Le fonds canadien Fairfax veut racheter BlackBerry, la plus belle entreprise canadienne de la high-tech, pour lui permettre de se réinventer. L’opération est en fait plus complexe qu’il n’y paraît. Le fabricant de smartphones canadien BlackBerry, ex-icône des nouvelles technologies, a annoncé lundi sa vente à des investisseurs menés par le fonds d’investissement Fairfax pour 4,7 milliards de dollars. Explications de l’Expansion

« Cette transaction va ouvrir un nouveau chapitre excitant pour BlackBerry, ses clients, ses opérateurs et ses employés ». A écouter Prem Watsa, le patron du fonds d’investissement et assureur canadien Fairfax Financial Holdings, l’OPA initiée par son groupe sur le célèbre fabricant de smartphones règlerait tous les problèmes. Objectif affiché: retirer BlackBerry de la cote pour lui permettre de se réinventer à l’abri des turbulences des marchés. La proposition – en l’état une simple lettre d’intention – a d’ailleurs été approuvée par le conseil d’administration de BlackBerry. Mais l’OPA de Fairfax est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.

La belle histoire du sauvetage du joyau de la high-tech canadienne par un compatriote cache des arrière-pensées très terre à terre. L’offre du consortium mené par Fairfax s’élève en effet à 9 dollars par action, soit au total 4,7 milliards de dollars. 9 dollars, c’est 3% de plus que le dernier cours de BlackBerry précédant l’annonce de l’opération. Mais c’est surtout 8 dollars de moins que le prix moyen de 17 dollars par action payé par Fairfax pour sa participation de près de 10% dans BlackBerry. Car le sauveur de BlackBerry est en fait son principal actionnaire. Son intervention a surtout pour but de préserver ses propres intérêts en stoppant la dégringolade du titre. Car l’objectif bien compris de toutes les parties serait de gagner du temps, au lendemain de l’annonce de l’échec du Z10, le smartphone de la dernière chance du groupe, et du licenciement de 40% de ses effectifs.

 » En signant la lettre d’intention, BlackBerry a effectivement ouvert la porte à d’autres candidats, explique DealBook, le blog du New York Time spécialisé dans les fusions-acquisitions. Il a maintenant six semaines pour se vendre pendant que Fairfax passe ses comptes au crible « . L’OPA de l’actionnaire principal ne serait ainsi qu’une offre d’attente qui « établit un calendrier et un prix plancher pour d’autres éventuels acquéreur », décrypte encore DealBook. Le cas où un autre acquéreur se manifesterait et conclurait un autre accord est d’ailleurs prévu puisque les indemnités dues à Fairfax sont d’ores et déjà fixées : entre 157 et 262 millions de dollars.

Une cagnotte de 2,6 milliards de dollars
Egalement à l’appui de cette thèse, le fait que le financement de l’offre pilotée par Fairfax ne soit pas encore finalisé. Non que cela présente une grande difficulté. Car malgré ses mauvais résultats, BlackBerry est une entreprise qui n’a pas de dettes et dispose d’une trésorerie de 2,6 milliards de dollars. Elle est également riche de brevets évalués à environ 2 milliards de dollars. Il doit donc être possible de trouver des banques pour participer à l’opération… A condition toutefois d’aller vite. Car l’entreprise a encore brûlé 500 millions de dollars de cash au dernier trimestre. Fairfax, pour sa part, n’a a priori pas l’intention de remettre de l’argent au pot. Si son OPA va au bout, il se contentera d’apporter les actions qu’il détient déjà.

En attendant, DealBook se montre sceptique sur les chances de voir d’autres repreneurs se précipiter alors qu’ils auraient intérêt à attendre que le prix baisse encore. Certes on imagine assez facilement des candidatures chinoises, mais celles-ci auraient de grandes chances de se voir bloquées par le gouvernement canadien. Il n’est donc pas non plus impossible, qu’in fine, Fairfax doive assumer son rôle de chevalier blanc.

Dealbook:
http://dealbook.nytimes.com/2013/09/24/the-bankruptcy-question-for-blackberry/?_r=0

Domoclick.com avec l’Expansion , REUTERS et Shannon Stapleton