Hannelore Reinbold-Mench, le maire de Freiamt, en Forêt Noire, est fière de l’engagement de ses 4.300 administrés pour les énergies renouvelables: ""nous produisons 13 millions de Kw/h par an, plus que nos propres besoins"", déclare-t-elle à des journalistes après une visite de terrain. Cette démonstration de l’autonomie énergétique à l’échelle d’une commune laisse entrevoir le grand potentiel des énergies renouvelables et les capacités de l’initiative locale : individuelle et politique.

Dans cette ville touristique et agricole à 25 km au nord de Fribourg, un agriculteur, Walter Schneider, utilise la chaleur du lait sortant du pis des vaches pour chauffer l’eau de sa douche. Son voisin a installé un toit photovoltaïque sur sa grange. Avec son installation au biogaz, Gerhard Reinbold chauffe sa ferme mais aussi ses voisins dont un club de sport. Et sur les hauteurs de cette cité touristique tournent quatre éoliennes. Chacune produit près de 3 millions de Kw/h, de quoi approvisionner mille foyers en électricité.

La petite ville allemande fait feu de tous bois depuis quelques années: panneaux solaires pour la chaleur, panneaux photovoltaïques pour la production de courant, copeaux de bois pour le chauffage, moulin, éoliennes et biomasse. Depuis l’application de la nouvelle loi sur l’energie renouvelable (EEG), deux à trois millions des kw/h produits par éolienne peuvent être vendus 18 centimes d’euro le kW/h au distributeur local d’électricité, précise Mme Reinbold-Mench. Les 50 m2 de panneaux photovoltaïques installés par un agriculteur sur le toit de sa grange ont produit en douze mois 30.000 Kw/h qui peuvent être vendus à 53 centimes d’euros le km/h, selon la nouvelle loi. Pour ce fermier qui cultive 38 hectares de céréales, il s’agit d’un apport financier non négligeable. Son exemple a fait tache d’huile et aujourd’hui il y a 75 installations photovoltaïques dans la commune, dont deux au-dessus de blocs de logements sociaux.

150 foyers ont recours aux panneaux solaires pour chauffer leur eau, un moyen très utilisé parce qu’il ne suppose pas d’autorisation et qu’il s’amortit vite. Walter Schneider n’en a pas besoin. Ses 45 vaches produisent quotidiennement 900 litres de lait qui sortent à 32 degrés du pis mais doivent être refroidis à 4 degrés pour la commercialisation. Un échangeur de chaleur lui permet de chauffer l’eau de sa douche et de son évier. Deux scieries et un meunier utilisent l’eau de la rivière Brettenbach grâce à des turbines et des générateurs. ""Cela me fait gagner 8.000 euros par an"", se réjouit le meunier Friedrich Mellert. Malgré le prix encore élevé de l’installation, une cinquantaine de foyers se chauffent aux copeaux et déchets de la coupe des bois. La commune a acheté une machine à cet usage. ""L’exemple de Freiamt montre que l’on peut faire beaucoup pour peu que les politiques suivent"", estime Erhard Schulz de l’association fédérale allemande WindEnergie. Le ministre féderal de l’Environnement Sigmar Gabriel (SPD) croit en un ""boom"" des énergies renouvelables. Leur part dans la production totale de fourniture de courant électrique va passer de 10% actuellement à au moins 20% d’ici à 2020, a-t-il indiqué récemment.

Source : AFP