C’est l’histoire d’un chantier de rénovation qui commence et qui finit joyeusement. Le printemps est le rendez-vous incontournable des amoureux actifs de Maisons Paysannes de France pour approfondir un sujet sur la valorisation de leur chère maison. Je m’en réjouis à l’avance parce qu’on y rencontre des fans du bâti ancien, comme Michel Auzemary ou Tony Marchal et que ces animations ont toujours lieu dans un village riant niché dans nos terroirs. Cette découverte à la fois sensorielle et pratico-pédagogique lancé par La délégation du Limousin avait donc lieu en Creuse, avec la complicité de Denise Baccara* , sur « La relation entre le maître d’ouvrage, les artisans et l’architecte» pour réussir sa mission de rénovation. J’ai rencontré un maître d’ouvrage heureuse ! Première partie

Vaste chantier quand on sait qu’il y a plus de 30 millions de logements à rénover en France dont plusieurs millions construits avant 1948 et encore plus identifiés comme maisons anciennes. Celles qui précisément ont besoin de notre attention et des conseils avisés de MPF. Plus impliquant encore, ce sujet de la qualité du dialogue entre client/architecte/maître d’oeuvre est certainement le plus complexe à maîtriser. C’est surtout là où tous les griefs des clients mécontents convergent contre le bâtiment .C’est pourtant, de l’entente entre ces trois acteurs que dépend tout le succès d’une belle rénovation ou d’un chantier raté, capable de vous miner l’esprit pendant des années. Mais n’insistons pas , ces tristes expériences gonflent les émissions de télé destinés plus à faire de l’audience qu’à trouver des solutions. Après l’exposé d’une juriste éclairée, Mte Françoise Bigas sur les trois garanties* entre maître d’oeuvre et client, puis le témoignage enthousiaste de Muriel Woringer , propriétaire d’une maison familiale en Corrèze, toutes mes résistances se sont envolés.

Jugez plutôt : Chantier à Beaune de Sornac (Corrèze) annoncé en 6 mois selon le menuisier, charpentier, couvreur mais plus raisonnablement réalisé en 9 mois en raison des 2 mois d’été où une pause a été accordée à l’entreprise pour les vacances et autres chantiers urgents, 130m2 à agrandir et rénover en Couverture neuve en bardeaux de mélèze, menuiseries neuves, isolation ,plomberie, électricité, plancher , 50m2 d’extension sur la grange, un grenier à entièrement aménager, une pièce à vivre avec son cantou à retrouver et deux impérieuses nécessités : rénovation avec des matériaux écologiques et locaux dans un budget pré-défini mais malgré tout revu à la hausse et que « le chantier se passe dans la bonne humeur ». Mission impossible ?

Sans doute si l’on sait qu’il s’agit de la maison de son enfance, hérité depuis 5 générations qui interdit à Muriel de « toucher » à l’escalier réalisé par son père charpentier. Comment rénover et préserver l’authenticité et rendre compatible la raison et la passion ? Cheveux tourmentés, sourire en coin et bôtée comme il se doit à pareille saison, Muriel a posé ses conditions avant toutes procédures qu’elle résume en trois postulats :

– Trouver le terrain d’entente avec son conjoint sur la vision globale du projet,
– Choisir un architecte de l’éco-construction est un binôme essentiel,
– S’adresser à des artisans locaux , habitués aux éco-matériaux.

Si la première condition est remplie, cela vous épargne de situations très désagréable à en croire Muriel Woringer. Avant de démarrer le projet, elle avait rencontré un architecte qui lui avait mentionné ses difficultés à monter des projets pour des couples, et plus précisément des amis, car un chantier de construction ou de rénovation est souvent le lieu où se révèle et cristallise des mésententes, difficultés ou non-dits dans les couples : enjeux financiers, choix des pièces, des matériaux, etc. qui aboutissent parfois à l’annulation pure et simple du projet. Fort de cette discussion, Muriel et son mari avaient sélectionné deux architectes et c’est tout simplement la proximité de leur domicile Corrèzien qui ont eu raison de cette préférence, toujours dans un souci de développement durable. D’autant qu’Isabelle, jeune maman, n’a pas que ça à faire pour orchestrer ses chantiers d’éco-construction privés et collectif (la très prochaine inauguration du bâtiment bioclimatique, le centre agroécologique et culturel du Battement d’ailes à Cornil peut l’attester).

En amont de tout projet, Sophie Bertrand, également architecte, conseille aux futurs maître d’ouvrages 4 étapes in-con-tour-nables :
-Exprimer par écrit « tout ce que vous souhaitez » , un petit exercice qui permet déjà de ne pas passer à côté des désirs fondamentaux, souvent éclipsés par des fixations de l’esprit sur une technique, une marque ou un label .
-Deuxième clés : répondre au Cahier des charges disponible sur le site web de l’Ordre des architectes qui fournit aussi une doc-pilote « Construire avec un architecte ».
-Troisième étape sélectionnez votre architecte selon sa proximité et le « retour d’expérience » que vous aurez constaté vous-même. Il s’agit simplement d’aller visiter les maisons et chantiers sur lesquels son savoir-faire s’est révélé. Un échange révélateur avec l’heureux propriétaire s’en suivra !
– Enfin, faites visiter votre maison (quelle que soit sa vétusté) avec l’architecte avant votre sélection définitive.
Si le devis reste curieusement gratuit, le prix des prestations sont de plus en plus déterminés au temps passé, plutôt qu’au pourcentage. Faut-il rappeler que le coût d’un architecte est immédiatement rentabilisé par la qualité de l’ouvrage fini, les conseils de bons choix pour équilibrer souhait/réalité et les délais. Ce n’est pas une mince affaire d’avoir l’esprit ainsi libéré !

Les postes de travaux et d’installations adoptés ou renoncés par le client, maître d’ouvrage

Les postes de travaux et d’installations adoptés ou renoncés par le client, maître d’ouvrage

 

Poêle à granulé de bois
Chauffage central non retenu car budget trop important
-16 000 € Adopté
Récupérateur d’eau de pluie non chiffré Renoncé
Chauffe-eau thermodynamique + 2 500 € Renoncé
Toiture en bardeaux bois mélèze + 7 000,00 € Adopté
VMC simple flux + 1 000 € Adopté
Isolation en laine de bois (24 cm) rampant et plafond 11 000 € Adopté
Carrelage + 3 000 € Imprévu adopté

 

SUITE, 2éme partie: « On a beaucoup ri sur ce chantier »:

https://www.domoclick.com/renovation-isolation-biomateriaux/maisons-paysannes-de-france-2-nous-avons-beaucoup-ri-sur-ce-chantier-avec-les-artisans-et-larchitecte/