L’ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage a appelé à un grand débat sur la politique énergétique et la sortie du nucléaire en France pendant la campagne présidentielle, à l’occasion d’un passage au Japon où elle s’est notamment rendue à Fukushima. « Il faut un grand débat sur la politique énergétique qui doit aboutir, car c’est notre intérêt économique autant que sécuritaire, à une sortie programmée du nucléaire », a-t-elle expliqué devant des journalistes français à Tokyo, à l’issue d’une visite de trois jours dans l’archipel.L’ancienne candidate à l’élection présidentielle de 2002 a assuré ne pas écarter de se lancer de nouveau en 2012. « Ce qui est sûr, c’est que je ne soutiendrai pas le président sortant, pour le reste nous verrons », a-t-elle conclu.

Repartie vendredi 2 septembre pour la France, elle s’est dit marquée par sa rencontre avec l’association des mères de Fukushima, la capitale de la préfecture du même nom (nord-est du Japon), située à une soixantaine de kilomètres de la centrale Fukushima Daiichi, accidentée depuis le 11 mars. « J’ai vécu Tchernobyl en 1986, et j’ai l’impression de revivre la même histoire », a déploré Mme Lepage, évoquant le manque d’informations et de moyens dont disposent les riverains pour évaluer les risques pour leur santé.

« L’Etat japonais fait ce qu’il peut mais on est dans l’expérimentation. Ce qu’on voit avec Fukushima, c’est qu’aucun gouvernement ne peut payer pour protéger les gens et les indemniser après un accident nucléaire », a-t-elle souligné.
La députée européenne, présidente du parti Cap21, en conclut que la France doit dès maintenant envisager une sortie du nucléaire en arrêtant de construire de nouvelles centrales.

« C’est un problème économique: cette industrie ne supporte pas son coût. Si le système du pollueur-payeur imposé aux autres industries s’appliquait au nucléaire, vous n’auriez plus d’énergie nucléaire ! », a-t-elle souligné, évoquant la facture du démantèlement des centrales et de la gestion à long terme des déchets radioactifs. Mme Lepage souhaite qu’à l’heure où les Etats sont grevés de déficits, l’impact sur la dette publique française de la poursuite du nucléaire soit précisément évalué.

« A force de tout miser sur un secteur qui va avoir de plus en plus de difficultés, à refuser d’investir dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, nous allons manquer le train de la réindustrialisation et du réemploi en France », s’est-elle inquiété. Elle a donné en exemple l’Allemagne, dont les ambitions dans l’énergie solaire, éolienne et géothermique permet la création de près de 400.000 emplois.

Domoclick.com avec l’AFP