Le changement climatique aura ""des conséquences colossales"" en France et les pouvoirs publics doivent dès maintenant les anticiper et élaborer une stratégie pour les atténuer, estime un rapport d’experts gouvernementaux publié vendredi 24 juin à Paris. Cette annonce arrive précisément à une période où le mercure atteint déjà les 30° à midi dans la plupart des régions de france et à laquelle la France se révéle peu préparée malgré la canicule de 2003.
L’ONERC, en présentant le rapport à la presse, constate qu’en l’absence de mesures réelles d’adaptation, la France n’est pas à l’abri de nouvelles catastrophes"". L’Observatoire préconise un ""fonds spécifique pour financer les actions d’adaptation au changement climatique en France et propose 90 indicateurs pour suivre localement les impacts (eau, énergie, habitat, transports, santé, agriculture, biodiversité). L’impact du changement climatique sera beaucoup plus prononcé en Europe et notamment en France que dans d’autres pays développés, relève l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) dans son premier rapport depuis sa création en 2002. Il se traduira par une hausse moyenne du thermomètre au XXIème siècle ""de 2 à 4 degrés en hiver et de 4 à 7 degrés en été"" en France contre 3 degrés à l’échelle mondiale, selon un scénario fondé sur un bon doublement des concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère (850 parties par million en 2100 contre 380 ppm actuellement).
Aucun scénario ""ne prévoit un adoucissement des conditions météorologiques ou climatiques"" pour la France.
Le réchauffement aura des ""conséquences sociales, économiques, sanitaires et environnementales colossales"", poursuit l’ONERC. Il sera ""porteur d’éléments de déstabilisation de l’économie comme de changements profonds sur les modes de vie des Français"". ""Les simulations prévoient en France une aggravation générale des événements extrêmes de grande échelle"" (canicules, inondations et sécheresses, d’une durée relativement longue et affectant une superficie importante). Elles ""demeurent plus incertaines"" pour les ""événements extrêmes de courte durée et de forte intensité"" (tempêtes, orages sévères, cyclones tropicaux). Le gouvernement doit finaliser le plus vite possible la stratégie nationale d’adaptation aux conséquences du changement climatique qu’il a prévue dans son Plan climat 2004, a observé le sénateur Paul Vergès, qui préside l’ONERC, en présentant le rapport à la presse. ""Force est de constater qu’en l’absence de mesures réelles d’adaptation, la France n’est pas à l’abri de nouvelles catastrophes"", a-t-il averti. L’Observatoire préconise un ""fonds spécifique pour financer les actions d’adaptation au changement climatique en France"".
Il propose 90 indicateurs pour suivre localement les impacts (eau, énergie, habitat, transports, santé, agriculture, biodiversité). Des ""scénarios climatiques régionaux de référence"" devront être établis pour permettre aux décideurs ""à tous les niveaux"" d’anticiper le réchauffement dans l’urbanisme et l’aménagement du territoire. ""Le changement climatique doit être pris en compte dès aujourd’hui"" dans les documents de planification et donc dans la conception des bâtiments et des infrastructures. Les ""systèmes très sophistiqués"", ""extrêmement sensibles aux variations du climat ainsi qu’aux événements extrêmes"", devront être inclus ""dans l’évaluation systématique de la vulnérabilité"", souligne l’ONERC, dans une allusion aux centrales (thermiques et nucléaires) et aux TGV. Des actions de formation devront être engagées, notamment en direction des collectivités. Chaque ministère devra développer ""une expertise et des ressources"" pour faciliter la prise en compte de l’effet de serre dans chaque décision gouvernementale. Enfin tout événement météorologique extrême devra faire l’objet d’une ""évaluation systématique des dommages"". L’Observatoire promet de son côté de se pencher dans ses prochains rapports sur ""les impacts secteur par secteur"" et ""région par région"". ""L’attentisme, martèle-t-il, aurait un coût autrement plus onéreux que la mobilisation des moyens nécessaires"" à l’adaptation. Le courage politique est d’actualité, sera-t-il suffisant ?