Après être intervenue dans la prise en charge hospitalière du patient, le nouveau standard de télécommunication 5G favorisera un meilleur suivi du patient depuis son domicile et donc éventuellement de permettre une sortie plus rapide. Le Pour et le Contre sur les enjeux analysés par SIApartners, en perspective du Congrès LONGEVITY*** le 8 octobre à Limoges.
(Visuel: ACTILITY, réseau longue portée bas débit dédié à l’Internet des objets)
Effectivement, de nombreux objets connectés permettant au patient de suivre ses constantes de santé émergent, dotés de fonctionnalités « basiques » (suivi du rythme cardiaque, dépenses caloriques), ou plus critiques (contrôle du taux de glucose par exemple). Au-delà de l’auto-contrôle, ces objets peuvent également bénéficier aux personnes âgées ou dans l’incapacité de se déplacer, en permettant un suivi à distance permanent (par des aides médicaux, des médecins, des proches ou encore des compagnies d’assurance). Afin de fonctionner de manière efficace, ces équipements doivent fournir une remontée permanente des constantes de santé du patient. Mais la 4G+ actuelle ne peut fournir la qualité désirée à un large nombre d’appareils. La faible latence et la résilience du réseau 5G permettrait d’outrepasser ce problème en rendant possible une remontée temps réel de l’ensemble des constantes du patient.
Mais qu’en est-il de l’adoption de ces technologies par la population ?
En 2017, 60% des consommateurs se déclaraient prêts à utiliser des objets connectés comme mesure préventive pour vérifier les anormalités (cancers notamment) et contrer les affections chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, …). Pour 71% d’entre eux, les objets connectés constituent un espoir d’améliorer le suivi post-hospitalisation à domicile[ii]. Cependant, 55% des preneurs de décision au niveau des instances régulatrices de santé (comme par-exemple la Haute Autorité de Santé) considèrent que ces équipements ne sont pas assez précis et fiables pour un diagnostic valable[iii]. Néanmoins, les pouvoirs publics français se sont pleinement emparés de la question. Le 25 avril 2019, la ministre de la santé Agnès BUZYN a présenté le volet numérique de la feuille de route de MaSanté 2022. A titre d’exemple, l’action 11 prévoit notamment un interfaçage du DPM avec les applis ou objets connectés (échéance 2020). Ces derniers seront également intégrés dans l’ « Espace Numérique de Santé » à partir de janvier 2022.
Fiabilité oblige
En outre, la connectivité de ces appareils étant prioritaire, il est impossible de se reposer sur les équipements grand public comme c’est le cas actuellement (la plupart des objets connectés de la santé communiquent via le smartphone de l’utilisateur), et ce pour des raisons de fiabilité. Les professionnels de la santé devront donc travailler en étroite collaboration avec les entreprises high-tech et télécom pour développer des équipements médicaux qui peuvent se connecter indépendamment au réseau 5G.
Pour un usage généralisé, il est primordial que ces appareils soient acceptés et recommandés par les médecins et assurances de santé. Certains médecins sont encore réticents à la prescription de ces outils connectés. La question de la responsabilité juridique du dysfonctionnement de ces outils n’a pas encore été tranchée par les tribunaux[iv]. Des craintes portent également sur le respect du secret médical (qui a accès à ces données ? Le patient et le médecin ? D’autres parties prenantes ?).
Des opportunités multiples et diverses, mais aux freins persistants
Au-delà des opportunités portées par la 5G, de nombreux freins sont présents et ne devront pas être négligés : par-exemple, l’usage des données récupérées depuis les objets connectés par les assureurs soulève de fortes problématiques concernant l’éthique et le respect de la vie privée.
Un enjeu sanitaire est également présent : une pétition réclamant un moratoire sur la 5G est soutenue par 170 scientifiques du monde entier. D’après-eux, la démultiplication des antennes et l’introduction des bandes millimétriques aux appareils grand public accroîtront, entre autres, les risques de tumeurs et de problèmes cardiaques. Cependant, il n’existe pas à ce jour de données assez précises sur le sujet.
La 5G adresse des besoins bien plus larges de latence, de criticité et de densité de connexions avec pour objectifs de répondre à tout un ensemble de cas d’usages émergents comme la mobilité, la santé, la Smart city ou l’IoT (standards des objets connectés).
Le gouvernement français a assuré que les risques sanitaires ne seraient pas augmentés par la 5G et s’est engagé à travailler avec l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) et l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) « afin qu’elles puissent examiner d’une part, l’exposition aux ondes électromagnétiques et d’autre part, l’impact sanitaire éventuel de ces nouveaux développements technologiques, dès la phase des expérimentations ».[v] La démultiplication des appareils électroniques et datacenters aura un impact environnemental conséquent, risquant ainsi de nuire à la santé de certains et de contrer les bienfaits initialement envisagés. Par ailleurs, de nouveaux cadres légaux devront être fixés afin de déterminer les niveaux de responsabilités liés à l’introduction de la robotique : qui sera responsable en cas de défaillance d’un système électronique lors d’une intervention chirurgicale par-exemple, en cas de dysfonctionnement d’un objet connecté ?
Enfin, le faible niveau de maturité de la technologie 5G ne permet pas de s’assurer de son niveau de fiabilité en termes de sécurité. Or les équipements connectés déployés dans le cas d’un usage médical seront en partie critiques. Une cyber-attaque visant ceux-ci pourrait engendrer des conséquences extrêmement néfastes vis-à-vis de la santé et du respect de la vie privée des patients.
Malgré tout, les opportunités offertes par la 5G restent nombreuses et diverses et pourront à terme révolutionner le secteur médical en facilitant l’accès aux soins à travers le monde. De plus, les apports de la 5G bénéficieront non seulement aux patients & personnel médical mais également aux autres acteurs du secteur comme par exemple les pharmaciens ou encore les acteurs de la recherche médicale qui bénéficieraient de plus de données statistiques qu’aujourd’hui.
Sources :
http://telecom.sia-partners.com/20190701/la-revolution-5g-dans-la-sante
Domoclick.com avec SIApartners
*** Congrès LONGEVITY*** le 8 octobre à Limoges.
https://www.longevity-congres.com/limoges2019
[i] Harvard T.H. CHAN : Plus de 2 milliards de personnes n’ont pas accès aux soins chirurgicaux.
More than two billion people worldwide lack access to surgical services https://www.hsph.harvard.edu/news/press-releases/two-billion-lack-access-surgical-services/
[ii] ODOXA, Baromètre santé 360, l’hôpital de demain, 2017
[iii] Ericsson – From Healthcare to homecare, the critical role of 5G in healthcare transformation https://www.ericsson.com/en/trends-and-insights/consumerlab/consumer-insights/reports/transforming-healthcare-homecare
[iv] http://secteur-public.sia-partners.com/20180209/un-objet-connecte-peut-il-etre-responsable
[v] TV5Monde – Réseaux 5G : des problèmes et des inconnues à tous les étages
https://information.tv5monde.com/info/reseaux-5g-des-problemes-et-des-inconnues-tous-les-etages-302251