Pour l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) les compteurs Linky ne présentent pas de risque pour la santé. Une étude estime que les compteurs communicants, déployés dans tous les foyers d’ici à 2021, exposent à des champs électromagnétiques très faibles. « L’Anses, qui reconnaît que le déploiement des compteurs communicants participe à une multiplication des objets connectés, appelle les opérateurs à fournir une meilleure information au public quant aux modalités de fonctionnement de ces nouvelles technologies. En particulier sur Ia fréquence et la durée des expositions aux ondes électromagnétiques. Article de Laetitia Van Eeckhout pour Le Monde (15 décembre 2016).

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Les compteurs électriques Linky ne comportent pas plus de risques pour la santé que les télévisions, les chargeurs d’ordinateurs portables, les cuisinières à induction… Ils n’émettent pas plus d’ondes électromagnétiques que tous ces équipements électriques qui occupent les foyers depuis longtemps. Et même beaucoup moins qu’un téléphone portable. Telle est la conclusion de l’étude menée et publiée jeudi 15 décembre par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), visant à évaluer l’exposition de la population avec ces dispositifs.

« L’agence conclut à une faible probabilité que l’exposition aux champs électromagnétiques émis par les compteurs communicants, dans la configuration de déploiement actuelle, engendre des effets sanitaires à court ou long terme », précisent les experts, saisis par la Direction générale de la santé. Expérimenté depuis 2010 à Lyon et en Indre-et-Loire, Linky, ce nouvel outil communiquant, est depuis le 1er décembre 2015 en phase de déploiement dans tous les foyers français. La loi de transition énergétique du 18 août 2015 prévoit en effet le remplacement de 35 millions de compteurs classiques par des Linky, d’ici à 2021.

Communes rétives

Or, l’installation de ces compteurs suscite des inquiétudes, en France comme à l’étranger, sur les possibles risques sanitaires, mais aussi de surfacturation et d’atteinte à la vie privée. Sollicitées par des habitants, près de quatre-vingts petites communes ont adopté des délibérations ou des arrêtés, refusant la pose de ces appareils sur leur territoire.

L’objectif de ces nouveaux appareils « intelligents » est de connaître la consommation d’électricité des usagers en temps réel, et de pouvoir en conséquence mieux la maîtriser pour faire des économies. Pour l’heure, l’apport de Linky réside essentiellement dans l’automatisation des relevés de consommation. C’en est fini des interventions à domicile : relevé, mise en service, adaptation du contrat se font à distance et donc sans rendez-vous.

Les factures ne sont plus établies sur la base d’une consommation estimée et régularisée tous les six mois, mais sur la consommation réelle. Une fois le nouveau compteur Linky installé dans leur logement, les ménages disposent d’un accès personnalisé et sécurisé à un site mis en place par ERDF, où ils peuvent consulter leur consommation journalière, voire horaire pour ceux qui en font la demande. Données qui sont mises à jour quotidiennement.
Les compteurs d’électricité Linky communiquent de façon filaire, par le réseau électrique, avec un système de courant porteur en ligne. Comme dans tout appareil électrique ou électronique, la circulation de courant et I’existence de tensions électriques génèrent des ondes électromagnétiques, au niveau du compteur comme à proximité des câbles.

« Valeurs très ténues »

Ce type d’émissions électromagnétiques est classé « cancérogène possible » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cependant, le rayonnement du Linky est très faible. Selon l’étude de l’Anses, il est, à proximité du compteur, de 0,03 microtesla (µT, unité de mesure de la densité de flux magnétique), soit 200 fois moins que la valeur limite d’exposition. « Ces niveaux d’expositions ne sont présents que lorsque le compteur fonctionne et transmet des données. Or cette opération se fait la nuit entre minuit et 6 heures du matin, et ne dure qu’une minute, souligne Olivier Merckel, responsable de l’unité évaluation des risques physiques de l’agence, qui a coordonné l’étude. Même s’il peut y avoir parfois d’autres types de communication entre le compteur et le centre de collecte, pour détecter une panne par exemple, on reste sur des valeurs très ténues. »

Pour affiner le constat de cette faible exposition, l’Anses a demandé au Centre scientifique et technique du bâtiment de réaliser une campagne de mesures permettant une comparaison entre l’exposition aux anciens compteurs électromécaniques et celles dues à Linky, chez des ménages appelés à être équipés de ce nouveau compteur.
L’étude de l’Anses, qui porte sur tous les types de compteurs communicants dits de « nouvelle génération », s’est aussi intéressée au compteur de gaz, Gazpar, que GRDF généralise progressivement depuis le début de l’année, et les compteurs d’eau développés par exemple par Veolia ou Suez.

Fonctionnant différemment de Linky, ces équipements utilisent des émetteurs radio pour communiquer les données de consommation, deux à six fois par jour, en moins d’une seconde. Là encore le risque d’exposition est très faible. « Il s’agit d’émetteurs de faible puissance, précise M. Merckel. Le rayonnement est très inférieur à celui d’un téléphone mobile : au maximum de un volt par mètre, à un mètre du compteur et lorsqu’il y a une communication. »

Cette étude suffira-t-elle à lever les inquiétudes ? «

Quel que soit le niveau d’exposition aux ondes électromagnétiques, c’est l’absence de libre arbitre et le risque d’intrusion qui posent problème. Ce qui nous inquiète, c’est l’intrusion dans la vie privée, l’inquisition qu’un compteur comme Linky entraîne. Grâce aux données de consommation quotidiennes, le profil comportemental des personnes sera défini pour déclencher un flux commercial et continu de conseils avisés et d’offres alléchantes », relève Jacky Bonnemains. Le président de l’association Robin des bois appelle les citoyens à refuser l’installation des compteurs: « Il y a une différence entre risque choisi et risque subi. Les gens décident d’acheter une télévision, mais non de se voir équipés de Linky.

Laetitia Van Eeckhout pour Le Monde, Lire la suite:

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