Ne dites pas au maire de Paris qu’elle se fiche de l’extension du stade de Rolland Garros, elle va créer un camp humanitaire pour réfugiés à Paris, aux normes de l’ONU, avec le soutien du maire du 18e arrondissement. C’est le projet choc annoncé mardi 31 mai par Anne Hidalgo qui, s’inspirant de Grande-Synthe (photo), compte passer à la vitesse supérieure, quitte à bousculer l’État sur l’accueil des migrants. Enfin, une personnalité politique qui s’engage dans l’action, défie un gouvernement débordé par les manifestations et fait sienne l’adage « Nécessité fait loi ». Si le logement est un droit, la situation en France reste si inégalitaire que la porte ouverte à l’innovation sociale et technique s’impose. Récit de l’initiative de Mme Hidalgo à comparer avec les 20 mesures*** du plan d’urgence du bâtiment annoncées en 2013 par le Président de la République.

« Nous ne pouvons plus accepter la situation humanitaire et sanitaire » à laquelle les migrants sont réduits sur les campements dans la capitale, a lancé la maire de Paris lors d’une conférence de presse le 31 mai. Face à cette situation, « nous avons identifié plusieurs sites, notamment au nord de Paris, qui nous appartiennent et sur lesquels nous pourrons installer un campement, un hébergement humanitaire », a-t-elle ajouté.

Le choix devrait être annoncé « dans les jours qui viennent », et l’ouverture prendra ensuite « un mois à un mois et demi », a-t-elle estimé. Le camp sera constitué d’hébergements « modulaires », qui « puissent être installés rapidement » mais avec « tout le confort nécessaire ».

Quant au dimensionnement, Mme Hidalgo a appelé au « pragmatisme » en estimant que le terrain devrait être « suffisamment vaste pour accueillir plusieurs centaines de personnes ». Surtout, ce camp respectera les « conditions réglementaires » et « celles des camps de réfugiés et de migrants édictées par l’ONU et le HCR » (Haut Commissariat pour les réfugiés), a-t-elle ajouté. Deux mois après que L’État ait mis en demeure les promoteurs du nouveau camp de réfugiés de Grande-Synthe (1 300 migrants) qui ne respecterait pas les normes de sécurité.

L’idée est que « nous ne voyions plus ces campements indignes » et que « les personnes qui arrivent démunies ne soient pas contraintes d’aller sous des métros ou sur des sites », comme celui des Jardins d’Eole, dans le XVIIIe arrondissement, où près de 800 personnes, Soudanais et Afghans pour la plupart, ont planté leur tente.

Avec les pluies diluviennes de ces derniers jours, les conditions sanitaires se sont fortement dégradées sur ce campement, dernier en date d’une longue série de squats installés puis démantelés dans la capitale depuis un an.

Une Solidarité assumée !

Dans cette démarche, le modèle revendiqué est clairement celui de Grande-Synthe (Nord), où la municipalité et Médecins sans frontières*** avaient ouvert leur propre camp de réfugiés en mars, malgré les réticences des pouvoirs publics.

« Aujourd’hui l’Etat accompagne sa démarche et s’est joint à lui », a souligné Mme Hidalgo, alors que les ministres de l’Intérieur et du Logement viennent tout juste d’acter, lundi, la reprise par l’Etat de la gestion de ce camp.Le maire écologiste Damien Carême « a refusé la fatalité » et « nous allons faire la même chose à Paris », a-t-elle assuré, en soulignant son souhait que « l’Etat soit partenaire » du projet.

Au ministère de l’Intérieur, on a accueilli avec une certaine surprise le projet de Mme Hidalgo : l’Etat se prononcera « quand il aura pu prendre connaissance de ses objectifs, de son articulation avec le droit au séjour et avec les dispositifs nationaux d’hébergement et d’asile », a-t-on indiqué.

L’initiative « relève de la libre administration des collectivités locales », a-t-on commenté au ministère. L’Etat « prend ses responsabilités pour fluidifier un dispositif national cohérent », soulignait-on de même source, en rappelant que 8.500 personnes ont été mises à l’abri depuis un an lors d’évacuations de campements parisiens.

Paris connaît en effet un afflux de migrants en transit, notamment vers Calais, qui contribue à engorger la demande d’asile et à saturer les structures d’hébergement. Il y a un mois, Anne Hidalgo avait déjà tapé du poing sur la table en jugeant « impératif » de « changer de méthode ».Les associations impliquées dans l’accueil des migrants, qui avaient appelé à un « plan d’urgence » début mai, ont salué mardi 31 mai cette annonce.

« C’est une initiative positive. La mairie donne l’impulsion, il faut que l’Etat s’empare du sujet car l’accueil des réfugiés est sa responsabilité », estimait Florent Gueguen, directeur général de la Fnars (Fédération nationale des associations de réinsertion sociale).

Mais les associations en appelaient aussi à une multiplication de ce type d’initiatives ailleurs en France, pour ne pas laisser Paris en première ligne. « Le dispositif doit être articulé avec l’ensemble des capitales régionales », affirmait de son côté Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile, évoquant une logique de « solidarité ».

Domoclick.com avec Claire GALLEN pour l’AFP

Le logement social à Paris:
http://www.paris.fr/logementsocial

Site officiel de la Ville de Paris:
http://www.paris.fr/

*** Plan d’urgence du bâtiment, les 20 mesures:
http://www.archi-urgent.com/mission-en-cours/