Plus d’une quarantaine de pays ont appelé samedi 3 février à Paris, à l’initiative de Jacques Chirac, à la création d’une Organisation des Nations unies pour l’environnement afin de donner une impulsion politique mondiale à la lutte contre les dérèglements climatiques.

Un "groupe pionnier" de 46 pays a été constitué pour promouvoir ce projet, contesté notamment par les Etats-Unis et les grands pays émergents. Cet appel intervient au lendemain de la publication du rapport des experts de l’ONU, qui ont lancé un avertissement sans précédent sur l’ampleur du changement climatique en insistant sur la responsabilité humaine dans le réchauffement de la planète. Nécessité faisant loi, la "nouvelle économie verte" et ses nouvelles technologies vont elles s’accèlérer à temps pour enrayer le changement climatique ?

"Nous tous ici présents, Citoyens de la Terre, nous appuyons les efforts des Nations qui se mobilisent, dans un esprit de souveraineté partagée, pour renforcer la gouvernance internationale de l’environnement", a dit le président français, qui a lu cet appel à l’issue d’une conférence internationale de deux jours. "Nous appelons à transformer le Programme des Nations Unies pour l’environnement en une véritable Organisation internationale à composante universelle à l’image de l’Organisation mondiale de la santé", a-t-il ajouté.

En prenant la tête de ce nouveau combat, à moins de trois mois de la fin de son mandat, Jacques Chirac a cherché à conforter son image d’avocat d’une planète en péril – après son fameux cri d’alarme sur "a maison brûle" à Johannesburg en 2002 – et de rare leader mondial activement engagé dans cette croisade écologiste. Dans un message lu à la conférence, l’ancien vice-président américain Al Gore a encouragé les participants. "Votre travail ici devrait être un début et pas une fin", a dit l’auteur du film "Une vérité qui dérange". Le Maroc devrait accueillir au printemps la première réunion du groupe pionnier des "amis de l’Organisation des Nations Unies pour l’environnement", qui rassemble la quasi-totalité des Européens, les pays du Maghreb, des latino-américains (Chili, Equateur..) et des pays pauvres comme le Burkina Faso, Madagascar ou le Cambodge. "Nous appelons tous les Etats sans exception à rejoindre ce combat. C’est notre responsabilité à tous. Il en va, c’est vrai, de l’avenir de l’humanité", a lancé Jacques Chirac.
Il a reconnu qu’"il y a encore beaucoup à faire pour convaincre" les pays riches et les grands pays émergents tels la Chine, l’Inde et le Brésil, à s’associer à l’appel de Paris. Les pays riches, "enfermés dans une espèce de mythe libéral, refusent d’accepter les conséquences de leurs actes", alors que les pays émergents "ne veulent pas de contraintes" pour rattraper leur retard, a-t-il estimé. "Cela ne doit pas nous décourager", a-t-il dit, rappelant s’être heurté à la même hostilité à propos de la taxe sur les billets d’avion visant à aider les pays pauvres. Mais beaucoup, y compris parmi les Européens, s’interrogent sur la nécessité de créer une nouvelle organisation, alors que l’ONU dispose déjà du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), créé en 1972. La France plaide pour apporter plus de cohérence et de visibilité à l’action de l’ONU, partagée aujourd’hui en dix-huit organisations différentes qui manquent de moyens et n’ont pas de stratégie commune. Et surtout, selon l’ancien Premier ministre Alain Juppé, "il faut inventer un nouveau type d’organisation, moins bureaucratique, plus transparente, plus ouverte" sur les entreprises et la société civile, et doté de moyens accrûs.

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Auparavant , lors du sommet de l’Union africaine à Addis Abeba, Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, déclarait que " le changement climatique a amené l’humanité à un "stade critique" où les effets du réchauffement ont des conséquences directes sur la santé et l’environnement. "Le monde a atteint un stade critique (…) en dépit de nos bonnes intentions, la dégradation de l’environnement de la planète se poursuit sans relâche" , a souligné le secrétaire général dans un message lu à l’ouverture à Nairobi d’une conférence du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) sur la mondialisation et l’environnement. Le quatrième rapport scientifique du groupe d’experts de l’ONU sur le réchauffement climatique (Giec) a souligné que les émissions de gaz à effet de serre dues à l’activité humaine causeraient de graves dérèglements climatiques, avec un réchauffement jusqu’à +4°C d’ici à la fin du siècle et une hausse du niveau des mers jusqu’à 58 cm.

Climat: dix fois plus de canicules en France à la fin du siècle

PARIS (AFP) – 02/02/2007 – Le réchauffement de la planète se traduira probablement en France par une multiplication par dix du nombre de canicules à partir de 2070, selon les modèles climatiques utilisés par Météo France pour affiner les projections mondiales. La France a déjà largement ressenti l’impact du réchauffement, avec deux canicules coup sur coup en août 2003 et juillet 2006, et un hiver 2006 qualifié de "plus doux" depuis le début des relevés fiables. "Les prévisions des experts (du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, publiées vendredi) tombent tout à fait dans nos simulations sur deux scénarios" constate vendredi Serge Planton, responsable du groupe de Recherche sur le climat à Météo france. Dans ces 2 scénarios, l’homme continue d’envoyer des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, causant un doublement (B2) voire un triplement (A2) des concentrations de CO2. Dans un cas, la température moyenne en France grimpera de 2 à 2,5 degrés (B2) et dans l’autre de 3 à 3,5 degrés (A2) à l’horizon 2070-2099. Encore s’agit-il de scénarios "moyens", décrivant une croissance ni très vertueuse, ni très polluante. "Il y a 1 degré d’écart entre les deux scénarios, mais les conséquences sont considérables", souligne Serge Planton. Le nombre de canicules (journées de forte chaleur, supérieure à 35 degrés) sera multiplié par 7 si la température moyenne gagne 2 degrés, et par 14 pour 3 degrés de plus. Ces simulations conduisent Météo France à prédire "un été sur deux comparable à celui de 2003" à l’horizon 2070-2099."Quand on dit que les canicules vont être multipliées par plus de dix, cela signifie par exemple, pour la ville de Nîmes, qui a connu 40 jours à plus de 35 degrés en 2003, que cela deviendra une situation normale à la fin du siècle", précise M. Planton. La température moyenne de l’été 2003, marqué par une canicule qui a fait 15.000 morts, a été supérieure de 4,3 degrés à la moyenne 1960-1989. "Quelques degrés de plus ou de moins, cela peut paraître faible, mais on voit bien que les impacts sont considérables", commente M. Planton, pour qui "cela doit nous engager à passer à l’action rapidement".

"Seulement 4 à 6 degrés nous séparent de la dernière période glaciaire il y a 20.000 ans, rappelle-t-il. "A l’époque, la calotte glaciaire recouvrait l’Ecosse, et la France présentait des paysages de toundra sibérienne". Une hausse moyenne de 3 à 3,5 degrés en France recouvre des écarts saisonniers importants: le thermomètre grimpera de 4 à 5 degrés l’été contre +2,5 à 3 degrés l’hiver (scénario A2). La sécheresse s’aggravera nettement dans la partie sud de la France. Les précipitations baisseront de 20 à 35% l’été (A2). L’hiver, il pleuvra davantage: de 5 à 20%. Le réchauffement va continuer de réduire la durée d’enneigement en montagne, d’un mois à une altitude de 1.500 mètres (sur 4 mois au total) à la fin du siècle: les stations des Alpes du sud seront frappées de plein fouet, selon Météo France. La France devra s’adapter, car "les impacts se feront sentir pendant plusieurs millénaires", estime M. Planton. "Nous avons déjà commencé à nous adapter, avec la mise en oeuvre du plan canicule", remarque-t-il. Pendant la canicule du 10 au 28 juillet 2006, moins intense mais plus longue qu’en 2003, on a observé un excès de mortalité de 1.388 décès, contre 15.000 en 2003. La France a connu son année la plus chaude en 2003 et les dix années les plus chaudes sont comprises entre 1993 et 2006, depuis le début des relevés nationaux (1950).

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