Le rapport sur la transformation numérique de l’économie française a été remis vendredi 7 novembre au gouvernement et détaille 180 propositions pour que la France se saisisse d’ici trois ans « des opportunités offertes ». Philippe Lemoine, le Président du Forum d’Action Modernités et président de la FING**, a rendu son rapport en déclarant » Il est indispensable de voir grand et de voir net si l’on veut profiter de l’énergie bourdonnante de tels dispositifs ».
Comment permettre à l’économie française de s’adapter aux défis et aux transformations apportés par le numérique ? Voilà l’objet du rapport qui a été commandé en janvier à Philippe Lemoine, président de la fondation Internet Nouvelle Génération (FING**), par les précédents occupants de Bercy : Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, Pierre Moscovici, encore ministre de l’économie, et Fleur Pellerin, ex-ministre déléguée à l’économie numérique. Un panel de 118 mesures à mettre en place dans le cadre « d’un plan triennal » qui met l’accent sur l’éducation et les régions qui ont une vraie carte à jouer. L’industrie numérique est un formidable atout pour la décentralisation que notre pays n’a jamais véritablement menée… » déclarait il n’y a pas si longtemps le président, Malvy de la région Midi-Pyrénées.
Après plus de dix mois de travail, le rapport a été remis vendredi 7 novembre à Emmanuel Macron, ministre de l’économie, et Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat à l’économie numérique. Pour mener à bien sa mission, M. Lemoine a décidé d’auditionner 500 personnes de l’économie française , de décideurs et d’observateurs, au-delà des frontières traditionnelles du numérique.
« Il faut s’adapter aux règles d’aujourd’hui. 54% des emplois en Europe vont être profondément transformés » par la numérisation de l’économie,
Son auteur Philippe Lemoine, président de la fondation Internet Nouvelle Génération, cite des chiffres du centre de réflexion Bruegel. Mais « la transformation numérique présente pour la France bien plus d’opportunités que de risques », assure-t-il dans son rapport. Lors de son intervention jeudi 6 novembre soir sur TF1 François Hollande a assuré vouloir faire des trois domaines de la transition énergétique, de l’économie numérique et de la santé, « une excellence française ».
Le document a été remis à Bercy en présence de Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique et d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État au Numérique. « Le numérique est transversal, il impacte tous les secteurs économiques, il est disruptif et doit se transformer en création d’emplois et non l’inverse », a souligné Axelle Lemaire. Pour la secrétaire d’Etat, « le numérique est devenu un combat politique ».
« Un bras armé pour créer des emplois »
« Nous ne sommes qu’au début du phénomène numérique, les régions ont une vraie carte à jouer, rapporte Manuel Diaz, dont la société Emakina emploiera bientôt 80 salariés à Limoges. Beaucoup d’entrepreneurs ont été tentés par l’étranger, ils en sont revenus pour la province. L’industrie numérique est un formidable atout pour la décentralisation que notre pays n’a jamais véritablement menée… » La région Midi-Pyrénées l’a bien compris. « Nous avons créé un incubateur, financé 21 pépinières et nous contribuons chaque année à faire éclore une dizaine de ces petites entreprises », rapporte son président, Martin Malvy. Le Conseil national du numérique s’apprête, lui, à intégrer dans sa composition deux députés, deux sénateurs, des représentants des associations des maires, des départements et des régions de France. « Sur la santé, l’éducation, le développement à l’international, les territoires ont beaucoup à nous apprendre », assure son secrétaire général, Jean-Baptiste Soufron.
Depuis la fin du mois de novembre, ces e-entrepreneurs ruraux ont même un forum de rencontres, baptisé La start-up est dans le pré. Son créateur, Pierre Alzingre, directeur de la pépinière Via Innova, a été contacté par des homologues du Sud-Ouest pour dupliquer l’opération, qui a rassemblé 70 participants à Lunel (Hérault). « Vous devenez les bras armés des élus pour créer des emplois, avance-t-il. L’avenir est aux territoires! »
Parmi les 53 mesures « à lancer à court terme », le rapport insiste sur la formation au numérique dans les écoles, avec une « diffusion massive des usages du numérique ».
Concernant les entreprises, le texte préconise de les contraindre à rendre publique « leur politique d’exploitation des données personnelles », de mettre en place un cadre réglementaire et fiscal favorable aux fusions-acquisitions entre start-ups ou encore de créer une agence de notation numérique « pour évaluer la maturité numérique des entreprises ». Le rapport est aussi favorable au développement de services publics 100% numérique, au soutien à des fondations comme Wikipedia ou Mozilla, ou encore à l’organisation en France « de la première exposition numérique universelle ».
Philippe Lemoine propose notamment de développer de nouveaux modes d’identification des paiements
Exemple , notamment par empreintes digitales, de créer le « Bison futé » des transports publics en temps réel, et de « faire de l’e-tourisme un secteur stratégique » soutenu par « la BPI (la banque publique d’investissement devenue Bpifrance, ndlr) avec une implication du Medef et des CCI ».
Dans le domaine de la santé, il encourage la création de parcours « 100% numérique » pour les patients, une formation des professionnels de santé au numérique, et le remboursement des applications mobiles jouant un rôle en matière de prévention (du diabète par exemple). La transformation numérique doit permettre aussi de mieux protéger l’environnement, avec le développement de compteurs intelligents (capables d’informer sur la consommation d’électricité en détails et en temps réel) et d’aider les entreprises avec la création « d’une plateforme de crowfunding (financement participatif, ndlr) pilotée par la BPI ». Le rapport de M. Lemoine avait été commandé en janvier 2014 par les ministres de l’époque Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin.
Domoclick avec l’ AFP
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