Plusieurs automobiles électriques dont les plus puissantes font leur entrée au Salon de l’Auto à Genève depuis le 3 mars. Autre source d’énergie sans émission de CO2, déjà vu au salon de 2015, Toyota présentait la première automobile à hydrogène. L’occasion de découvrir ce que cette énergie pèse en 2016: De belles perspectives selon Daniel Clément, Directeur scientifique adjoint de l’ADEME. En février, l’ADEME a publié un avis sur la place de l’hydrogène dans la transition énergétique. L’agence y explique pourquoi et comment il pourrait rapidement jouer les premiers rôles.. comme l’annonçait Jeremy Rifkin dès 2002. Pas seulement dans l’automobile !
Pourquoi la filière hydrogène n’est-elle pas encore très développée ?
-D.C. : J’étais précisément en charge de la programmation de la recherche à l’ADEME, en 1999, quand le gouvernement a hissé cette thématique au rang de priorité de la recherche nationale, parmi une douzaine d’autres. C’est vrai, nous pensions alors voir sous dix ans les premiers démonstrateurs à grande échelle. En France, un réseau particulièrement actif, comprenant des acteurs de poids, dont Renault, PSA, Air Liquide et les grands organismes de recherche (CEA, CNRS…), s’était fédéré dans un bel élan… Plusieurs événements, dont la réoganisation de l’action des pouvoirs publics et le retrait des constructeurs, ont freiné cette dynamique. Sous notre impulsion, un nouveau réseau s’est constitué en 2010. Il est désormais porté par l’Afhypac1, une association loi 1901 qui rassemble notamment, autour de grands groupes comme Air Liquide, Areva ou Engie, une trentaine de PME très actives. Elle vient d’organiser au parc floral de Vincennes les premières journées de l’hydrogène énergie, qui ont attiré 500 décideurs sur deux jours.
Renaud Roubaudi interroge Jean-Luc Moreau en mars 2015 à propos de la Toyota Mirai** et de l’avenir de la voiture à hydrogène. Découvrez Petites Observations Automobile***
Quelles sont les bonnes raisons de croire en l’hydrogène ?
-D.C. : Il possède des qualités énergétiques et environnementales indiscutables. En alimentant des piles à combustible, il lève la plupart des obstacles à l’adoption du véhi- cule électrique : elles sont utilisées en complément des batteries et, pour un coût et un encombrement acceptables, elles font bondir l’autonomie à plusieurs centaines de kilomètres en réduisant le temps de rechargement à… quelques minutes ! Avec le développement des énergies renouvelables, ses qualités de vecteur énergétique deviennent tout aussi précieuses pour stocker l’électricité quand la production est supérieure aux besoins. Celle-ci peut être transformée en hydrogène par électrolyse de l’eau, hydrogène ensuite stocké, par exemple, dans l’important réseau de gaz français dont il peut représenter, sans en changer fondamentalement les conditions d’utilisation, jusqu’à 20 %. L’empreinte carbone de cet hydrogène est particulièrement faible.
Ces qualités étaient déjà connues…
-D.C. : Oui, mais il faut les apprécier dans le contexte de l’accélération de la lutte contre les gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques et du développement des véhicules électriques. Les villes n’accepte- ront plus très longtemps en leurs centres les moteurs thermiques, déjà interdits dans les milieux fermés, comme les entrepôts et les plates-formes logistiques… La pile à hydrogène, dont l’utilisation ne produit que de l’électricité et de l’eau, est un bon candidat à leur succession. Nous assis- tons à une cascade d’annonces, à l’échelle mondiale : la commercialisation de nombreuses berlines, comme la **Toyota Mirai ou la Honda FCV, le chiffre de 20 stations à hydrogène visé dès cette année en Californie, la centaine projetée en Allemagne… Un peu différente, l’expérience à grande échelle menée à Dunkerque inclut la production d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables et son injection, en mélange, dans un réseau de distribution de gaz et… dans les bus de l’agglomération. À ce rythme, le coût de revient des équipe- ments pourrait rapidement baisser.
Quelle est la stratégie de l’ADEME pour accompagner ce mouvement en France ?
-D.C. : Nous soutenons précisément une démarche qu’on pourrait qualifier de « virale » et qui s’appuie sur des îlots, constitués autour de flottes captives, publiques ou privées. Une cinquantaine de Kangoo H2 vont circuler entre Lyon et Grenoble, Air Liquide vient d’installer une station à hydrogène pour alimenter la vingtaine d’engins de manutention de la plate-forme Ikea, à Saint-Quentin-Fallavier, près de Lyon. Même chose à Saint-Lô, pour recharger en moins de 10 minutes les Kangoo du département de la Manche… Le maillage du territoire se met ainsi en place progressivement, sans grand risque financier. Il n’y aura plus, dans un second temps, qu’à s’appuyer sur lui.
* L’Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible.
Plus d’infos : [email protected]
–> 60 C’EST LE NOMBRE DE STATIONS DE RECHARGE DÉJÀ INSTALLÉES PAR AIR LIQUIDE À TRAVERS LE MONDE,
–> 100 KM C’EST LA DISTANCE QUE PEUT PARCOURIR UN VÉHICULE ÉQUIPÉ D’UNE PILE À COMBUSTIBLE AVEC UN 1 KG D’HYDROGÈNE.
–> 12€ C’EST LE COÛT ANNONCÉ AUJOURD’HUI, POUR PARCOURIR AVEC DE L’HYDROGÈNE CES 100 KILOMÈTRES
Source: Ademe et Vous
http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/ademe-et-vous-93-mag.pdf
Salon de Genève 2015 (7) : Toyota Mirai, première voiture à hydrogène de série
*** L’avenir de la voiture à hydrogène, Découvrez Petites Observations Automobile:
http://www.petites-observations-automobile.com