Lors du CES 2015 (Consumer Electronics Show) , il y avait déjà 110 entreprises Françaises exposantes au plus grand rendez-vous high-tech du monde et seulement 40 en 2014. Cette année, avec le dynamisme de La French-Tech, elles sont 190 à batailler pour faire émerger leurs innovations auprès des investisseurs et de la presse. Comment cette mobilisation et un certain succès a-t-il été possible par les pouvoirs publics et nos start-ups ? Eléments de réponses avec le reporter de l’AFP à Las Vegas où piaffent les frenchies pour « tenter de faire plus fort » (We try harder, célèbre slogan d’Avis qui court derrière Hertz) que les Américains, N°1 de la société numérique. Chacun aura sa part , soit 100 milliards d’euros dans l’économie nationale d’ici 2020 selon le directeur de Google France !
Ambassadrices de l’inventivité française cette semaine , depuis mercredi 6 janvier, au CES, le grand salon de la high-tech à Las Vegas, les start-ups incarnent un optimisme volontiers médiatisé, mais leur impact économique reste à établir. »Dans ces temps de morosité, vous portez une partie de l’optimisme du pays », a lancé le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, souhaitant bonne chance aux représentants des 190 jeunes pousses françaises qui vont chercher clients, partenaires et investisseurs au Consumer Electronics Show (CES) dans la capitale du jeu.
Rassemblées derrière le petit coq rouge de la « French Tech », une bannière créée il y a deux ans pour gagner en visibilité sur la scène mondiale, les start-ups seraient peut-être 10.000 en France, dont une bonne moitié en Ile-de-France. Si le gouvernement a labellisé 18 métropoles et écosystèmes dynamiques — autant, espère-t-il, de petites Silicon Valleys potentielles –, il ne dispose d’aucun recensement fiable en la matière.
Une bonne partie des jeunes pousses surfent sur la vague numérique, et celles qui dominent actuellement la scène médiatique se sont lancées dans les objets connectés. Du thermostat réglable à distance au capteur qui vous prévient par texto qu’il faut changer l’eau des fleurs, en passant par le collier du chat et le cartable du gamin, munis d’une balise GPS.Des petits plaisantins se sont même amusés à imaginer des objets connectés qui ne servent à rien (mais qu’une start-up aurait presque pu inventer), à l’image de BeatTwitter, un capteur cardiaque qui envoie un tweet aux amis quand on meurt, donnant l’occasion de transmettre des dernières paroles branchées.
« Quand on voit qu’il y a des milliers de start-ups en France qui font tout et n’importe quoi, on peut penser que dans le lot, il y en a qui vont trouver le bon concept, le financement et pourront s’imposer », remarque l’économiste Olivier Ezratty, interrogé par l’AFP. Et beaucoup y croient, comme John Chambers, le patron du géant américain des réseaux Cisco, qui a déclaré en octobre qu’il était persuadé que la France allait « conduire l’Europe pour la prochaine révolution numérique », laquelle devrait apporter entre 1 et 3 points de croissance et créer un million d’emplois dans les trois prochaines années.
La part du numérique devrait doubler d’ici 2020
Le directeur général de Google en France, Nick Leeder, va dans le même sens, rappelant que la part du numérique dans le PIB devrait doubler d’ici 2020, ce qui injecterait 100 milliards d’euros dans l’économie nationale. »Les start-ups jouent un rôle très important dans cet écosystème, elles développent des réservoirs de compétence », souligne-t-il. « D’avoir les nouvelles compétences qui sont développées par les start-ups, c’est très important et inspirant pour les grands groupes »
D’ailleurs, ceux-ci investissent de plus en plus dans les jeunes pousses, les couvent, les adoptent, envoient des cadres travailler auprès d’elles ou incitent carrément leurs employés à créer leur start-up. « Ne serait-ce que pédagogiquement, cette ambiance est très positive », juge l’économiste Augustin Landier.
En outre, les plateformes en ligne mettant en relation clients et prestataires de services « permettent d’ouvrir des jobs à des personnes peu qualifiées », souligne-t-il. « La croissance en France, c’est faire en sorte que les services à la personne, dans le tourisme, la santé, l’éducation, se développent, et ça passe probablement par les plateformes. L’invention de nouveaux services aussi. »Non sans incertitudes. Comme le dit Emmanuel Macron, qui fera le voyage à Las Vegas pour soutenir « ses » start-ups, « un entrepreneur, c’est quelqu’un qui essaie, c’est quelqu’un qui prend des risques, qui va échouer vraisemblablement, et puis qui va rebondir et réussir ».
« Peut-être qu’il ne sera entrepreneur que de lui-même, peut-être qu’il va créer un ou deux emplois, et peut-être qu’il va en créer des milliers. Personne ne le sait au début », souligne le ministre.
Pour la soirée désormais traditionnelle de la FrenchTech à Las Vegas, le ministre de l’Economie (Photo) a fait un tabac. Les entrepreneurs des start-up de la high tech ne trouvent plus les mots pour faire son éloge. C’est devenu maintenant un rite écrit Linformaticien** : la délégation des exposants FrenchTech présents durant la semaine du CES de Las Vegas se retrouve le mercredi soir pour célébrer l’événement, en général en présence d’un ou de plusieurs ministres. Pour le cru 2016, cela se passait à l’hôtel The Linq sur le strip et c’est Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, qui a assuré volontiers la mission de haranguer les troupes des 190 start-up (dont 130 dans l’espace Eureka, où la France représente 30% des participants), soit une nouvelle progression de 46% par rapport à 2015.
Reste que l’effervescence actuelle n’est pas sans rappeler la bulle internet, qui a fini par éclater en 2000. « Nous sommes dans une phase d’expansion », note Olivier Ezratty. « Il va y avoir ensuite une phase de contraction, et de consolidation autour de plateformes » qui auront les reins assez solides pour survivre.
** L’informaticien:
http://www.linformaticien.com/actualites/id/39087/ces2016-emmanuel-macron-acclame-par-la-frenchtech.aspx#sthash.Z9XZu2lh.dpuf
Domoclick.com avec l’AFP à Las Vegas