Les journées du patrimoine permettent à chaque rentrée de visiter les monuments historiques ou autres institutions d’ordinaires fermées au public. Mais n’est-ce pas là aussi l’occasion de jeter un autre regard sur ces « entreprises qui décollent » ? Les 30 start-up*** ouvrent leur portes : visites insolites garanties à condition d’avoir l’esprit curieux pour interroger et solliciter les salariés et managers. Si fiers de se montrer, ceux qui passent leur temps devant des écrans pour « remplir » avec talent nos multi-écrans ne se sont jamais prêtés à ce jeu.

Les journées du patrimoine des start-up

Initiées l’an dernier par Marc-Arthur Gauthey, elles ont pour ambition de faire découvrir le patrimoine économique de demain. Cette année, pas moins de 200 jeunes pousses innovantes se sont associées à l’initiative et ouvrent leurs portes au public partout dans l’hexagone. »Le patrimoine de la France, c’est avant tout sa jeunesse, son dynamisme, ses talents, ses entrepreneurs » explique l’organisateur, dont la démarche est soutenue par plusieurs parrains qui s’expriment à ce sujet dans la vidéo ci-dessus.

ls sont jeunes, ils regorgent de belles idées et comptent bien le faire savoir à l’occasion des Journées du patrimoine qui ont lieu les 15 et 16 septembre prochain. Pour cela, ils ont décidé de détourner l’événement et lancent les premières Journées du Patrimoine des start-up, une occasion rêvée pour découvrir de quoi sera fait le patrimoine économique de demain.

Le concept est né dans la tête de Marc-Arthur Gauthey, le fondateur de Cup of Teach, avec un message clef: « le patrimoine n’est pas tant le patrimoine historique, c’est aussi sa jeunesse, ses services innovants, ses entrepreneurs. Nous sommes le futur patrimoine de la France, et le patrimoine de la France c’est autre chose que les entreprises du CAC40, Carrefour et PSA qui suppriment des postes à tour de bras ! »

« Nous, entrepreneurs… »

Ainsi, les 14 et 15 septembre prochains, plus de 30 start-up parisiennes ouvriront gratuitement leurs portes au public. L’occasion de découvrir la face cachée des jeunes entreprises innovantes, de rencontrer les équipes, les chefs d’entreprise, d’assister à des ateliers, boire un verre et prendre plaisir à échanger sur les projets de chacun.

Du haut de ses 26 ans, Marc-Arthur Gauthey insiste sur la solitude entrepreneuriale: « on est seul quand on entreprend, personne ne tend la main, les loyers sont chers, il n’y a pas d’aide… On n’a pas de chômage, ni de sécu, et on est juridiquement responsable de nos actes. Et je ne touche pas de RSA, ni de chômage, car j’ai décidé de monter ma boîte après mes études ». Il cite la tribune de Patrick Robin, « moi entrepreneur » en insistant sur le besoin, justement, de mieux faire valoir les réalités de terrain.

Nicolas Rohr, co-fondateur de la marque Faguo Shoes, aimerait pour sa part « bénéficier de plus de largesse de la part des médias »: sa société est née en 2009, embauche neufs personnes, a vendu 140 000 paires de chaussures et planté autant d’arbres en France, pour un chiffre d’affaires de 2,1 millions d’euros en 2011. Avec cet événement, il souhaite montrer les coulisses de la marque et leur quotidien « tel qu’il est ».

Pour Frédéric Mazella, de la société de covoiturage BlablaCar, « le métier d’entrepreneur est encore mal appréhendé au niveau de la société car il fait souvent l’objet d’amalgames, et il est très peu mis en valeur dans notre formation universitaire. Pour améliorer le quotidien des futures générations d’entrepreneurs, je pense qu’il faudrait que notre société mette mieux en valeur ce métier dès le collège et le lycée pour encourager les prochaines générations à produire une grande valeur ajoutée pour notre pays ». Sa société a été créée en 2006 et compte aujourd’hui une cinquantaine de salariés basés à Paris, Londres, Milan et Madrid pour gérer une communauté de 2,2 millions de covoitureurs en Europe. S’il participe, c’est pour le « plaisir de partager son aventure entrepreneuriale et pour donner envie à certains de se lancer ! »

Culture 2.0 et soif d’ouverture

Car ces entrepreneurs ont vraiment la gnaque et Benjamin Suchar, fondateur du réseau social de mise en relation entre baby-sitter et parents Yoopies, résume à merveille la mentalité qui les anime : « nous partons de rien (ou de pas grand-chose, si ce n’est notre ordinateur), nous voulons grandir très rapidement, et nous innovons pour apporter des nouveaux services. En fait, je pense que nous voulons ‘changer le monde’, certes à notre (petite) échelle, en tous cas améliorer le quotidien ou l’expérience de plusieurs centaines de milliers voir de millions de personnes. » Depuis novembre 2011, son site compte plus de 15 000 baby-sitters et 10 000 parents, l’équipe comporte 7 personnes, dont 4 salariés, et Benjamin rêve d' »expliquer aux plus jeunes qu’être entrepreneur est à la portée de chacun et bénéficie à tous ».

Une posture également adoptée par FaberNovel – qui n’est presque plus une start-up mais s’est tout de même associé à l’événement: « à 9 ans, en âge d’entreprise, on est normalement devenu adulte ! reconnaît Clément Alteresco, mais les start-up sont à la mode et les jeunes diplômés sont plus attirés par des aventures à taille humaine que par des entreprises établies ». L’entreprise est présente à Paris, New York, San Francisco et Moscou; elle emploie environ 70 personnes et représente 5M d’euros de chiffre d’affaires. Leur métier consiste à aider les grandes entreprises à travailler comme des start-up, et c’est un état d’esprit qu’ils défendent: « dans notre quotidien d’entrepreneurs, nous avons besoin de gens qui ouvrent des portes et apportent des conseils », dont acte.

Pour Sandrine Benattar, de l’espace de travail partagé Soleilles Cowork créé en septembre 2011 par cinq associées fondatrices « en bi-activité d’entrepreneuses », ces journées sont l’occasion d’évangéliser encore un peu plus le concept de coworking, une solution adaptée aux nouvelles formes de travail nomade. « Il nous paraît important de faire savoir que ça existe, surtout en septembre où les indépendants se disent qu’ils ne veulent plus travailler de chez eux. Il s’agit de faire découvrir cet espace énergisant et flexible, cette communauté collaborative et son équipe d’animation motivée ». C’est aussi une façon d’insuffler l’énergie positive que les entrepreneurs trouvent Outre-Atlantique, reconnaît-elle en rêvant d’un peu plus de positivisme au quotidien…

*** Les start-up participantes: Leetchi, BlaBlaCar (covoiturage), My little Paris, Kisskissbankbank, Airbnb, faberNovel, MinuteBuzz, Jimmy Fairly, e-loue, Faguo, Finance tes études, eWorky, Deways, l’incubateur ESCP, le Petit Ballon, Pro Bono Lab, Ulule, Living Social, La Ruche, Weezevent, 1001 Menus, My Cookit, Haut de Forme, The French Talents, Yoopies, Soleilles Cowork, Ophite, Curioos, Green Republic, Cup of teach, OuiShare, Mutinerie.

Anne-Sophie Novel pour le blog Le Monde

Suite à lire sur Le Monde:
http://alternatives.blog.lemonde.fr/2012/09/12/ces-start-up-qui-hackent-les-journees-du-patrimoine/

http://www.patrimoine-start-up.com/

Domoclick.com

Article précédentQuel modèle économique pour la Silver Economy ? l’économie du vieillissement et des personnes âgées.
Article suivantRobosoft invente le robot pour personnes dépendantes.
Jérome Robert
Ex concepteur-redacteur multimedia, Jerome ROBERT est co-fondateur du site Domoclick.com créé en 2000 à Albi (81000 FRANCE) sur l'innovation et la communication dans l'habitat. Il a co-écrit avec Laurent FABAS (ingénieur thermicien) le "Guide de la maison économe, la solution écologique" (Eyrolles pratique 2008) !