atouts même si la concurrence mondiale s’accroît. Le tour d’horizon international de la Commission montre que beaucoup d’États mettent en place des stratégies d’investissement ciblées pour acquérir des positions de leaders dans certains domaines.

La Commission propose au Gouvernement sept Ambitions :

Ambition n°1 : Le stockage de l’énergie – cf. pages 20 – 22
-Le développement des énergies renouvelables, pour la plupart intermittentes, l’optimisation de la production électrique et le développement de la portabilité nécessitent des innovations de rupture dans les systèmes de stockage. C’est un élément indispensable de la réussite de toute transition énergétique. La France présente de réels atouts grâce à de grandes et petites entreprises bien positionnées sur ce sujet et une recherche publique de qualité.

Ambition n°2 : Le recyclage des matières : métaux rares – cf. pages 23 – 25 –
La raréfaction et le renchérissement des métaux mais aussi la protection de l’environnement rendront indispensables le recyclage, en particulier des métaux rares. La France dispose de réels atouts dans un contexte européen favorable. L’innovation et un cadre réglementaire adéquat peuvent permettre l’émergence de leaders dans ce domaine.

Ambition n°3 : La valorisation des richesses marines : métaux et dessalement de l’eau de mer – cf. pages 25 – 28
-La valorisation des métaux présents au fond de la mer et un dessalement moins énergivore de l’eau de mer apporteront des ressources indispensables à une population en croissance. La France dispose d’une des plus importantes zones exclusives d’exploitation marine ainsi que d’entreprises et organismes de recherche très compétents sur ce sujet.

Ambition n°4 : Les protéines végétales et la chimie du végétal – cf. pages 28 – 32 –
De nouveaux produits alimentaires reposant sur des protéines végétales devront être conçus pour répondre à la croissance de la demande alimentaire mondiale que le secteur de l’élevage ne pourra seul satisfaire. Les forces conjuguées de son agriculture, de son industrie agroalimentaire et de sa tradition d’innovation culinaire devraient permettre à la France de disposer d’un important potentiel d’exportation. Par ailleurs, notre richesse agricole pourra également permettre le développement de nouveaux matériaux.

Ambition n°5 : La médecine individualisée – cf. pages 33 – 37 –
Le développement des sciences « omiques » (génomique, protéinomique, etc.), les liens croissants entre dispositifs médicaux et thérapies ainsi que le développement du numérique vont faire émerger une médecine de plus en plus personnalisée, porteuse d’une plus grande efficacité collective et individuelle, avec des traitements adaptés. La France dispose d’atouts réels en ce domaine avec un système de santé et une recherche dans ce domaine internatio- nalement reconnus pour leur qualité.

Ambition n°6 : La silver économie, l’innovation au service de la longévité –
cf. pages 37 – 41

D’ici 15 ans, 1,2 milliard d’habitants auront plus de 60 ans dans le monde. Les seniors assureront la majorité des dépenses en France. Or, ils expriment des besoins spécifiques. Une économie nouvelle se développera répondant entre autres à la perte d’autonomie. Les seniors français plutôt technophiles, le système centralisé de santé, les compétences académiques, la présence de start-up innovantes d’intégrateurs et équipementiers de haut niveau sont autant d’atouts pour le développement de ce secteur en France.

Ambition n°7 : La valorisation de données massives (Big Data) – cf. pages 41 – 45 –
La multiplication des données créées par les particuliers, les entreprises et les pouvoirs publics sera porteuse de nouveaux usages et de gains de productivité. La mise à disposition par l’État et par ses opérateurs des données publiques constituera une opportunité pour favoriser l’essor de nouvelles start-up. Ici encore, la France présente de nombreux atouts. L’école française de mathématiques et de statistiques est une des meilleures au monde. Plusieurs entreprises sont leaders de sous-segments.
Ces Ambitions ont été choisies par la Commission sur la base de plusieurs critères, en premier lieu leur capacité à générer de la croissance, des emplois et des exportations. Elles sont à la confluence de marchés majeurs portés par des besoins sociétaux certains et de com- pétences distinctives françaises. Elles nécessitent des innovations de rupture et constituent pour la Commission un enjeu de souveraineté pour que la France soit durablement une puis- sance économique prospère. Enfin, elles prennent en compte des évolutions technologiques massives comme la révolution numérique ou l’impact des nouveaux matériaux avec des propriétés avancées.

Dans ce contexte, l’exercice de la Commission s’inscrit en complémentarité du projet de « Nouvelle France industrielle » qui met en œuvre 34 plans définissant des relais de croissance des filières industrielles sur les marchés d’aujourd’hui. La Commission veut, quant à elle, susciter, d’ici dix ans, des leaders industriels français à l’échelle internationale, dans des secteurs précis, en concentrant les moyens sur des axes clefs.Ces Ambitions pourront avantageusement s’appuyer sur des consortia européens. Elles s’inscrivent en effet pleinement dans les différents défis sociétaux identifiés par la Commission européenne.

Il ne suffit plus de disposer de forces dans un domaine. Il faut être à la pointe de l’innovation, présenter des atouts d’excellence, convaincre de la qualité au bon moment et attirer les meilleurs talents dans un contexte de concurrence internationale. Mais la France présente aussi des handicaps, avec un écosystème culturel et une organisation qui n’incitent pas à l’innovation et sur lequel il faut agir. Fiscalité, contraintes réglementaires, conjoncture morose ou frilosité tout simplement ne facilitent pas la vie des innovateurs. Ce constat n’est pas nouveau. La France a peur d’oser et de prendre des risques. Elle est actuellement l’antépénultième pays en termes de production économique industrielle en Europe.

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http://www.elysee.fr/assets/pdf/Rapport-de-la-commission-Innovation-2030.pdf