Le livre numérique devrait dépasser son 1% de part de marché (10% aux USA) d’après le directeur de la Foire du livre de Francfort, principal rendez-vous mondial de l’édition, qui vient de s’achever avec un nombre de visiteurs quasi-stable en 2011, à 280.194, (+1% par rapport à 2010). Cette foire a enfin fait une large place au livre électronique et à ses contenus multimédias. »Nous vivons l’heure des start-ups, le secteur du libre vit une ambiance de nouveau départ », a souligné Juergen Boos. »La diversité des idées qui résulte de ce mélange entre nécessité d’agir et possibilités technologiques est énorme », a ajouté M Boos, le secteur mondial du livre et de l’édition est devenu riche de multiples facettes ». Une conclusion à verser au dossier écrit par Bénédicte GUALBERT pour le CROCIS* de la CCIP sur « Le numérique bouscule éditeurs et libraires Franciliens » et ses 11280 salariés en Ile- de-France (80 % des emplois de l’édition française), soit 2 577 établissements franciliens.

La liseuse Kindle d'Amazon...en attendant le Fnacbook que nous n'avons pas vu à Franfkurt ?

Au total, l’édition 2011 du Salon du livre de Frankfurt aura vu 7.384 exposants venus de 106 pays se partager les allées de la foire durant cinq jours. Prochaine édition du 10 au 14 octobre 2012.
Avec 8 emplois sur 10 situés en Ile-de-France, le secteur français de l’édition se révèle largement francilien. Comment établissements et emplois se déploient-ils dans la région-capitale ? Comment le secteur aborde-t-il les changements induits par le livre numérique et l’arrivée de nouveaux opérateurs sur ce marché ? Et quel avenir pour les librairies ?

En France, le livre numérique n’occupe actuellement qu’une très faible part des ventes (environ 1 %) contre environ 8 % aux Etats-Unis, mais sa part devrait représenter 5 à 10 % à l’horizon 2015, puis sa croissance devrait s’accélérer. La montée en puissance du marché du livre numérique dépendra de la diffusion de ses outils de lecture, et donc de la baisse de leurs prix, encore élevés à ce jour. Le monde de l’édition s’efforce aussi de ne pas reproduire les mêmes erreurs que l’industrie musicale : c’est ainsi qu’il juge indispensable qu’une offre légale attractive à des prix modérés soit disponible afin de lutter contre le téléchargement illégal.
Si on considère souvent que le livre numérique va engendrer des réductions de coût (fabrication, logistique), les éditeurs soulignent qu’il génère surtout des frais supplémentaires : les investis- sements dans le numérique sont à revoir sans cesse en fonction des évolutions technologiques, et les coûts de numérisation sont élevés car il ne s’agit pas de numérisation simple, mais de création d’une base de données interactive. Surtout, les plates-formes de distribution d’e-books génèrent des coûts importants et même si le marché numérique se développe très vite, les chiffres d’affaires en valeur absolue sont tellement faibles qu’ils sont très loin de couvrir les investissements. Editeurs et libraires ont obtenu que soit transposé pour les livres numériques l’environnement favorable qui a permis le développement
Les librairies d’Ile-de-France en 2009 : répartition par département
Essonne 4%
Seine-Saint-Denis 4%
Seine-et-Marne 5%
Val-de-Marne 5%
Yvelines 7%
Hauts-de-Seine 8%
Source : Insee, Sirène, 2009
pement d’une économie viable autour du livre imprimé : un prix fixé par l’éditeur, grâce à la loi pour le prix unique du livre numérique,(lorsqu’il est identique au livre édité en papier), et une TVA réduite. Ces éléments doivent permettre de préserver les marges des éditeurs pour rémunérer les auteurs, assurer la diversité éditoriale et la survie d’un réseau de librairies, et éviter que les grands opérateurs internationaux (Amazon, Google, Apple) fixent les prix à la place des éditeurs, des prix trop bas pour la rémunération de la création.
LES LIBRAIRIES FRANCILIENNES : NOMBREUSES, MAIS EN DIFFICULTÉ
L’Ile-de-France compte le réseau le plus dense de librairies du pays. Avec 1 084 librairies en 2009, la région représente 27 % du total français, et ses 3 396 salariés représentent 28 % des effectifs nationaux. Près des deux tiers des librairies franciliennes se trouvent à Paris, qui concentre librairies généralistes et spécialisées. Les autres départements franciliens ne représentent chacun qu’une faible part des établissements du commerce du livre. Dans son étude « Les librairies franciliennes », le MOTif indique que sur 1 300 communes, 276 (20 %) ont au moins une librairie, mais que la répartition territoriale est inégale : si Paris compte 1 librairie pour 4 000 habitants, en Seine-ST Denis, Saint-Val d’Oise 3%
Paris 64%, on en trouve 1 pour environ 46 000 habitants. Les librairies de la région sont de petite taille : 45 % d’entre elles n’ont pas de salarié.

Le nombre de librairies a baissé de 6 % entre 2000 et 2009. Les effectifs des librairies ont parallè- lement diminué : – 7 % sur la même période. Cette baisse est surtout marquée en petite couronne (- 18 %), alors qu’elle est plus modérée en grande couronne (-9%)etàParis(-5%).Laforte concurrence des grandes surfaces et de la vente sur internet a entraîné une baisse de fréquen- tation et a joué un rôle important dans la diminution du nombre de librairies, tout comme l’effon- drement du panier moyen du client, lié à la tendance à la baisse des habitudes de lecture. Les coûts élevés et croissants des charges fixes, en raison notamment du coût des loyers, ainsi que des frais de personnel, ont entraîné des difficultés de trésorerie à l’origine de la fermeture de nombreuses librairies indépendantes de petite taille, surtout dans les quartiers du centre de Paris. Il faut noter que la baisse des emplois dans les librairies est plus élevée en Ile-de- France qu’au niveau national où elle n’est que de 1 % entre 2000 et 2009. Les loyers sont quant à eux un problème majeur, en particulier à Paris, et s’il existe un dispositif de la Semaest qui prend en charge la rénovation de locaux, il n’y a pas d’aide aux loyers proprement dite.

ENJEUX
L’enquête annuelle de l’INSEE sur les librairies révèle ainsi une fragilité économique du secteur, avec un profit limité à 1,4 % du chiffre d’affaires en moyenne, et une faible capacité d’investis- sement. Dans son rapport « Situation économique de la librairie indépendante », Antoine Gallimard indiquait que 23 % des librairies françaises ont un résultat courant négatif, pourcentage qui monte à 31 % pour les petites librairies (au chiffre d’affaires inférieur à 1 M d’euros).
Devant la contraction du marché du livre, il est très possible que le nombre de librairies diminue fortement dans les années à venir – peut-être au profit de grandes librairies de centre-ville – et ce d’autant plus que va bientôt se poser le problème de la transmission pour les nombreuses librairies nées dans les années 80, à la faveur de la loi Lang. Leurs dirigeants, nés dans les années 50, seront potentiellement nombreux à partir en retraite dans les dix prochaines années. Or il est difficile pour ces libraires de trouver un repreneur motivé par une activité peu rentable.

UN AVENIR SOMBRE POUR LES LIBRAIRIES ?
Ces dernières années la part de marché des ventes en ligne a fortement augmenté, pour atteindre 9 % des ventes totales de livres en valeur, et 8 % en volume. Ce circuit se situe derrière les librairies indépendantes (40 % des ventes en valeur), les grandes surfaces culturelles (31 %) et la grande distribution (20 %), mais connaît une croissance rapide. Amazon.com et Fnac.com représentent environ 70 % du marché de la vente en ligne, et semblent avoir pris un avantage compétitif que les libraires ne pourront plus rattraper, même après la création de “1001 librairies.com”, portail de la librairie indépendante. Conscients d’avoir manqué le coche de la vente en ligne de livres imprimés, les libraires ne veulent pas prendre le même retard pour le livre numérique. Mais il est probable que beaucoup d’entre eux auront des difficultés à se former au numérique, et à disposer des outils pour commercialiser des e-books. Et les difficultés des libraires américains (5 000 librairies indépendantes en 2000, 1 350 en 2010), et la faillite de Borders, la deuxième chaîne de libraires des Etats-Unis, ne sont pas de bon augure. Or la fragilisation de l’important réseau de libraires est une réelle menace pour le secteur éditorial.

Bénédicte GUALBERT pour le CROCIS* de la CCIP – 27 avenue de Friedland – 75382 PARIS cedex 08: Retrouvez toutes nos publications sur CROCIS-CCIP

www.crocis.ccip.fr
Note méthodologique: Cette étude analyse le secteur de l’édition de livres uniquement, identifié par l’INSEE sous le code NAF 58.11Z. Le secteur de la librairie étudié correspond au code NAF 47.61Z (commerce de détail de livres en magasin spécialisé)

Portail de la librairie indépendante:
www.1001librairies.com

Domoclick.com

* Extrait d’une étude plus complète : « Les éditeurs franciliens à l’heure de la révolution numérique », les Cahiers du CROCIS, n°36, juillet 2011.