Comment protéger et reboiser nos forêts, partout, dans nos Parcs Naturels Régionaux dont le statut est actuellement compromis en France, en Amazonie, dans la Mangrove au Sénégal et au Liban ? Les Nations-unis ont choisis cette nouvelle année 2011, « Année de la forêt ». La fondation d’Ibrahim.el.ali travaille à sa protection depuis plusieurs années avec son engagement pour le Liban-biodiversité et le soutien aux municipalités concernés et à l’environnement. En ce premier jour 2011 Domoclick a le plaisir de vous présenter l’interview sur RFI (28.04/2010) consacré à l’ émission environnementale « C’est pas du Vent » au Liban, animé par Dominique Desaunay. Son invité du jour n’était autre que le célèbre écologiste libanais Ibrahim El Ali. A ses côtés, plusieurs spécialistes le soutiennent et profitent de l’émission pour expliquer les problèmes qui touchent l’environnement au Liban, mais aussi les solutions qui les accompagnent.
Le Grenelle de l’environnement au Liban ? Les forêts du Liban
-Dominique Desaunay: Bienvenue à tous dans cette 2ème partie de « C’est pas du Vent » en compagnie d’Ibrahim El Ali, président de Mawassem Khair qui veut dire Moissons de la Bienfaisance en français, et dont la mission est de faire découvrir et de sauvegarder la biodiversité et la richesse de la nature au Liban. Alors, c’est un petit souvenir du Liban que j’allais visiter sur les petits marchés. Je n’en reviens pas, ils ont des porte-voix pour haranguer la foule et vendre leurs fruits et légumes, et autres chouchous.
-Ibrahim El Ali, le pape a un jour déclaré; « Le Liban, c’est plus qu’un pays, c’est un message ». Et pour vous donc, réussir une politique de protection de l’environnement au Liban, c’est du même coup transmettre ce message à l’ensemble de la planète?
-Ibrahim El Ali: Tout à fait, c’est exactement ça. On voit bien par exemple que les télévisions arabes sont très très développées dans l’espace médiatique. Et pourtant, tout est focalisé par rapport au Liban. Le Liban est un véritable prisme. Déjà dans l’histoire du Liban, ça a été à travers les Phéniciens, à travers le prisme de la civilisation de la Méditerranée, la construction de tous les ports. Le Liban a véhiculé toutes ces graines qu’on a retrouvées et ça crée un espace méditerranéen dans la faune végétale. Et il y a véritablement un message. Ce n’est pas seulement son espace géopolitique ou géostratégique, c’est également la richesse de son eau, des plantes, de son littoral, de sa population.
-Dominique Desaunay: Votre ONG Mawassem Khair a commencé son action en participant au désamorçage de plus de 4000 bombes au Liban-Sud ainsi qu’à la lutte contre les incendies. Mais au-delà de ces actions de terrain, vous pensiez déjà au reboisement de la région?
-Ibrahim El Ali: Je pense au reboisement de la région, surtout au reboisement de la forêt primaire. On a maintenant de plus en plus de forêt de pins qui se mettent en place. Le pin se développe rapidement mais ça tue la forêt primaire. Ce n’est pas riche en biodiversité.
Avec mon ami Alain, nous travaillons beaucoup sur ce projet.
-Dominique Desaunay: Alors, l’idée, c’est de fédérer un peu toutes ces ONGs libanaises qui s’occupent des problèmes environnementaux. Donc, vous nous proposez une rencontre avec Ifat Edriss, présidente de l’ONG libanaise « Cedars for care » qui depuis 1998, propose de lutter contre la disparition des fameux cèdres du Liban. Comment l’avez-vous rencontrée Ifat Edriss?
-Ibrahim El Ali: C’est à travers une AMIE que je salue ici Houda Seoud. Elle s’occupe surtout du nettoyage du littoral, de la protection des espaces et animaux marins, comme les tortues de mer. Elle fait un travail remarquable.
-Dominique Desaunay: Et elle est avec nous. Ifat, bonjour!
-Ifat Edriss: Bonjour à tous, bonjour Ibrahim.
-Ibrahim El Ali: Bonjour Ifat!
-Dominique Desaunay: Alors des cèdres du Liban au nettoyage des côtes, vous proposez aussi à quiconque de découvrir la biodiversité marine et de prendre conscience qu’il y a des espèces menacées du côté du Liban.
-Ifat Edriss: Tout à fait, c’est ce qu’on fait ici depuis 1997. On fait du monitoring pour les dauphins, des hippocampes et on vient de savoir qu’il y a des phoques qui sont menacés et déjà très rares dans la Méditerranée. Il y en a 4 à Beyrouth.
-Dominique Desaunay: Vous aidez les petites tortues à trouver le chemin de l’eau, parce que si j’ai bien compris, c’est un lieu de ponte les côtes libanaises.
-Ifat Edriss: Tout à fait, il y a une plage d’1,6 km de long sur laquelle les tortues viennent pondre. Lorsque les coquilles explosent, les tortues ne savent pas aller vers la mer, parce qu’il y a les lumières de la municipalité.
-Dominique Desaunay: Elles se dirigent vers la lumière en fait.
-Ifat Edriss: Voilà! Il faut les aider à trouver le chemin. Bien sûr, s’il y a un rat ou un chien qui vient les manger, on ne fait rien. Il faut que la nature fasse elle-même son propre équilibre.
-Dominique Desaunay: Alors, j’aimerais bien qu’on parle un peu de la journée du 16 mai qui va se produire. Journée de nettoyage de la côte des fonds marins. Là, vous attendez plus de 25.000 personnes qui prendront part à cette journée exceptionnelle où le citoyen prend conscience qu’il faut nettoyer et dépolluer la côte. C’est bien ça?
-Ifat Edriss: Tout à fait, en 1997, on venait à peine de sortir de la guerre. Et tout ce qui était déchets était jeté à l’eau, il n’y avait pas de gouvernement. Alors, on s’est réveillé en 1997 avec plein de déchets partout sous l’eau et sur les côtes. Nous sommes alors 5 plongeurs, on a fait cet appel. Et 40.000 personnes ont répondu. C’était sous l’eau et sur les plages. Cette année, on va reprendre ça car on a toujours des déchets qui sont jetés vers la mer malheureusement. Et j’attends Ibrahim impatiemment parce qu’il va venir nous aider!
-Dominique Desaunay: Merci Ifat Edriss. Ibrahim El Ali, pour prendre la mesure de la pollution du littoral, je vous propose de redécouvrir ce reportage diffusé sur France Télévision, sur la montagne de déchets au Sud Liban à Saïda très exactement.
-Reportage: On l’appelle la poubelle de la Méditerranée. Une montagne de 50 m de haut dont les déchets plongent directement dans la mer. Aux portes de Saïda, dans le Sud du Liban. Mohammed el Saajri est plongeur professionnel et il a vu grandir la montagne.
-Mohammed el Saajri: Autrefois, c’était une petite décharge. Il n’y avait pas autant de matières plastiques, de conserves, de métaux ou d’ordure. Aujourd’hui, elle reçoit toutes sortes de déchets, des produits chimiques et industriels. Tout atterrit ici, c’est une catastrophe pour nous et la Méditerranée.
Mohammed el Saajri nous invite à plonger.Par 5 mètres de fond, notre surprise est totale. Au fur et à mesure de notre progression, nous découvrons un cimetière marin. Pas la moindre trace de vie. Les Posidonis, ces plantes aquatiques indispensables à la reproduction des espèces ont disparu. La lumière du soleil est cachée en permanence par des sacs en plastiques qui flottent entre deux eaux. A l’entrée du site, aucun contrôle! Nul ne sait vraiment ce que la montagne recèle, sauf peut-être ces Palestiniens ferrailleurs qui vivent de la décharge.
-Ferrailleur palestinien: on trouve de tout ici: du plastique, des boites de déchets d’hôpitaux, beaucoup de seringues aussi. On sait que c’est dangereux, mais il faut bien vivre.Les jours de chaleur, le méthane dégagé des matières organiques s’enflamment. Un nuage de fumée recouvre alors la ville.
-Médecin: L’air est contaminé, la mer est contaminée, les nappes phréatiques sont contaminées. Résultat, nous constatons de plus en plus de maladies respiratoires, de problèmes allergiques et depuis un certain temps, de cancers.
Le maire de Saïda a proposé de transféré les déchets vers d’autres sites pour être traités, sans succès. Maire de Saïda: Au Liban, tout prend rapidement une tournure communautaire et confessionnelle. On ne peut pas déplacer les ordures de Saïda, considérée comme sunnite, dans un zone chiite (voisine). De même, on ne peut transférer de déchets musulmans dans une région chrétienne.La solution envisagée par les Libanais serait d’extraire les déchets toxiques de la montagne, de l’aplanir, de la stabiliser, puis de la vendre en terrain à bâtir pour amortir le coût de l’opération.
-Dominique Desaunay: Ibrahim El Ali, vous avez déclaré à un moment donné que le Liban n’est pas une poubelle. Mais franchement, encore faut-il savoir si les mentalités sont prêtes à embrasser cette cause environnementale dans ce pays.
-Ibrahim El Ali: Je pense qu’il y a eu un grand changement à la suite de la visite de notre premier ministre Hariri au sommet de Copenhague. Quand je finançais de mes propres sous la campagne de reboisement « Le Liban n’est pas une poubelle », mes voisins et mes amis me disaient « mais tu es fou de mettre ton argent, achète un terrain pour tes enfants, c’est mieux ». Le Libanais avait une pratique d’environnement, mais il n’avait pas une conscience de l’environnement. Le fait qu’Ifat arrive maintenant à mobiliser le 16 mai de 25.000 à 40.000 citoyens, je ne suis pas sûr qu’on arrive ici en France au même résultat. Le Liban, de Nakoura au Sud à Tripoli au Nord, on est tous mobilisé pour cette campagne. Et ça, je crois qu’il y a une impulsion importante du premier ministre qui fait que ça se passe.
-Dominique Desaunay: Il y a aussi la société civile.
-Ibrahim El Ali: C’est ce que je veux souligner justement. La problématique de l’environnement à travers ces différentes ONGs fait qu’on surmonte les problèmes politiques, les problèmes religieux et confessionnels au Liban et c’est quelque chose qui appartient à tous les Libanais.
-Dominique Desaunay: Alors, ce combat avec votre association, vous le menez avec des partenaires historiques. Magda Abou Dagher est cofondatrice et vice-présidente de l’ONG « Jouzour Loubnan ». Bonjour Magda !
SUITE de l’interview avec Magda Abou Dagher:
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Le player pour écouter RFI en direct:
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Pour soutenir son action parmi toutes les initiatives écocitoyennes de 2011 soutenues par les Nations Unies, vous pouvez adresser vos dons à l’ASSOCIATION MAWASSEM KHAIR,
ONG Liban , moisson de la bienfaisance
Mawassem Khair ( Moisson de la Bienfaissance)
Président Fondateur : Ibrahim El Ali Tél 961 3 32 60 57
http://fondation-elali.blogspot.com/2007/09/blog-post.html
Le blog de la Fondation El-ali
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Le siège des Nations-Unies à Genève:
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