La pénurie d’informaticiens et autres « fous du code » continue d’inquiéter en Europe. Même constat, du côté des spécialistes de l’internet, ce qui pourrait devenir un frein au développement de l’économie numérique en France, craignent les grands acteurs du secteur, contraints à prendre les choses en main. Les stars du web français comme Steve Rosenblum (Pixmania), Marc Simoncini (Meetic), Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com), Xavier Niel (Free) et Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister) ont décidé de financer une chaire e-business à HEC, pour former les futurs managers de l’économie numérique. Rendez-vous en 2015 quand la nouvelle promotion 2011 arrivera dans les open-spaces

Vidéo de l’interview de Jacques-Antoine Granjon de l’EEMI, par Média Etudiant

Si l’audace créative de ces entrepreneurs, pour la plupart autodidactes, est à l’origine de leurs succès dans le e-business, ils font tous le même constat: pour maîtriser la croissance très rapide de leurs « jeunes pousses », dont certaines ont franchi le seuil du milliard d’euros de ventes, ils ont besoin de « spécialistes hautement qualifiés » en management, marketing et vente.
Le « seul souci » de M. Granjon est actuellement « de trouver des personnes qui seront capables de porter les projets de développement de l’entreprise », a-t-il expliqué il y a quelques jours lors du lancement officiel de la chaire. Un souci partagé par Steve Rosenblum, toujours à la recherche de jeunes diplômés « rapides et autonomes ». Car « seulement 10% des recrutements donnent satisfaction », regrettait-il lors de la même cérémonie. Si l’investissement dans la Chaire HEC est modeste (270.000 euros sur trois ans), le projet de centre de formation post-baccalauréat lancé par certains de ces mêmes acteurs est autrement plus ambitieux.

Portée par MM. Niel, Simoncini et Grajon, l’Ecole européenne des métiers de l’Internet (EEMI) a vocation de « répondre à leurs besoins propres ainsi qu’à ceux d’une profession porteuse d’avenir et en constante (r)évolution ». Elle proposera à la rentrée des formations en trois ans focalisées sur les métiers de l’internet, mais également les cours d’une école de commerce classique. La concurrence sera au rendez-vous, avec le lancement en septembre de Sup’Internet par le Ionis Education Group, leader de l’enseignement supérieur privé en France avec 15 écoles et 16.000 étudiants. Elle proposera trois formations distinctes en trois ans. « Le monde de l’Internet est devenu si vaste qu’il demande des talents et des compétences spécifiques à des niveaux de responsabilité différents », explique le président de Ionis, Marc Sellam, sur son site.

Pour l’HETIC (Hauts études des technologies de l’information et de la communication), ces nouveaux projets ne constituent pas une concurrence. « C’est plutôt une bonne nouvelle », affirme Pascal Brouaye, président de cet établissement d’enseignement supérieur privé, crée en 2002. Son établissement décerne en effet des diplômes bac+5, tandis que les deux nouvelles écoles proposeront des formations en trois ans. M. Brouaye réfute l’argument que les parcours longs formeraient des diplômés « à connaissances obsolètes » dès leur sortie d’école. « Tout au contraire, ils sont le gage d’une grande adaptabilité », soutient-il.
Côté écoles de commerce « traditionnelles », on ne reste pas inactif non plus. L’ESSCA, l’école de management d’Angers, propose ainsi depuis 2009 un Master 2 spécialisé en Web marketing.
« Cette double compétence marketing et internet est un atout important pour nos diplômés », insiste Lionel Le Nignol, professeur de marketing et directeur de ce programme. « Les étudiants de la première promotion de cette spécialisation sont tous sortis de leur stage de fin d’études avec plusieurs opportunités d’emploi », a-t-il relevé.

l’Ecole européenne des métiers de l’Internet (EEMI) :
http://www.eemi.com/

l’HETIC , Hauts études des technologies de l’information et de la communication:
http://www.hetic.net/