Cette interview de Thibaut WATRIGANT fait suite à la première partie (1/2) publié le 13 mai « L’internet des objets changera nos habitudes de vie et de travail d’ici 2025″*. Depuis le printemps ce marché n’a cessé d’attirer l’attention avec notamment l’inauguration de La Cité de l’Objet Connecté à Angers par François Hollande le 12 juin 2015 sur l’initiative d’Eric Carreel, (président de Withings, réunies autour d’Eolane). Consultant et grand reporter au magazine Aruco***, Thibaut explique pourquoi l’engouement du marché B2B des objets connectés va décoller plus encore que les bracelets. Quant à ceux et celles qui vont faire l’internet des objets de demain, ce Polytechnicien ne passe pas par la case à suivre. Sa vision réaliste n’a rien de flou « Foncez, l’internet des objets a besoin de vous » affirme-t-il à l’attention des étudiants après s’être adressé aux développeurs et aux industriels: Fournisseurs d’énergie, fabricants d’objets de la maison ou responsables des Collectivités locales de la ville intelligente à la recherche d’optimisation du KwH consommé.

-Domoclick.com : L’internet des objets concerne la santé, les sports, la sécurité civile, la gestion de l’énergie des collectivités avec les infrastructures de la ville intelligente*** et enfin le domicile : quels marchés vous intéressent le plus ? Et pourquoi ?

– Thibaut WATRIGANT: Personnellement tous les marchés touchés par les objets connectés m’intéressent. C’est en effet la même révolution qui se déroule simultanément sur plusieurs verticales de marché. En ce moment, il y a un gros buzz médiatique autour des wearables (lunettes connectées, montres connectées, bracelets connectés,…). Je ne pense pas que cela sera celui qui aura le plus de succès car il pose par ailleurs de nombreux enjeux notamment en termes de vie privée et de sécurité des données. Alors qu’on ne parle pas beaucoup dans les medias des objets connectés utilisés par les entreprises pour augmenter leurs revenus (nouveaux canaux de vente et de contact client, nouveaux services et produits connectés) ou pour réduire leurs coûts (management de la chaine de valeur, de la chaine de production et de distribution, marketing…). Je pense qu’il y a pourtant ici un grand potentiel et que le marché des objets connectés B2B a une opportunité de se développer rapidement et à grande échelle.

Le cabinet McKinsey publie un rapport de 144 pages sur l’impact économique mondial de l’internet des objets . Source: aruco.com

– Question de la part des créateurs de start-up sur les marchés de l’assistance et des alertes de pannes : De quoi avez-vous besoin pour créer un nouveau service ?

-TW: Pour créer ce que j’appelle un service connecté (service se basant sur un objet connecté), il convient de développer l’objet connecté et le service connecté. En ce qui concerne l’objet connecté, des compétences en design seront importantes pour donner un aspect nouveau à l’objet connecté (par rapport au même objet non connecté) pour faire accepter au potentiel client le surplus à payer pour avoir l’objet connecté. Des compétences en électronique et en technologies de communication seront importantes pour faire les bons choix technologiques (trade-off entre qualité/quantité de communication et durée de vie de la batterie par exemple). En ce qui concerne les services, la compétence dont vont avoir besoin les entreprise sera celle liée à la data : comment récolter, uniformiser, mixer, traiter, afficher les données issues des objets connectés.

Vous affirmiez , dans notre échange sur Twitter, que les données captées par les interactions objets/opérateurs appartiennent aux fournisseurs d’énergie : Comment cela va fonctionner avec le compteur Linkys ? Et pour Direct Energie ?

– TW: Pas tout à fait, je disais dans cet échange twitter que c’est celui qui a la donnée aura le pouvoir. La personne qui génère la donnée aura toujours le pouvoir de contrôler sa diffusion et son utilisation, des organismes de protection de la vie privée se chargeront de faire appliquer cette règle dans chaque pays. Sous l’accord de la personne concernée par la donnée, c’est l’entreprise qui capture cette donnée qui va en avoir le contrôle et pouvoir l’utiliser. Je ne sais pas comment cela va fonctionner dans les détails pour le cas spécifique du compteur Linky, la propriété des données se fait au cas par cas par des accords entre les entreprises parties prenantes de la chaine de valeur de la donnée.

– Et le client particulier : risque-t-il une « intrusion de vie privée » ?

– TW: Oui, il y aura toujours un risque d’intrusion de la vie privée mais toutes les personnes qui possèdent aujourd’hui un smartphone acceptent déjà ce risque dans une moindre mesure. Je pense que la propriété des données fonctionnera comme on peut le voir aujourd’hui avec les smartphones et les applications. Lorsqu’on installe une application, on accepte de céder une partie de ses données (les données en question sont spécifiées lorsqu’on installe l’application). L’utilisateur a le contrôle en amont de l’utilisation de ses données. Mais aujourd’hui, les gens ne font plus attention et acceptent sans trop considérer de céder leurs données pour accéder au service de l’application. Je pense que le risque d’intrusion de vie privée sera compensé voir dépassé par la valeur créée par le service qui utilise la donnée.

– A LYON a été organisé le SIDO les 7 et 8 avril dernier, l’événement professionnel de l’internet des objets : A lyon, Doha ou Toulouse , qu’est ce qui vous plait le plus  ?

– TW: Etant toulousain, Toulouse bien sûr ! Non, plus sérieusement, j’apprécie de voir l’engouement général pour l’internet des objets. Je voyage beaucoup avec le media Aruco pour couvrir les événements liés aux objets connectés : Lyon, Barcelone, Paris ou encore Toulouse. Bientôt probablement Montréal puis l’an prochain Las Vegas pour le CES2016 en janvier prochain. Le marché encore émergent des objets connectés est au cœur de l’actualité médiatique et événementielle, c’est un plaisir de contribuer à son développement.

Chez vous, comment vous chauffez-vous , quel rapport avez-vous à l’énergie, au débat sur la transition énergétique ?
– TW: Je loue mon appartement, je n’ai donc pas eu le choix du système de chauffage. La Smart Energy , qui consiste à créer un réseau de distribution d’électricité intelligent pour un pilotage énergétique intelligent est très prometteur. Cela passera par des objets connectés (des thermostats connectés, des appareils électroménagers connectés, le compteur Linky…) qui mesureront et adapteront la consommation énergétique des particuliers et entreprises en fonction de leur présence, de leurs habitudes de vie mais aussi en fonction de la consommation électrique à l’échelle française et européenne. Ainsi lors d’un pic de consommation énergétique, la consommation s’adaptera pour qu’EDF puisse faire face plus aisément aux pics d’énergie qui lui coûte cher et qui alourdissent les factures d’électricité. J’adopterai donc des solutions Smart Energy*** qui, malgré un investissement initial, sont intéressantes économiquement et écologiquement parlant.

– Vous êtes résident Parisien et Toulousain, il y a souvent des alertes à réduire sa vitesse sur la rocade en raison de la pollution , on annonce une augmentation de 15% des impôts locaux Toulousain :  Votre commentaire sur ces réalités qui a déterminé Mme Anne Hidalgo , maire de Paris, à limiter l’accès aux véhicules les plus polluants ?

-TW: Je suis d’origine Toulousaine, je vis à Paris maintenant. Je n’ai pas de commentaire à faire sur l’augmentation des impôts locaux. J’espère que la technologie arrivera à réparer les problèmes qu’elle a elle-même apporté. Par exemple les voitures électriques permettront de lutter contre ces problèmes de pollution. Aujourd’hui elles ne sont pas économiquement intéressantes et sont limitées par la durée de vie des batteries. J’ai entendu dire que de nombreuses découvertes ont été annoncées ces derniers mois sur les batteries, j’ose espérer qu’elles contribueront à l’essor des voitures électriques.

– Quel conseil d’orientation professionnelle donnez-vous aux étudiants, les bacheliers, les IUT qui sont passionnés du web , de ces nouvelles technologies connectés mais qui ne sont pas ingénieur, comme vous  ?

– TW: Foncez, l’internet des objets a besoin de vous !!!

Propos recueillis par Jérôme Robert pour Domoclick.com

PARTIE 1/2 de l’interview de Thibaut WATRIGANT parue le 13 mai 2015:

https://www.domoclick.com/renover-durable/exclusif-interview-de-thibaut-watrigant-partie-1-linternet-des-objets-changera-nos-habitudes-de-vie-et-de-travail-dici-2025/

Source du tableau Mc Kinsey: Aruco (Are You Connected), le magazine des objets connectés et de l’innovation hardware:
https://www.aruco.com/

A propos de la smart Energy et des acteurs d’un réseau intelligent:
« Une ville devient intelligente dès lors qu’elle sait exploiter ses données »
http://www.atelier.net/trends/articles/une-ville-devient-intelligente-lors-qu-sait-exploiter-donnees_435431?utm_source=emv&utm_medium=mail&utm_campaign=lettre_toute_zone

Domoclick.com

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** Le président de WITHINGS ,Eric Carrel parle de la Cité des Objets à Angers:
https://www.domoclick.com/travailler-se-former/french-tech-eric-carreel-president-de-withings-explique-pourquoi-la-cite-de-lobjet-connecte-sest-pose-a-angers/

SG PARIS ( du 27 au 29 mai 2015) : Des smart Grids à la Smart Energy:
http://www.sgparis.fr/revue-de-presse.html

Faut-il avoir peur des objets connectés ? A lire sur BOOKS.fr
http://www.books.fr/faut-il-avoir-peur-des-objets-connectes/

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Jérome Robert
Ex concepteur-redacteur multimedia, Jerome ROBERT est co-fondateur du site Domoclick.com créé en 2000 à Albi (81000 FRANCE) sur l'innovation et la communication dans l'habitat. Il a co-écrit avec Laurent FABAS (ingénieur thermicien) le "Guide de la maison économe, la solution écologique" (Eyrolles pratique 2008) !