Coup dur pour la lutte contre le réchauffement climatique puisqu’on l’AIE (l’Agence internationale de l’énergie) vient d’annoncer ce lundi 30 que les émissions de CO2 ont atteint un niveau record en 2010, dépassant de 5% leur précédent niveau historique enregistré en 2008. Ce qui constitue un « sérieux revers » pour la lutte contre le réchauffement climatique. Cette publication rejoint le record de catastrophes naturelles (inondations en Chine) et écologiques (BP dans le golfe du Mexique) répertoriés également en 2010. Les causes et les effets se rejoignent-ils ? De plus en plus d’observateurs et d’instituts de recherche le pensent.
Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans les secteurs de l’énergie, industries, transport…. « ont été en 2010 les plus élevées dans l’histoire, selon les dernières estimations de l’AIE », écrit l’agence sur son site internet. « Après une chute en 2009 provoquée par la crise financière mondiale, les émissions ont grimpé jusqu’au niveau record de 30,6 gigatonnes, un bond de 5% par rapport à la précédente année record, 2008, quand les niveaux avaient atteint 29,3 gigatonnes », ajoute-t-elle. Environ 60% des émissions de CO2 provenaient en 2010 des pays émergents, Chine et Inde en tête.
Ces chiffres « constituent un revers sérieux pour nos espoirs de limiter la hausse de la température dans le monde à 2°C au maximum », un objectif réaffirmé par plus de 190 pays fin 2010 lors de la conférence de l’ONU sur le climat de Cancun (Mexique), a estimé le chef économiste de l’AIE, Fatih Birol. Selon l’AIE, dont le siège est à Paris, pour respecter ce seuil à partir duquel la machine climatique pourrait s’emballer, « cela signifie que sur les dix prochaines années, les émissions doivent augmenter moins, au total, qu’elles ne l’ont fait entre 2009 et 2010 ». Or, 80% des émissions du secteur de l’énergie prévues pour 2020 sont d’ores et déjà acquises, dès lors qu’elles sont censées provenir d’usines déjà en activité ou en construction, souligne l’AIE, qui représente les intérêts des pays industrialisés.
Ces derniers chiffres sont « un sévère avertissement » lancé aux plus de 190 pays qui reprennent le 6 juin à Bonn les négociations sur le changement climatique afin de préparer le grand rendez-vous de Durban (Afrique du Sud) en fin d’année, a estimé la responsable climat de l’ONU, Christiana Figueres. « Il est clair qu’ils doivent aller plus loin pour mettre le monde sur la voie qui évitera un changement climatique dangereux », écrit Mme Figueres dans un communiqué.
« Je n’accepterai pas d’entendre que c’est impossible. Les Etats doivent rendre ceci possible », a-t-elle ajouté, alors que les négociations onusiennes sur le climat, censées fournir une réponse coordonnée et ambitieuse au défi du réchauffement de la planète, progressent péniblement.
Selon l’économiste britannique Nicholas Stern, auteur d’un rapport sur le coût du changement climatique, qui sert de référence, il faut s’attendre aux pires conséquences si les émissions de CO2 ne diminuent pas. Et selon les projections » Il y a 50% de possibilités que l’augmentation de la température dépasse 4 degrés Celsius vers 2100″, a-t-il affirmé au quotidien The Guardian. « Une telle chaleur perturberait les vies et les moyens d’existence de centaines de millions de personnes à travers la planète, menant à un large mouvement de migration et à des conflits », a-t-il ajouté.
Domoclick.com avec l’ AFP