Le magnat de la presse Rupert Murdoch a présenté mercredi 2 février à New York son dernier projet de journal, le quotidien numérique The Daily, avec Jon Miller et Jesse Angela. De quoi s’agit-il ? Spécifiquement conçu pour la tablette iPad d’Apple , ce quotidien n’existe qu’en version et en lecture numérique. « L’iPad exige qu’on réinvente complètement notre métier », a dit M. Murdoch lors de la conférence de présentation au musée Guggenheim à New York, en promettant de marier le meilleur de la presse avec les nouvelles possibilités de l’informatique: « journalisme de terrain compétitif, bonne coordination, un regard sceptique, combinés avec la technologie ». Un pari audacieux qui va nécessiter près de 30 millions de dollars et va devoir affronter le quotidien numérique The Project lancé fin 2010 par Richard Branson. Les lecteurs déciderons qui a raison dans ce pari audacieux

Le quotidien, sans support papier, est réalisé par une équipe d’une centaine de personnes, recrutées dans des fleurons de la presse américaine: l’hebdomadaire The New Yorker, le mensuel Forbes, le tabloïd New York Post (de l’empire News Corporation de M. Murdoch)…
Gratuit pendant les deux premières semaines de son lancement, il coûtera ensuite 99 cents par semaine ou 40 dollars par an. « Il n’y a pas de papier, pas de rotatives, pas de camion (…) et nous faisons passer ces économies jusqu’au lecteur », a expliqué M. Murdoch pour justifier ce prix modique.

Selon lui le quotidien, pour lequel il a budgété 30 millions de dollars, coûte moins d’un demi-million de dollars à produire chaque semaine. Le premier numéro public, lundi, faisait sa Une sur l’Egypte et « la chute d’un pharaon ». Le journal publiait aussi « la première interview » accordée par un ancien conseiller économique du président Barack Obama, Peter Orszag, depuis qu’il est devenu cadre de Citigroup, ainsi qu’un article sur l’actrice Natalie Portman et sa grossesse.
La rubrique sports, soignée, permet au mobinaute de suivre ses équipes préférées, fournit un graphique pour analyser un match de football, et beaucoup d’échos.
Le rédacteur en chef, Jesse Angelo, ancien patron du tabloïde New York Post, à qui l’on demandait s’il se positionnait dans la presse de qualité ou la presse populaire, a assuré qu’il visait « tout le monde », et qu’il ambitionnait de « faire penser et faire sourire ».
Pour M. Murdoch, qui s’était emballé pour l’iPad dès son lancement l’an dernier, ce journal d’un nouveau type est un pari par lequel il espère prouver que des médias de qualité peuvent imposer un modèle payant sur internet. Tout le monde n’est pas convaincu.
Le « Daily » est la deuxième publication payante conçue spécifiquement pour l’iPad, après le mensuel The Project lancé à l’automne par l’homme d’affaires britannique Richard Branson. Le groupe Virgin a refusé mercredi de donner des chiffres sur le succès de cette initiative.
« J’ai du mal à imaginer que (le Daily) puisse être autre chose qu’un très modeste succès, plutôt une expérience de laboratoire que quoi que ce soit d’autre », a estimé Dan Kennedy, professeur de journalisme à l’université Northeastern, à Boston (Massachusetts, nord-est).
« Peut-être que cela ranimera l’idée que l’iPad en particulier, et les tablettes en général, pourraient représenter un vraiment bon support pour publier ce qui s’appelait autrefois un journal », a-t-il précisé à l’AFP.

En l’absence du PDG d’Apple, Steve Jobs, un autre responsable du groupe californien, Eddy Cue, a estimé que le Daily bénéficierait de l’engouement déjà avéré des utilisateurs de l’iPad pour les applications d’informations. « Plus de 200 millions d’applications d’informations ont été téléchargées jusqu’à présent », a-t-il dit. M. Cue a également indiqué qu’Apple, qui a déjà vendu plus de 15 millions d’iPad depuis avril, travaillait à un nouveau modèle d’abonnement pour les applications d’informations. Actuellement beaucoup de mobinautes rechignent à payer aussi cher pour télécharger un numéro de Vanity Fair sur l’iPad que pour acheter le magazine en kiosque.