Comment la presse papier peut-elle garder sa place face au numérique et avec quel modèle économique ? A cette question oppressante , interrogez tous les grands managers des médias, ils sont unanimes , personne ne sait. Y compris J-F Kahn qui a pourtant un bureau d’étude sur le sujet. Deux faits marquants et contradictoires surgissent des débats: 1/ Les titres de presse disparaissent ou abandonnent leur version papier comme La Tribune (devenu hebdo).
2/ La qualité des contenus permet de maintenir les ressources d’un titre. Exemple avec Mark Thomson, le PDG du groupe New York Times qui déclarait dans Les Echos (édition du 12/11/2013) « Au New York Times, on ne voit pas le net tuer le papier » et on se demande pourquoi il faudrait opposer web et papier alors que le prestigieux quotidien attire plus de 50 millions de lecteurs par mois. L’information de qualité à l’heure du low cost tel était le thème fédérateur d’une conférence organisé par Joël Aubert, président d’Aqui!Presse le 20 septembre dernier à Bordeaux. Et à l’occasion de la Journée de la presse en ligne le 15 novembre, le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL) a lancé sa plateforme collaborative de débat, 2081.info. L’ambition affichée est d’en faire un lieu incontournable d’échanges et de réflexions sur les mutations de « toute la presse ». La revue Politis s’est penché sur le sujet dont voici des extraits.
Après « Smart Média et renaissance du Journalisme », la thématique de 2012, il s’agit, avec « L’information de qualité à l’heure du low cost » d’enfoncer le clou car Internet, les nouveaux outils, le transmédia, les réseaux sociaux, l’open data, bouleversent les conditions de création des contenus. Mais qu’est ce qu’une information à l’heure du « low cost en mode industriel » selon l’expression d’Eric Scherer ? Comment cela implique la présentation des faits, la recherche de la vérité, la capacité à distinguer « le vrai du faux », la compilation des données, les mises en perspective, l’analyse critique d’un dossier, la réécriture d’infos déjà publiées ? Autant de questions qui prennent, à l’heure de l’immédiateté, une importance toute particulière. Est-il encore possible à l’heure du streaming, des breaking news, des twits et retwits d’établir une hiérarchie dans la masse des infos, de choisir, de donner du sens, d’éduquer en s’éduquant ?
Journaux gratuits : L’information low cost
Quelle idéologie véhiculent des journaux entièrement voués à la publicité ? Quelles habitudes de lecture produisent-ils ? Nous avons posé ces questions à un historien des médias, à des étudiants lecteurs de gratuits et au directeur de la rédaction de l’un de ces titres. Dans nos villes, les transports en commun connaissent cinq catégories de voyageurs : ceux qui lisent un livre (minoritaires), ceux qui ont le regard dans le vague, ceux qui psalmodient au rythme de la musique que déverse leur baladeur, ceux qui pianotent sur leur Smartphone et ceux qui lisent un bon vieux journal en papier. Bien sûr, il y en a d’autres. Quelques-uns se font la conversation, certains téléphonent et tiennent généreusement au courant le voisinage des tourments de leur vie privée. Mais c’est la tribu des lecteurs de journaux qui nous intéresse ici. Menacés d’extinction il y a seulement une dizaine d’années, ils ont repris du poil de la bête.
Regain de passion pour l’actualité ? Retour massif d’une conscience citoyenne ? Pas sûr ! Car nos « affamés » d’information ont le plus souvent entre les mains des prospectus gavés de publicité : les gratuits. Des journaux dans lesquels les articles de presse servent surtout de prétexte. Ils sont (nous sommes) des millions chaque jour à lire les gratuits pendant « vingt minutes » puisque c’est, paraît-il, la durée moyenne d’un aller simple dans les transports en commun. On ne peut ignorer un tel fait de société. Au même titre qu’Internet ou les chaînes d’information en continu, les gratuits formatent notre vision du monde.
Nous nous sommes donc interrogés : quelle idéologie véhiculent des journaux entièrement voués à la publicité ? Quelles habitudes de lecture produisent-ils ? Nous avons posé ces questions à un historien des médias, à des étudiants lecteurs de gratuits et au directeur de la rédaction de l’un de ces titres. Et nous nous sommes penchés sur le traitement de quelques informations par les trois gratuits parisiens : 20 Minutes, Metronews et Direct matin. Au total, on verra que ce n’est peut-être pas tant ce qui est « dit » dans ces journaux qui est problématique que le conditionnement du lecteur réduit à l’état de consommateur au moment où il se voudrait plutôt citoyen.
Presse gratuite : d’abord vendre de la pub…
Les journaux gratuits ont inversé une logique vieille de près de deux siècles. Ils ont marginalisé l’information au profit des annonceurs.
La faute à Émile de Girardin. C’est lui qui, en 1836, eut le premier l’idée de faire financer son journal, la Presse, par des annonces publicitaires. Les « gratuits » d’aujourd’hui ne sont peut-être que ses lointains héritiers. À cette différence près – qui est de taille …A suivre sur:
http://www.politis.fr/D-abord-vendre-de-la-pub,24884.html
Aides à la presse française : 18 millions d’euros pour Le Monde et autant pour Le Figaro
Le ministère de la Culture a publié jeudi 12 décembre sur son site internet le montant total des aides attribuées en 2012 à quelque 200 titres de presse: avec plus de 18 millions d’euros chacun, Le Monde et Le Figaro sont les deux journaux les plus aidés, avec, respectivement, 18,6 et 18,2 millions d’euros versés, selon le tableau consulté par l’AFP et en cours de diffusion jeudi sur l' »espace presse » du site du ministère de la Culture***.
Loin derrière, viennent ensuite le quotidien régional Ouest-France (11,9 millions), le journal catholique La Croix (10,7 millions), l’hebdomadaire culturel Télérama (10,3 millions) et Libération (10 millions). Le quotidien Aujourd’hui en France (9,3 millions), les hebdomadaires Le Nouvel Observateur (9,3 millions) et L’Express (7,2 millions) et Télé 7 jours (6,9 millions) viennent compléter ce top 10.
Tout en bas de ce classement, on trouve des titres nés sur internet, comme Slate.fr, 194e avec 166.524 euros ou l’hebdomadaire régional L’Aisne Nouvelle, 200e avec 158.925 euros.
Chacun des montants de ces aides est rapporté à l’exemplaire diffusé dans le but de « mettre en lien les volumes d’aides en euros avec le nombre de tirages de chaque titre », explique le ministère.Il s’agit de faire « une place la plus large possible à la transparence », écrit-il dans son communiqué. Ce total des aides comprend celles dites directes, postales et celles aux tiers (SNCF, par exemple).
*** Le SPIIL: (Syndicat de la Presse d’Information Indépendante en Ligne) finance le développement et la modération de la plateforme 2081.info.
http://www.2081.info/?toutdebat
Domoclick.com
www.culturecommunication.gouv.fr
PAPER CUTS, liste des licenciements de la presse quotidienne Américaine:
http://newspaperlayoffs.com/