Ils sont 11 millions d’aidants dont 7 millions d’aidants familiaux, soit un Français sur six (1). Plusieurs études estiment qu’en 2030, un actif sur quatre sera aidant. Être aidant est donc un rôle ardu et très souvent lourd de conséquences par sa précarité et sa charge morale. Pour affronter cette réalité au mieux, trois facteurs sont essentiels à envisager : prendre soin de sa santé, prendre du temps pour soi, faire les bons choix pour aménager sa vie professionnelle et même en tirer un revenu. Une enquête Exclusive, en 4 parties, de Béatrice Maillaisson pour Domoclick.com

Le 6 octobre a lieu la dixième journée nationale des aidants** et deux jours après, mardi 8 octobre aura lieu le Congrès LONGEVITY à Limoges*** sur le filière Silver Economie et Révolutions des territoires. Plus de 9 sur 10 personnes estiment que le sujet des aidants familiaux est une réalité qui concerne un nombre croissant de Françaises et de Français .

Le statut d’aidant est un enjeu majeur dans notre société qui ne cesse de grandir : Qui sont-ils ?

Si on entend souvent prononcer ce mot, le statut d’aidant reste mal connu. Alors, qu’entend on au juste par aidant ? Selon la loi du 28 décembre 2015, l’aidant(e) est la «personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne.Ce terme exclue a priori donc les aidants professionnels travaillent soit à domicile ou en SSIAD (Service de soin infirmier à domicile) soit dans des structures de soin et d’hébergement, citons notamment les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) les unités hospitalières de moyen et long séjour.

Or, sur les onze millions d’aidants, on compte 4 millions d’aidants professionnels. Les 7 autres millions d’aidants sont bénévoles, souvent membres de la famille de la personne dépendante : ceux qu’on appelle les aidants familiaux, proches aidants ou encore aidants naturels. Selon une enquête de la DREES( Direction de la Recherche, des enquêtes, de l’évaluation et des statistiques) (3), ce sont jusqu’à 8, 3 millions de proches qui aident soit un parent (39%), soit un conjoint (21%) soit un enfant (11%).

Qui sont les aidants naturels ?

Une enquête (1) brosse un portrait en chiffres des aidants : on y apprend que 58 % des aidants sont des femmes. Beaucoup ne sont pas des séniors : 76 % ont moins de 65 ans et 43% d’entre eux, moins de 50 ans. Les aidants sont pour plus de la moitié d’entre eux actifs. Il faut noter aussi qu’ un tiers des aidants aide plusieurs proches, proportion en hausse, comme celles des aidés dépendants en raison de leur âge. Plus de deux tiers des aidés vivent à domicile et près d’un sur 6 vit sous le même toit que son aidant.

L’enquête réalisée par IFOP (…) décrit le regard porté sur les aidants, par eux-mêmes et par les autres.

Cette enquête souligne plusieurs points : Le premier, un paradoxe : être aidant n’est pas forcément reconnu pour autant : 74 % d’entre eux ne se considèrent pas comme aidants. Le deuxième est le caractère inquiétant, anxiogène de ce statut.Plus de quatre Français sur 5 sont inquiets à l’idée de devenir aidants et la moitié d’entre eux ne se sent pas capable de remplir ce rôle, la même proportion trouve ce sujet anxiogène, perturbant, inquiétant. La proportion augmente avec l’âge des personnes interrogées. 
Enfin, cette enquête souligne le caractère universel de la situation d’aidant : il existe un consensus sur la nécessité de donner un statut officiel aux aidants familiaux. C’est ce que souhaitent 88 % des Français. Par ailleurs, 42 % des sondés estiment que ce sujet fait partie des priorités des pouvoirs publics, aider un proche n’est pas qu’une affaire privée pour un bon nombre de personnes. On peut ajouter que le statut d’aidant familial est enjeu social mais aussi économique : en effet, la contribution des proches aidants pour la société représenterait 11 milliards d’euros d’économies par an. (2) L’État a donc tout à gagner à encadrer, soutenir et valoriser ce statut à l’heure où la dépendance pèse lourd sur le budget.

Quelles sont les motivations des aidants naturels ?
A l’instar des situations personnelles, les motivations sont variables. Près des deux tiers disent assurer ce rôle « par devoir familial, pour plus de la moitié, c’est un « devoir  moral » . Plus d’un proche aidant sur 5 estime que personne d’autre ne peut tenir ce rôle à sa place, la même proportion est motivé par des raisons financières.

Quelles sont les tâches des aidants naturels ?
82 % des aidants disent passer au moins 20 heures par semaine auprès de leur proche. Les tâches effectuées par les aidants pour un proche sont variées et parfois très lourdes, qu’il s’agisse de pratiquer des soins, faire sa toilette, faire les courses, faire le ménage, organiser les rendez-vous médicaux, effectuer les démarches administratives, gérer le placement dans un centre de soins, une maison de retraite…

Les aidants sont eux-mêmes pour beaucoup secondés dans leurs tâches : 78 % des aidants familiaux sont secondés au quotidien, soit par un professionnel, soit par un autre membre de la famille. Environ un tiers des aidants sont aidés par l’intervention d’un professionnel des services à la personne au domicile de la personne dépendante. Il n’en reste pas moins que selon l’enquête BVA , ils sont 37 % d’entre eux avouent  ne bénéficier d’aucune aide extérieure alors qu’ils sont eux-mêmes souvent âgés. Par ailleurs, l’investissement matériel de ces aidants n’est pas négligeable :  selon une étude de 2017 (4) , 66 % des aidants interrogées déclaraient investir en moyenne 2049 € par an en frais de transport, aménagement du domicile, aide à domicile, frais de santé…

Quoi qu’il en soit, le soutien à un parent dépendant a bien souvent des répercussions importantes dans la vie quotidienne, sociale et professionnelle le cas échéant. Selon une étude de 2017 (4), plus de 4 aidants sur dix font par de leurs difficultés à concilier leur rôle avec leur vie professionnelles, personnelles, familiale ou sociale. Les trois quarts déclarent leur fatigue et le stress dus à leur rôle d’aidant.

Le constat est là : les aidants familiaux constituent une population fragilisée.

Il n’est pas anodin que le thème choisi pour la dixième journée des aidants (vote organisé par l’association je t’aide ) soit « la précarité des aidant.e.s ». Cette précarité qui touche tous les domaines, de l’équilibre vie pro/perso d’aidant.e ainsi que sa vie sociale, les aspects financiers, la santé physique et psychologique…En effet, selon l’enquête d’opinion IFOP (Institut Français d’Observatoire du Public…) sur les aidants en France (5), 36 % d’entre eux ont un risque supérieur de développer une maladie. Certains, même, décèdent d’épuisement avant même la personne qu’ils soutiennent.

Béatrice Maillaisson pour Domoclick.com

*** Le Congrès LONGEVITY à Limoges*** sur la filière Silver Economie et les Révolutions des territoires

https://www.longevity-congres.com/limoges2019

** Dimanche 6 octobre: les 10 ans de la Journée des aidants:
https://www.lajourneedesaidants.fr/

Lire également:
https://www.domoclick.com/securiser-l-autonomie/le-8-octobre-longevity-le-plus-gros-evenement-silver-economie-en-regions-a-lieu-a-limoges-lors-de-la-10eme-journee-nationale-des-aidants