Une étude de la société Enertech, menée pour l’ADEME, se penche sur les surcoûts liés aux constructions BBC, souvent contradictoires. LeMoniteur.fr vient de publier une synthèse de cette étude qui met les faits au clair: Contrairement à ce que pense la majorité, l’étude révèle un surinvestissement plutôt faible se situant « largement en dessous de la barre des 15% ». Plus précisément, il s’agirait, pour un logement, d’un surinvestissement de + 5,4 et +7,4 % sur un coût total y compris VRD (soit 77 à 124 euros HT par m² Shon) ». Pour les bureaux, le surcoût est de + 6,3% avec climatisation active (113 euros/m²) et +2,3% avec climatisation passive (55euros/m²) ». Domoclick.com vous l’avait dit , dès lors qu’on raisonne en coût global, un prétendu surcoût devient une économie d’usage avec un retour sur investissement bien plus rapide. Démonstration avec cet article du Moniteur

Autre constat, la marge parfois « irrationnelle » faite sur certaines menuiseries ou sur certains équipements de ventilation. Enfin il semble bien que les surcoûts ne proviennent pas forcément de là où on les attends. L’étude met en évidence quelques surprises négatives comme positives et qui risquent bien de vous faire oublier certains préjugés.

Pourquoi ne pas en profiter pour intégrer de la GTB (Gestion à ces constructions et ainsi mesurer les productions et les consommations d’énergie ? Cela serait par exemple un bon moyen pour l’habitant de contrôler si sa maison est réellement une maison qui consomme peu.

A partir des bordereaux de prix de 11 bâtiments basse consommation situés en région Rhône-Alpes, le bureau d’étude Enertech a, pour l’Ademe, estimé les surinvestissements et identifié les choix techniques offrant le meilleur rapport entre les kWh économisés et le coût exigé.

« La méthodologie de Thierry Rieser, ingénieur chez Enertech est simple mais laborieuse : remplacer, sur les bordereaux de prix (pose et fourniture comprises), les différents matériaux ou équipements ayant permis d’atteindre le niveau BBC par des références qui auraient simplement permis d’atteindre la RT 2005. Bilan : pour les logements, il constate un surinvestissement compris entre 5,4 et 7,4 % sur un coût total y compris VRD (soit 77 à 124 euros HT par m² shon) et, pour les bureaux, 6,3% avec climatisation active (113 euros/m²) et 2,3% avec climatisation passive (55euros/m²).
Surinvestissement sous la barre des 15%.

Le surinvestissement nécessaire à la livraison d’un bâtiment basse consommation se situe donc largement en dessous des 15 %, niveau habituellement cité et ce, pour des bâtiments livrés entre février 2009 et septembre 2010. Mais l’enseignement de l’étude ne se limite pas uniquement à ce constat, le Centralien a également comparé les différentes solutions techniques.

Pour l’isolation, Thierry Rieser constate que « la pose et le parement représentent généralement 80% du prix » ; doubler une faible épaisseur d’isolant ne fait donc pas doubler le prix de l’isolation, mais seulement l’augmenter de 20%. Il en déduit ainsi que le coût de l’isolation par l’extérieur, de loin la plus performante, dépend surtout du parement (enduit ou bardage) et peu de la résistance thermique.

Concernant les matériaux, « on aime bien le monomur » dit l’ingénieur études thermiques, forcé de constater que la performance obtenue, en comparaison du prix, est plutôt décevante. Pour l’ingénieur, le rapport moyen entre les kWh économisés et le surinvestissement s’explique par le fait que le monomur constitue encore une nouveauté en France et, peut-être également, par la difficulté de mise en œuvre qu’il peut poser sur un chantier. « Une brique de 50 cm se porte à bout de bras, et donc sollicite plus le dos du maçon » observe-t-il.

Triple vitrage: de 440 à 850 euros du m²

Pour les menuiseries, « excellente surprise »: avec un triple vitrage très performant (Uw=0,7 W/m².K), fourni-posé, on arrive à descendre à 440 euros par m². « On aimerait en voir sur tous les chantiers », précise Thierry Rieser, habitué des chantiers BBC. Mais le triple vitrage n’offre pas que des bonnes surprises. Sur un chantier, il a pu monter jusqu’à 850 euros du m². Pour Thierry Rieser, c’est un « prix irrationnel » qui ne s’explique que par une marge largement trop importante, au profit du menuisier-poseur.

Des « prix irrationnels », Thierry Rieser en a aussi constatés chez les installateurs de ventilation. Il prend l’exemple de deux bâtiments de logements à Epagny , en Haute Savoie, construits côte à côte, et dont le surinvestissement de la VMC double flux avec échangeurs individuels, le même modèle dans les deux cas, est de 33 % plus élevé pour l’un d’entre eux. « On ne peut même pas expliquer cet écart considérable par un effet d’échelle, car c’est dans le bâtiment le plus petit que la ventilation a couté nettement moins cher. Ni par la qualité du travail, car les deux installations fonctionnent correctement» explique-t-il. Et Attention au surdimensionnement …

Suite de l’article parue dans Le Moniteur:
http://www.lemoniteur.fr/183-recherche-developpement/article/solutions-techniques/853008-retour-d-experience-ou-se-trouve-le-surcout-du-bbc