Que nous vivions à la campagne ou en ville, en appartement ou dans une maison, nous sommes tous exposés à des nuisances : une qualité de l’air plus ou moins bonne et des bruits qui peuvent être envahissants. Quelles sont les incidences sur notre santé ? Comment diminuer ces nuisances ? Les explications du docteur Patrick Rufin, praticien attaché consultant à l’Hopital Necker répond à 10 questions clés sur ce sujet de santé publique à l’heure où la maire de Paris, Anne HIDALDO, souhaite supprimer l’accès au véhicules diesel d’ici 2020 . Vaut-il mieux rester chez soi ou prendre son vélo? Que risque-t-on à inhaler des particules fines? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’une particule fine ? Le docteur Patrick Rufin qui travaille au sein du service pneumologie-allergologie infantile, répond à Paris Magazine*** aux questions que pose la pollution pour comprendre les causes de ces nuisances et à trouver des solutions pour vous en protéger.

Le docteur Patrick Rufin.

1. Les particules fines, qu’est-ce que c’est ?
Toutes les formes de combustion produisent des particules. Un moteur, une cheminée, etc.
Certaines de ces particules se caractérisent par leur taille particulièrement réduite. Lorsque leur diamètre dans l’air est supérieur à 10 micromètres, les particules sont bloquées au niveau des voies aériennes supérieures, en particulier au niveau du nez. En deça, elles sont capables de pénétrer dans l’organisme et notamment dans les bronches. Avec des effets sur la santé naturellement.
Durant les épisodes de pollution, il est notamment beaucoup question des « PM 2,5 ». C’est-à-dire de particules de 2,5 micromètres.

2. A partir de quel stade est-ce dangereux ?
PR: Les particules les plus fines sont celles qui ont le plus d’impact sur notre santé. Plus on en trouve dans un volume d’air, plus elles sont concentrées, et plus cet impact est important. Selon les normes françaises, le seuil d’information est atteint à 50 microgrammes par mètre cube d’air. Le seuil d’alerte est atteint à partir de 80 microgrammes de particules fines.
Cette concentration est fonction de la température, du vent, de la proximité avec une source de pollution, etc.

3. Quels sont les maux engendrés par cette pollution ?
PR: Les personnes qui souffrent d’une maladie respiratoire chronique vont être directement touchées. Par exemple, celles qui ont de l’asthme vont ressentir une gêne pour respirer. Elles peuvent même être victimes de crise. Les patients qui ont des rhinites chroniques vont développer les symptomes suivants : nez qui coule, éternuement, picotement au niveau des yeux. Par ailleurs, au moment d’un pic de pollution, les personnes allergiques aux pollens sont plus exposées. En effet, les plantes pollinisent davantage lorsque l’air et pollué tout d’abord ; parce que les sujets allergiques souffrent de lésions inflammatoires dues à la pollution, ce qui les rend plus sensibles encore. Enfin, les grains de pollen se fissurent sous l’effet d’un air pollué. Comme un grain de poivre, le pollen est plus agressif lorsqu’il est fissuré que lorsqu’il est entier. Sur le long terme, des études démontrent également que les particules fines sont cancerigènes et qu’elles ont un impact sur la circulation sanguine, engendrant des Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC).

4. Où est-on le plus exposé à cette pollution ?
PR: Le pire serait de faire du sport à côté du Périphérique. Il faut impérativement éviter de s’hyperventiler, donc prohiber le sport. En réalité, on est exposé partout. Mais un cycliste est moins exposé qu’un automobiliste, parce que ce dernier se trouve parmi d’autres voitures, à hauteur des pots d’échappement, dans un espace clos. Si en plus il est coincé dans un embouteillage et dans un tunnel, c’est encore pire.

5. Où est-on le plus à l’abri ?
PR: Le mieux, c’est de se trouver en hauteur. On a pu constater que la pollution diminue de manière significative au-delà du troisième étage. Cela dit, être dans un espace clos est plutôt un facteur aggravant, un appartement étant fatalement moins ventilé qu’un espace extérieur.

6. Le port du masque est-il efficace ?
PR: Les masques ne parviennent pas à stopper les particules fines. Leur protection est nulle pour ce genre de pollution.

7. Qui sont les personnes les plus vulnérables ?
PR: Les personnes qui sont déjà dans un état qui fragilise les voies respiratoires. Les personnes âgées. Et les enfants. Pour les bébés, cette pollution a même une incidence sur leur croissance pulmonaire et augmente la fréquence de l’asthme.

8. Existe-t-il des méthodes pour se « purifier » après une exposition à la pollution ?
PR: Non, il n’est pas possible de se « laver les bronches ». Le mieux qu’on puisse faire, c’est essayer de respirer un air sain.

9. Quels sont les moyens pour se prémunir au maximum contre cette pollution ?
PR: Il faut impérativement éviter de faire du sport. Au repos, un individu inhale 10 litres d’air par minute. Sa ventilation peut atteindre 100 litres par minute lorsqu’il fait du sport. Soit dix fois plus de particules fines. Il est également préférable de limiter ses déplacements. Ainsi, on s’expose moins sur la route et on participe moins à la pollution avec son propre véhicule.

10. Autrefois, la pollution dans les grandes villes était également importante ? En quoi a-t-elle changé ?
PR :En fait, cette pollution résultait d’activités industrielles ou de moyens de chauffage employant des modes de combustion beaucoup moins efficaces. Les sources de pollution étaient donc très différentes et dégageaient des particules d’un diamètre bien supérieur. Les hauts fourneaux du XIXe siècle étaient donc moins polluants que les moteurs diesel, simplement parce qu’ils brûlaient moins fort. Avec la suie, on inhale beaucoup moins de particules qu’avec les gaz d’échappement.

*** Source: MAIRIE DE PARIS Magazine
http://www.paris.fr/pratique/environnement/sante-environnementale/p9150

Visualiser la qualité de l’air en France avec REV’AIR qui a fêté 10 ans d’activité de prévision de la qualité de l’air
http://www2.prevair.org/

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