La France rattrape son retard dans les supercalculateurs pour se placer en 3ème position mondiale derrière le numéro un détenu par le département de l’Énergie américain capable de 478,2 téraflops. Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, a inauguré lundi 25 octobre le Très grand centre de calcul (TGCC) du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) de Bruyères-le-Châtel, destiné notamment à accueillir le supercalculateur Curie. Mais qu’est-ce qu’un téraflop ?

Un téraflop égale mille milliards d’opérations par seconde.

Ouf ! avec une puissance de calcul équivalent à 150.000 ordinateurs portables, ce supercalculateur, dont la première phase de mise en place est déjà achevée, sera totalement opérationnel fin 2011.
« Cet équipement exceptionnel est, à mes yeux, le symbole des ambitions retrouvées de la France en matière de calcul intensif. (…) Nous avions fini, faute d’investissements suffisants, par prendre du retard sur les autres nations du monde », a souligné Valérie Pécresse.

Occupant une salle au rez-de-chaussée du bâtiment du TGCC, le supercalculateur Curie, fabriqué par la société Bull, s’étendra, à terme, sur 200 m². Il a vocation à être utilisé par les chercheurs européens, dans les domaines, entre autres, de la santé, de la météorologie, de la prévision des tremblements de terre, du traitement de l’image, de la physique…
Un quota d’utilisation de 10% sera ouvert aux entreprises, afin de « démocratiser le calcul intensif » auprès de PME « qui n’en auraient peut-être pas l’idée », a précisé Catherine Rivière, présidente de Genci (Grand Équipement National de Calcul Intensif), société civile qui a commandé et acquis Curie.
Bernard Bigot, administrateur général du CEA, a quant à lui évoqué le traitement de « problèmes de plus en plus complexes ».

Dans un récent rapport, le Centre d’analyse stratégique (CAS, ex-Commissariat au Plan) soulignait l’importance pour la France des supercalculateurs, qualifiés d' »impératif scientifique et industriel ».
Le TGCC doit contribuer à combler le retard de l’Union européenne. Les Etats-Unis accueillent actuellement sept des dix calculateurs les plus puissants au monde, la deuxième place revenant à la Chine.
Le supercalculateur a été acquis par Genci, détenue à 49% par l’Etat représenté par le Ministère de la Recherche et l’Enseignement Supérieur, 20% par le CEA, 20% par le CNRS, 10% par les Universités (CPU) et 1% par l’INRIA.
L’investissement de l’Etat pour ce supercalculateur est, via Genci, de 100 millions d’euros sur cinq ans, pour acheter, installer et opérer la machine.

Le TGCC a été retenu pour accueillir la future machine européenne de puissance pétaflopique acquise par Genci (Grand équipement national de calcul intensif) dans le cadre du partenariat européen Prace (Partenariat for Advanced Computing in Europe). Ce supercalculateur, qui sera opérationnel fin 2011 , sera capable d’exécuter plus d’un million de milliards d’opérations par seconde .

Ce 25 octobre, le CEA a également inauguré avec ses partenaires Intel , Genci et l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), l’Exascale Computing Research (ECR) . L’objectif de ce laboratoire de recherche est de préparer dès à présent la génération suivante de supercalculateurs , qui devra être en mesure de travailler à l’échelle « exascale », soit d’effectuer un milliard de milliard d’opérations par seconde. Ce laboratoire commun sera implanté sur le site de l’UVSQ. Le CEA y apporte ses compétences en architecture de calculateurs, conception de logiciels de simulation et modèles, et outils de programmation . L’énergie, la sismologie, la dynamique des fluides et la santé font partie des secteurs retenus pour cette collaboration.

Les supercalculateurs s’imposent aujourd’hui comme un outil essentiel de la recherche et de l’innovation . Ils permettent d’envisager des niveaux inégalés de simulation et de modélisation des phénomènes les plus complexes. Ils sont devenus un outil clé de la compétitivité scientifique et industrielle des Etats. Le CEA est aujourd’hui reconnu comme un acteur incontournable dans ce domaine. Il est un des protagonistes de la technopole Ter@tec, premier espace français entièrement dévolu à la simulation numérique haute performance et au calcul intensif, et l’un des plus grands à l’échelle européenne.

L’ensemble des pôles du CEA fait largement appel au calcul intensif et à la simulation numérique . Ils développent des projets de recherche, d’une part pour concevoir et mettre en œuvre de grands centres de calcul – un volet confié aux experts de la direction des applications militaires -, d’autre part pour développer des codes de calcul adaptés aux diverses disciplines (défense, énergie, climat, nanosciences, sciences du vivant, etc.).

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