La formation des cadres publics aux enjeux de l’écologie est un des grands enjeux de la réforme de l’Etat écrit Jean-Vincent PLACE** dans l’édition française du HuffingtonPost du 12 aout. Le Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre appel tout simplement les acteurs politiques de retourner en formation.

Jean Vincent PLACE

Pas seulement parce que les questions écologiques ont pris une importance croissante dans la vie des citoyens mais parce que le débat public et les enjeux européens et internationaux sont de nature écologique. Les effets désastreux des incendies (Californie, Marseille), des inondations (Louisiane) et du scandale mondial des moteurs diesel du groupe VW ont déclenché un choc vertueux, étant donné l’interdépendance qu’il y a entre industrie automobile / pollution CO2 / santé publique et l’action politique. Avec comme dénominateur commun des emplois et la recherche constante d’innovations.

C’est un chantier d’envergure auquel il faut apporter toute l’énergie nécessaire, en termes d’impulsion politique et de moyens. Mais c’est aussi un sujet sur lequel existe déjà des initiatives et des innovations auxquelles il est important de donner une nouvelle visibilité.

L’écologie est aussi devenue centrale dans la conduite des affaires publiques. Depuis le début du mandat de François Hollande, la France a accueilli la Conférence onusienne sur le climat (COP21) au Bourget, et plusieurs textes de loi écologiques de portée inédite ont été adoptés ou sont en discussion (loi de transition énergétique, loi sur la biodiversité, statut des lanceurs d’alerte, réflexion sur l’obsolescence programmée et notre modèle de consommation). Le débat national sur la transition énergétique a illustré la nécessité de construire une culture démocratique sur ces sujets.

Mais l’articulation entre les préoccupations écologistes, et les critères économiques et sociaux de la décision est loin d’être évidente. La question de la fiscalité écologique est un bon exemple. Mettre en place cette fiscalité peut en effet apparaître contradictoire à court terme avec la préservation de l’emploi. Prendre en considération l’écologie oblige à regarder autrement certains fonctionnements économiques et sociaux, à intégrer d’autres échelles de temps et de territoire, à prendre en considération la préoccupation de la nature et à lui donner une place dans les politiques publiques.

Cela explique que les tensions autour des questions écologiques se multiplient notamment sur certains grands projets d’aménagement (aéroport de Notre Dame des landes, barrage de Sivens, tunnel Lyon-Turin..), ou l’évolution de certaines professions (nucléaire, agriculture..), ou sur la manière de construire des décisions légitimes comme le montrent les débats conduits par la commission nationale du débat public.

Dans la période charnière que nous vivons, il est temps de passer à une nouvelle étape de la transition écologique où le discours sur les valeurs et les grands principes puisse s’appuyer sur une culture de la décision publique où les enjeux du développement durable figurent à leur juste place.

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Beaucoup d’entreprises l’ont déjà compris et ont intégré cette préoccupation dans leurs décisions stratégiques. Nombre de grandes villes et de régions ont changé leur manière de faire et de voir en ce domaine. Le paradoxe serait que l’Etat reste à la traîne de ces évolutions, alors que notre culture et notre histoire lui donnent une importance incontournable lorsqu’il s’agit de marquer un changement d’époque. La France ne ferait d’ailleurs que rejoindre un mouvement qui existe aux Etats Unis, en Allemagne, ou au Canada par exemple, depuis déjà plusieurs années. Ce qui caractérise l’écologie c’est sa transversalité. Aujourd’hui l’écologie transforme les manières de faire en France et ailleurs. Elle introduit plus de responsabilité et d’innovation en économie, alimente la co-élaboration dans les territoires, et relie le local et la planète. Comme la révolution numérique elle témoigne des nouveaux visages de la modernité. Notre pays doit s’emparer avec force de ces révolutions invisibles qui alimentent déjà les dynamiques du monde de demain.

Ma conviction est qu’il est temps donc de renforcer la formation initiale et continue des cadres publics, lorsqu’il s’agit de prendre en compte des critères écologiques en matière de décision. Cela concernerait l’élargissement de leur culture générale sur des questions comme les enjeux économiques et financiers de la transition écologique, les questions climatiques et leurs liens avec le développement et l’aménagement du territoire, les sujets énergétiques, les liens entre santé et environnement, l’articulation entre inégalités sociales et environnementales etc. Mais surtout à partir de l’analyse de cas pratiques incluant les exemples étrangers et ceux des collectivités locales, l’intégration de critères écologiques au corpus classique des critères de la décision publique. C’est un enjeu essentiel de la modernisation de l’action publique.

Lire la suite du point de vue sur le site français Huffingtonpost
http://www.huffingtonpost.fr/jeanvincent-place/formation-cadres-ecologie-environnement_b_11450222.html?utm_hp_ref=france

** Le secrétariat d’Etat à l’Ecologie avec Jean-vincent PLACE:
http://www.gouvernement.fr/ministre/jean-vincent-place

L’école polytechnique:
http://www.polytechnique.edu/

L’institut des sciences et industrie du vivant et de l’environnement (AgroParisTech):
http://www.agroparistech.fr/

Les universités de Toulouse:
http://www.univ-toulouse.fr/

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