La France pourraitt sortir du nucléaire civil, qui représente près de 80% de sa production électrique, d’ici 40 ans et en même temps réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 40%, affirme une étude de l’institut de recherche américain IEER publiée jeudi 4 mai.

""La France est le pays de référence pour l’électricité nucléaire et il a moins de ressources d’énergie renouvelable que les Etats-Unis"", a affirmé à l’AFP Arjun Makhijani, président de l’Institute for Energy and Environmental Research à Washington qui a piloté cette étude à l’heure où tous les pays grands consommateurs d’énergie étudient la stratégie la plus cohérente face à une hausse des prix et les contraintes du traité de Kyoto.

Partant du constat que, malgré son option majoritairement nucléaire, énergie dite propre, la France voit ses émissions de gaz à effet de serre augmenter à cause des transports polluants, l’étude démontre qu’avec des technologies déjà existantes et une nouvelle politique énergétique le pays pourrait se passer du nucléaire d’ici trois ou quatre décennies et en même temps lutter contre le réchauffement climatique. ""L’industrie nucléaire défend l’énergie nucléaire comme une des solutions contre le réchauffement de la planète, mais elle est, à long terme, une source de problèmes graves en matière de prolifération, d’accidents nucléaires graves et de vulnérabilité face au terrorisme"" selon les auteurs de l’étude. ""La France est le pays de référence pour l’électricité nucléaire et il a moins de ressources d’énergie renouvelable que les Etats-Unis"", a affirmé à l’AFP Arjun Makhijani, président de l’Institute for Energy and Environmental Research à Washington et qui joue un rôle de consultant sur les énergies alternatives auprès du conseil des gouverneurs des Etats américains. ""Il était donc plus convaincant de faire cette étude sur la France plutôt que sur les Etats-Unis où le nucléaire ne compte que pour 20% dans la production d’électricité"", a-t-il ajouté. L’étude propose deux scénarios, l’un avec des techologies existantes, l’autre avec des technologies de l’avenir, qui allient une élimination progressive du nucléaire sur 30 ou 40 ans avec le développement de mécanismes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du type CO2.

Elle se base sur une sortie progressive du nucléaire d’ici 2040 passant par la fermeture des centrales lorsqu’elles sont arrivées en fin de vie (en moyenne après 40 ans d’existence) pour éviter de gaspiller les investissements massifs qu’elles ont engloutis et assurer une transition vers le non-nucléaire, selon M. Makhijani. Les économies réalisées serviraient à développer les sources alternatives d’énergie, solaire, éolienne, hydroélectrique. La principale source pour la production d’électricité serait le gaz naturel (46% en 2040) car les réserves sont larges et géographiquement très étendues sur la planète, évitant, selon l’étude, les risques de pénuries ou de flambées des prix en cas de crises géopolitiques. L’éolien, pas encore assez développé notamment en mer le long des côtes, devrait permettre de fournir 30% de l’électricité en France en 2040 à des prix comparable à ceux de l’énergie nucléaire actuellement. Par le biais de normes sévères, l’étude propose de réduire considérablement la consommation d’électricité et d’énergie – passer à une consommation d’essence de 2,4L/100 km pour les véhicules particuliers d’ici 2030 contre 6,5L/100 actuellement, par exemple – et couper ainsi sérieusement dans les émissions de CO2. Il faudrait aussi opter davantage pour le ferroutage au niveau européen pour le fret, selon les auteurs du rapport.

Dans les habitations, immeubles commerciaux et industriels, l’utilisation de technologies de pointe pour le chauffage, l’eau chaude et l’éclairage notamment permettront aussi de réduire fortement la consommation d’énergie et par conséquent les émissions de CO2. La reconfiguration du vaste réseau électrique en place autour des centrales nucléaires actuelles axé à l’avenir sur les sources alternatives comme l’éolien prendra un peu plus de temps pour le redéployer en petites unités plus proches des consommateurs, selon l’étude.

Source : AFP