Rien de tel qu’un choc pétrolier , le 3éme, pour choquer nos habitudes énergivores. D’accord, ce sont les plus démunies qui vont encore subir un prix de l’énergie en piste pour passer à 200$ ( 250 $ d’après le patron du géant gazier russe Gazprom en visite à Deauville mardi 10 juin). Mais quand on sait qu’une chaudière au fuel, d’avant 2000, pollue autant qu’une voiture , la comparaison entre le secteur automobile et le bâtiment est tentante.

Regardons en face les conséquences positives du choc avec la dynamique du Grenelle.
– La campagne de pub de L’ADEME sur le potentiel des économies d’énergie arrive précisément quand les manifestants forment des barrages routiers : Faisons vite , aujourd’hui, on peut agir ! car "Investir dans l’économie d’énergie aujourd’hui, c’est créer le pouvoir d’achat de demain", résume Matthieu Orphelin, de l’Agence du même nom. De quoi soutenir un gouvernement débordé par le sujet.

-L’Agence internationale de l’énergie (AIE) conclut, dans son rapport "World Outlook", que pour stabiliser en 2030 les émissions de gaz carbonique – reflétant précisément la consommation d’énergie -, les gains d’efficacité énergétique compteront pour 65 % des progrès par rapport à la prolongation de la tendance actuelle. Le nucléaire n’intervient que pour 10 % et les énergies renouvelables pour 12 %.

Le prix Nobel d’économie le dit lui-même dans une interview dimanche 8 juin dans Libération "le mode de vie américain n’est plus tenable". C’est également ce que déclare J-L Borloo au sujet de l’Europe à l’issue du sommet des ministres de l’énergie le week-end dernier qui préparaient au Japon le G8 de juillet.

– La politique du bonus/malus sur l’automobile marche si bien que le ministre Jean-Louis Borloo vient d’annoncer une extension, dès 2009, à une vingtaine de catégories de produits électriques et électroniques trop gourmands: des écran-plats aux climatiseurs mobiles. Selon lui, « Si nous imposons un tel système pour les appareils électroniques, les consommateurs seront tentés de s’orienter rapidement vers les appareils les moins énergivores, indique le ministre dans une Interview aux Echos le 5 juin , qui considère que les Français sont prêts à changer de comportement ».

Entre une énergie fosille très cher , incontrôlable , polluante et une loi qui acouche dans la douleur pour donner une vision plus saîne de l’avenir et construire durablement mieux, il y a la force de la nécessité qui fera la différence.

Jérôme Robert