»Quand les internautes tissent eux-mêmes leur Toile. Une nouvelle génération de sites, dont le fonctionnement est fondé sur la participation des internautes, bouleverse le cyberespace » écrit l’hebdomadaire Courrier International (Photo: Couverture d’ Emmanuel Pierrot) dans sa dernière édition tandis que le quotidien Libération (30 aout 2006) met en avant la déferlante d’investissements et d’alliances. La dernière date du 28 aout , après les accords signés avec MySpace, entre Google et eBay, qui appartient à Yahoo!, montre à quel point les mastodontes du Net ont besoin les uns des autres pour rebondir à un moment clé dans l’évolution d’Internet, explique de son côté le Financial Times. Les deux entreprises mettent ainsi en commun leurs vastes communautés d’utilisateurs, dont ils entendent tirer profit grâce au développement de technologies estampillées Web 2.0.

 Le terme Web deux points zéro est apparu en 2003 lors d’une conférence organisée par l’éditeur O’Reilly Media. Par opposition à la première vague de l’internet , victime de l’éclatement de la bulle en 2000, le web 2.0 entamait alors la renaissance avec une révolution des usages des internautes (près d’un français sur deux en 2006 !) et l’apparition de nouveaux modèles économiques dont la publicité et les services payants deviennent reine. Parmi tous les nouveaux usages d’internet c’est sans conteste son pouvoir d’interactivité immédiate individualisé et multimédia qui fait (kifé !) aujourd’hui son triomphe avec le Web 2.0

Fédérer des liens entre personnes

Selon Daniel KAPLAN, délégué général de la FING *, dans une interview à La Tribune (6.07.06),  »la réelle innovation est la prépondérance des interactions entre utilisateurs, une notion d’intelligence collective, créatrice de valeur ». Selon lui le Web 2.0 est la combinaison de trois éléments: l’émergence et l’appropriation  massive d’outils  de communication en réseau comme la messagerie instantanée ou les blogs. Ensuite, d’un point de vue technologique, la décomposition des outils en briques élémentaires pouvant se recombiner pour proposer des services plus personnalisés. La société française Netvibes (dirigé par Pierre CHAPPAZ, ex patron de Yahoo Europe) propose ainsi une page d’accueil personnalisée en agrégeant des contenus choisis ou plus complexes. Et de conclure, un Meccano Internet en quelque sorte où l’innovation prépondérante est de fédérer des liens entre personnes. Fin de citation. Même dans un monde virtuel numérisé, l’homme revient a sa place.

Courrier International , en couverture / Web 2.0 : Quand le Net devient communautaire: Il y a moins de deux ans, personne n’aurait pu deviner que deux entreprises naissantes allaient devenir des géantes. A Santa Monica, en Californie, Chris DeWolfe et Tom Anderson ont eu l’idée de concurrencer AOL et Yahoo! en développant un site qui serait uniquement constitué des apports des internautes. De leur côté, à Vancouver, au Canada, Stewart Butterfield et Caterina Flake prenaient conscience que Game Neverending, le jeu en ligne qu’ils développaient, serait en fait plus adapté au partage des photos. Aujourd’hui, les deux entreprises sont à la tête d’un groupe de pionniers qui exploitent Internet pour donner plus de pouvoir aux citoyens et pour enrichir ceux qui les y aident.
Chris DeWolfe et Tom Anderson dirigent MySpace, site de prédilection d’une centaine de millions d’internautes, jeunes pour la plupart, ainsi que de milliers de groupes de rock, de stars de cinéma et de marchands de tout poil qui font tout ce qu’ils peuvent pour attirer l’attention des premiers. Flickr, site qui a ses racines au Canada, est devenu un modèle. Plus de 2 millions de personnes y partagent des clichés. Ce site a montré qu’en se servant d’Internet avec créativité et talent on pouvait fortement modifier les habitudes des gens. Bienvenue dans la nouvelle folie technologique ! Contrairement à ce qui s’est passé lors de la précédente “bulle Internet”, celle de 1999, où les entrepreneurs n’ont pas eu le temps d’ouvrir leur capital, MySpace et Flickr ont déjà encaissé l’argent, et ils existent toujours. Yahoo! s’est jeté sur Flickr pour l’ajouter à l’éventail de services qu’il propose à son demi-milliard d’utilisateurs, tandis que le mordu de numérique Rupert Murdoch a jeté son dévolu sur MySpace. Il assure ainsi ses arrières dans ce qui sera peut-être la prochaine révolution médiatique.
Le succès fulgurant de MySpace et la stratégie exemplaire de Flickr constituent les jalons d’une nouvelle vague high-tech qui rappelle la folie des débuts publics du Net. Cette “réinitialisation” doit tout à la puissance et à l’omniprésence de la Toile, qui est désormais en mesure de tenir certaines des promesses fantaisistes faites dans les années 1990. On désigne généralement ce phénomène, en particulier parmi les centaines de nouvelles sociétés qui encombrent les salles d’attente des sociétés de capital-risque, par le terme “Web 2.0”. Celui-ci est pourtant trompeur, car des sociétés comme eBay et Google, qui seraient donc la version Web 1.0, savaient depuis le début que ça arriverait. Mary Hodder, directrice de Dabble, site de partage de vidéos, propose une qualification plus judicieuse : le “living web” (la Toile vivante).

Et ce qui rend la Toile vivante, c’est tout simplement nous. Notre présence sur les lignes à haut débit est constante et obligatoire. Grâce à nous, Internet a remplacé les annuaires téléphoniques et est en train de remplacer le téléphone. Il répond à nos questions en quatre dixièmes de seconde et nous envoie des clips amusants où l’on peut voir les acteurs de Retour vers le futur sur la bande-son du film Le Secret de Brokeback Mountain. Il constitue la principale source d’information pour les non-arthritiques et il sert de haut-parleur à ceux qui créent leur propre média. Certaines jeunes entreprises en ont tiré de belles occasions de s’enrichir, tandis que d’autres, plus anciennes, ont vu leur existence menacée. Qu’est-ce qui caractérise ce que nous appellerons désormais la Toile vivante ? Selon Tim O’Reilly, qui a popularisé le terme de Web 2.0, “l’idée de base, c’est d’utiliser l’intelligence collective”. Cela semble peut-être ambitieux, mais, en réalité, c’est ce qui se passe tout le temps sur le réseau. Chaque fois que vous faites une recherche sur Google, les serveurs de l’entreprise californienne analysent les résultats que les autres internautes ont jugés les plus pertinents par rapport au terme recherché. C’est comme si un sondage géant était réalisé. Prendre en compte, même sans le leur demander, l’avis des centaines de millions d’internautes donne un résultat qu’aucune expertise individuelle n’aurait pu atteindre. “Il est clair que le Net est structurellement compatible avec la sagesse des foules”, explique James Surowiecki, auteur du livre The Wisdom of Crowds [non traduit en français]. Selon lui, n’importe quel groupe de personnes suffisamment important peut deviner le poids d’une vache ou prédire qui recevra un oscar mieux que ne le ferait un expert. C’est pourquoi certains pensent qu’une armée de blogueurs peut remplacer les meilleurs journalistes…

Lire la suite sur Courrier international avec Stephen Levy et Brad Stone Newsweek (en français):
[->http://www.courrierinternational.com/article.asp?prec=0&suiv=4592&page=2&obj_id=65694]

Lire l’interview TV Podcast , rencontre avec Monsieur Really Simple (RSS) , directeur de la jeune pousse Vpod.tv:
[->https://www.domoclick.com/site/html/general.php?l=fr&article=115,91,400]

TÉMOIGNAGES des leaders américains. 25′ en vidéo et en anglais (lecteur Flash):
[->http://s108.photobucket.com/albums/n38/milener2/?action=view&current=Web2-0_24mins.flv]

* Fondation Internet Nouvelle Génération:
[->http://www.fing.org]