L’assainissement est soumis à des réglementations strictes. Avant d’être évacuées dans la nature, les eaux usées doivent être traitées pour préserver la santé humaine, l’environnement et les ressources en eau.
En général, votre habitation doit être raccordée au tout à l’égout si l’infrastructure est disponible, sinon, vous devez mettre en place un système d’assainissement individuel. La microstation s’avère dans ce cas une alternative idéale.
Pourquoi devriez-vous assainir les eaux usées ?
Simplement, parce qu’elles contiennent de nombreuses matières et substances qui peuvent nuire à la santé et à l’environnement.
- Les eaux-vannes, par exemple, transportent une grande quantité de matières organiques, mais aussi des micro-organismes dont la plupart sont potentiellement pathogènes.
- Quant aux eaux grises, elles renferment des détergents, des graisses et d’autres matières organiques.
- Les eaux usées peuvent transporter différentes sortes de déchets tels que les papiers hygiéniques ou les lingettes que vous jetez dans vos toilettes, entre autres, et d’autres substances dissoutes comme les résidus de médicaments.
Pour les filières d’assainissement traditionnelles, les eaux usées sont d’abord envoyées dans une fosse toutes eaux où elles sont prétraitées. Ensuite, elles sont traitées par une filière traditionnelle telle qu’un filtre à sable, un lit d’épandage ou un tertre d’infiltration qui nécessite beaucoup d’espace.
De nos jours, vous pouvez vous équiper d’un dispositif d’assainissement non collectif compact qui peut réaliser ces deux opérations, comme la microstation d’épuration.
À là sortie de la microstation, l’eau assainie (ou eau propre) peut être rejetée dans le milieu naturel, soit par infiltration directe dans sol, soit par irrigation des végétaux, soit directement dans un cours d’eau (sous certaines conditions du Service public d’Assainissement non collectif ou SPANC).
Attention : le système d’évacuation des eaux usées doit être conforme aux recommandations définies par les articles 11 à 13 de l’arrêté du 7 septembre 2009.
La microstation est une filière agréée
Ce dispositif d’assainissement non collectif peut assurer le prétraitement et le traitement des eaux usées dans une seule cuve divisé en plusieurs compartiments.
Pour épurer les effluents domestiques, il utilise le principe de dégradation des polluants par des micro-organismes (bactéries). Le développement de ces bactéries est favorisé par une oxygénation, laquelle est assurée par un générateur d’air.
De par leur mode de fonctionnement, on peut classer les micros-stations en deux grandes familles :
- Pour les microstations dites à culture fixée, les bactéries épuratrices sont fixées sur des supports placés à l’intérieur de la cuve
- Pour celles dites à culture libre, les micro-organismes restent en suspension dans l’eau.
Bon à savoir : bien qu’elles permettent l’épuration des eaux usées selon les réglementations en vigueur, les microstations à cultures libres sont moins fiables par rapport à celles à culture fixées.
La raison est que ces dernières supportent mieux les variations de charges. Elles peuvent donc fonctionner correctement même en cas de grand changement du volume des eaux usées ou pendant les périodes d’absence temporaire (par exemple lorsque vous partez en vacances), ou encore lorsque le nombre des occupants de votre logement augmente temporairement.
L’épuration des eaux usées en trois étapes
Comme susmentionnée, une microstation est généralement composée d’une cuve comportant généralement trois compartiments, bien que certains modèles n’en contiennent que deux.
Voici comment les eaux usées sont traitées dans chacun de ces compartiments.
Étape 1 : la décantation
D’abord, les eaux usées domestiques sont acheminées vers le premier compartiment appelé décanteur primaire. Comme une fosse toutes eaux traditionnelle, le décanteur assure le traitement physique des effluents, ce qui permet de séparer les matières solides du liquide. Les effluents liquides vont alors être acheminés vers la cuve de traitement secondaire, tandis que les boues restent dans le décanteur.
Étape 2 : le traitement biologique
Le second compartiment est appelé réacteur biologique, où les effluents prétraités sont aérés par un générateur d’air. Ensuite, les matières résiduelles sont mises en contact avec des micro-organismes aérobies. Ces bactéries vont dégrader les polluants restants pour générer des gaz, de l’eau et des boues.
Étape 3 : la clarification
Les eaux traitées arrivent dans le troisième compartiment appelé clarificateur. Là, elles subissent une dernière décantation. Les boues résiduelles vont se décanter au fond de la cuve et seront réacheminées vers le décanteur primaire pour y être stockées. Enfin, l’eau propre peut être rejetée dans la nature, sans aucun risque pour la santé et l’environnement.
Bon à savoir : pour les microstations qui ne disposent que de deux compartiments, la phase de traitement biologique et de clarification se déroule dans la seconde cuve.
Quelques équipements supplémentaires dont vous pourriez avoir besoin pour votre microstation
Outre le dispositif lui-même, il est souvent nécessaire de vous procurer de certains éléments pour garantir le bon fonctionnement de votre microstation.
Bac à graisse
Conformément à la norme DTU 64-1, il est souvent recommandé de mettre en place un bac à graisse. C’est notamment le cas lorsque le système de traitement des eaux usées se trouve à plus de dix mètres de votre habitation. Le but de cet équipement est d’éviter que les graisses ne restent dans les tuyaux, lesquels vont finir par se colmater.
Rehausse
Lorsque vous jetez un œil dans votre microstation, vous constaterez que le fil d’eau d’entrée se trouve à environ 40 cm sous le niveau du couvercle. Il peut donc être intéressant de mettre une rehausse – surtout dans le cadre d’un projet de rénovation – lorsque la sortie des effluents domestiques est profonde. Ainsi, vous n’aurez pas besoin de mettre en place une pompe de relevage avant la microstation.
Pompe de relevage intégrée en sortie
Il est aussi possible que votre dispositif doive être doté d’une pompe de relevage en sortie, notamment si vous deviez poser une rehausse, mais que vous ne l’avez pas fait. Pour simplifier le travail des installateurs et pour limiter les coûts de la mise en place, optez pour un modèle équipé d’une pompe de relevage incorporée en sortie.
Ainsi, vous bénéficierez d’un dispositif monobloc, précâblé et assemblé en usine et sa pose sera plus rapide et sécurisée.
Avantages d’une microstation d’épuration
Cette filière d’assainissement non collectif présente plusieurs avantages :
- Contrairement aux fosses septiques traditionnelles, la microstation n’engendre pas de mauvaises odeurs
- Elle ne prend que peu de place (moins de 10 m²)
- Une durée de vie conséquente (jusqu’à plus de 20 ans)
- Écologique : le dispositif n’utilise pas de produits chimiques pour traiter les eaux usées
- Efficacité : les eaux traitées sont propres à 99 %
- Simplicité d’installation : le terrassement, la pose ainsi que la mise en service prennent seulement un ou deux jours
- Certains modèles de microstation peuvent être installés hors-sol.
Si vous devez opter pour une installation hors-sol, il faudra recréer les mêmes conditions de pose, comme si la microstation était enterrée. Vous allez d’abord créer un mur de soutènement qui va accueillir le dispositif. Une fois en place, la cuve peut être remblayée avec du sable pour assurer son maintien.
Les entretiens d’une microstation
Une microstation nécessite deux types d’entretiens :
- L’entretien régulier
- L’entretien annuel.
Les entretiens de routine
Vous pouvez réaliser vous-même l’entretien régulier de votre système d’assainissement. Bien entendu, vous n’avez pas besoin de vous y consacrer tous les jours. Une petite visite de routine toutes les 2 à 4 semaines suffira largement pour vous assurer qu’il fonctionne bien.
En ce qui concerne l’entretien à proprement parler, vous pouvez vérifier :
- L’alimentation électrique : elle ne doit pas être coupée ou endommagée.
- La turbine et le compresseur : ces deux éléments doivent fonctionner normalement.
- Le bon fonctionnement des systèmes d’alarme visuels et sonores.
- Les systèmes de ventilation : ils ne doivent pas être obstrués par les nids d’oiseaux, la terre, la végétation, etc.
Lors de la vérification, soyez également attentif aux odeurs nauséabondes ou inhabituelles, car ce sont souvent les signes de dysfonctionnement d’une microstation.
Note : si vous remarquez un quelconque problème lors d’une inspection, par exemple un court-circuit, un bruit bizarre dans le compresseur, des filtres bouchés, etc., vous devez immédiatement appeler un technicien spécialisé.
Tout problème au niveau de l’installation ne doit pas perdurer, sinon elle risque de polluer l’environnement, ou bien le problème pourrait s’aggraver et engendrer des coûts supplémentaires.
L’entretien annuel de la microstation d’épuration
Outre les entretiens réguliers, vous devez aussi procéder à un entretien annuel de votre système d’assainissement. L’opération consiste à réviser et à maintenir complètement la microstation d’épuration. Dans ce cas, vous devez vous fier à un professionnel agréé par le SPANC.
Lors de son intervention, le spécialiste va contrôler le bon fonctionnement et l’état de chaque élément qui constitue votre installation, à savoir :
- L’exutoire
- Les systèmes d’alarme
- Les équipements électroniques
- Les systèmes de ventilation
- Les équipements électromécaniques comme le compresseur, les filtres, la pompe de relevage, etc.
Par ailleurs, le technicien va vérifier le système de circulation ainsi que la hauteur des boues.
Au cas où il y aurait une pièce défectueuse, celle-ci devra être changée. Une fois que la pièce est remplacée, le système doit être remis en marche puis testé pour s’assurer qu’il fonctionne sans danger.
Le spécialiste peut aussi vous proposer de réaliser une vidange du décanteur primaire s’il juge cela nécessaire. En réalité, la vidange n’est pas considérée comme une opération entretien ou de maintenance. Cependant, elle est indispensable pour le bon fonctionnement de la microstation, notamment lorsque le niveau des boues dépasse 30 % du volume du décanteur primaire.
Prix d’une microstation d’épuration
Le coût d’une microstation peut varier selon le modèle choisi, le nombre de compartiments, la technologie utilisée (microstations à culture fixée, à culture libre, etc.) et bien d’autres paramètres. Mais d’une manière générale, le modèle à mettre en place dépend du nombre de personnes qui occupent la maison.
- Pour 2 à 5 habitants, comptez environ 6 000 euros.
- Pour 6 à 10 habitants, comptez environ 8 000 euros.
- Pour 10 à 20 habitants, prévoyez un budget de plus de 10 000 euros.
Lorsque vous allez demander à un spécialiste de l’assainissement le type de dispositif à mettre en place, vous allez sans doute entendre le terme Equivalent-Habitant (EH). Il s’agit d’une unité de mesure du dimensionnement de la microstation.
En réalité, il est important de choisir la dimension la plus adaptée de votre système d’assainissement, car si vous achetez un système trop imposant, il risque non seulement de ne pas être assez performant, mais vous allez réaliser un investissement inutile. Par contre, si la microstation est trop petite, elle ne pourra pas traiter toutes les eaux usées et vous pourriez être contraint de faire des dépenses supplémentaires.
Conseils pour une bonne utilisation de votre microstation
Les bactéries épuratrices sont indispensables pour assurer l’épuration des effluents domestiques. En cas d’absence prolongée, leur processus de digestion des polluants peut diminuer. Il faut donc les réactiver afin qu’elles puissent reprendre leur fonctionnement normal.
Comme pour une fosse septique traditionnelle, la microstation ne doit pas recevoir les eaux de pluie. Cela perturberait son fonctionnement.
Il existe également d’autres produits et substances qui sont néfastes pour le développement des bactéries épuratrices. Évitez par exemple de déverser du liquide inflammable, des graisses, des objets non biodégradables ou des médicaments dans votre installation. Ainsi, vous éviterez les vidanges fréquentes et vous allez garder votre microstation en bon état le plus longtemps possible.
Pour des raisons techniques (comme l’inexistence d’une parcelle) ou financières, il est envisageable de mettre en place une seule microstation commune à plusieurs maisons. Informez-vous auprès du SPANC si vous deviez opter pour cette solution, car il existe un encadrement concernant les responsabilités des copropriétaires du dispositif. Dans ce cas, on parle d’assainissement regroupé.
Quelques mots pour conclure
Maintenant, vous devriez probablement y voir plus clair en ce qui concerne tous les aspects de la microstation, aussi bien concernant son fonctionnement, mais aussi à propos de son entretien, de ses avantages et de son prix.
Sachez que nous sommes tous concernés par l’assainissement de nos eaux usées domestiques. Au-delà de l’aspect législatif et réglementaire, il garantit notre sécurité et protège notre environnement.