Patron de Thales depuis deux ans, Jean-Bernard Lévy, va succéder à Henri Proglio à la tête d’EDF. Sa nomination doit être confirmée avant la réunion du conseil d’administration du groupe public dans la matinée de jeudi 16 octobre.Le gouvernement a décidé de remplacer Henri Proglio à la tête d’EDF par le PDG de Thales, Jean-Bernard Lévy (photo), pour donner un nouveau souffle au géant français de l’électricité, appelé à accompagner le déploiement de la loi de transition énergétique. Chronologie des faits avec les grandes étapes du bilan d’Henri Proglio qui a su faire face à « l’effet Fukushima » dans la filière nucléaire française et préserver les avantages du parc hydroélectrique. Un événement qui retentit au moment où a lieu le premier Salon mondial du nucléaire au Bourget (World Nuclear Exhibition**) et où l’Assemblée Nationale vote (le 15 octobre) la baisse de la part du nucléaire de 75% à 50% dans la production électrique nationale d’ici 2025 !!
« Il y a aujourd’hui une phase nouvelle avec la transition énergétique qui s’ouvre », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, pour justifier l’éviction du patron du premier opérateur nucléaire mondial, un grand défenseur de l’atome qui briguait un deuxième mandat.
Le projet de loi de transition énergétique, adoptée à une large majorité mardi à l’Assemblée nationale, prévoit de réduire de 75% à 50% la part de la production d’électricité d’origine nucléaire à l’horizon 2025 tout en développant les énergies renouvelables.
Elle prévoit aussi le plafonnement de la puissance nucléaire à 63,2 gigawatts, ce qui nécessitera de fermer des réacteurs nucléaires lors de l’entrée en service de l’EPR de Flamanville, prévue en 2016.
Jean-Bernard Lévy, 59 ans, est « un grand industriel » qui a « les qualités pour conduire cette grande entreprise qu’est EDF », a précisé M. Le Foll, rapportant les propos tenus par le président François Hollande en conseil des ministres.
Il a dirigé Vivendi Universal avant de prendre les rênes du groupe d’électronique de défense Thales, en décembre 2012, dont il a renforcé la présence internationale.Son nom figurera donc parmi les 12 administrateurs indépendants ou représentant l’Etat dont la nomination doit être avalisée par un conseil d’administration d’EDF programmé jeudi matin, puis soumise à une assemblée générale extraordinaire le 21 novembre, à la veille de la fin du mandat de M. Proglio.
Un bilan positif
« Candidat à sa propre succession, Henri Proglio, 65 ans, était donné favori jusqu’à ces dernières semaines, en raison notamment d’un bilan jugé positif : la bonne résistance financière d’EDF durant la crise, le désengagement de marchés risqués comme le nucléaire américain, le contrat pour la construction de deux réacteurs EPR en Angleterre ou le partage de Dalkia avec Veolia. La réputation du PDG d’EDF a cependant été entachée récemment par l’ouverture d’une enquête préliminaire visant sa femme, la comédienne Rachida Khalil, pour « abus de bien sociaux » et « blanchiment de fraude fiscale ». Henri Proglio a-t-il financé les spectacles de son épouse ? Homme de réseaux, l’ex-patron de Veolia Environnement disposait de soutiens au gouvernement et au PS, même si l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 avait failli coûter sa place à ce chiraquien de coeur » écrit le Nouvel Observateur dans son édition du 15 octobre.
Avant que la nomination soit définitivement confirmée par un décret, le futur dirigeant de l’entreprise détenue à 84,5% par les pouvoirs publics devra également réussir son oral devant le Parlement. »Le plus important, c’est que le nouveau PDG d’EDF ait bien pour feuille de route la loi de transition énergétique. J’attends de sa part des engagements clairs », a insisté auprès de l’AFP le député écologiste Denis Baupin.
« Henri Proglio ne donnait pas vraiment l’image de quelqu’un qui se sentait être le porteur de ce nouveau message », a-t-il ajouté. Le gouvernement a aussi fait valoir qu’Henri Proglio n’aurait pu exercer qu’un demi-mandat, car il aurait atteint la limite d’âge de 68 ans en juin 2017, et que les considérations partisanes n’avaient pas pesé sur son choix.
François Hollande a salué le travail mené par M. Proglio, un chiraquien de coeur nommé à la tête d’EDF en 2009 par Nicolas Sarkozy.Il était donné favori jusqu’à ces dernières semaines, grâce notamment à son bilan jugé positif: la bonne résistance financière d’EDF durant la crise, le désengagement de marchés risqués comme le nucléaire américain, le contrat pour la construction de deux réacteurs EPR en Angleterre, le partage de Dalkia avec Veolia et le maintien d’une paix sociale avec le soutien de la CGT.
« La France a une filière nucléaire parmi les toutes meilleures. (…) Et vous comprendrez que je salue tout particulièrement aujourd’hui le travail mené à la tête d’EDF par Henri Proglio », a déclaré le Premier ministre, Manuel Valls, dans un discours prononcé au salon de l’atome au Bourget (Nord de Paris). La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a aussi salué « le bon travail » d’Henri Proglio tout en estimant qu' »à l’heure où les technologies interviennent dans les interconnections, dans les services liés à l’énergie, un nouveau regard sur l’évolution de l’entreprise, je crois, sera une bonne chose ».
« J’ai été très fier de gérer cette formidable entreprise depuis cinq ans », a déclaré M. Proglio à l’AFP du salon du nucléaire. « Les résultats sont au rendez-vous », a-t-il ajouté, avant d’être reçu en soirée à l’Elysée, selon une source proche du dossier.
On ne s’étonnera pas que le syndicat majoritaire du groupe s’est dit « extrêmement inquiet ». »Un changement de tête, c’est une certaine déstabilisation de l’entreprise pendant un certain temps », a estimé Marie-Claire Cailletaud, secrétaire fédérale de la CGT mines et énergie, déplorant chez M. Lévy une méconnaissance du secteur énergétique. « On ne récuse pas qu’il faille dans cette période particulière adapter l’outil industriel. Sauf qu’on a besoin de vision à long terme, stratégique et de stabilité ». Outre la transition énergétique, Jean-Bernard Lévy devra superviser d’autres gros chantiers, dont le « grand carénage », un plan de 55 milliards d’euros d’investissements prévu jusqu’en 2025 pour moderniser les 58 réacteurs français en vue d’une prolongation de leur durée de vie au-delà de 40 ans.
Le site officiel du groupe EDF:
http://www.edf.com/le-groupe-edf-3.html
** WNE , World Nuclear Exhibition du 14 au 16 octobre 2014:
https://www.world-nuclear-exhibition.com/site/FR/Exposer/Pourquoi_exposer/Presentation_de_WNE,C4664,I4664,CurrentNode-4711.htm
Domoclick.com avec l’AFP