A l’occasion des 50 ans du groupe de distribution Auchan (Simply Market, Leroy-Merlin, Decathlon), Arnaud Mulliez, président du conseil de surveillance d’Auchan France, analyse l’évolution de la distribution et des habitudes de consommations au cours des dernières décennies. Il évoque aussi le poids du e-commerce ( la vente en ligne), la crise du logement, l’avenir du secteur de la distribution et de son groupe qui pèse aujourd’hui 40 milliards d’euros.
En tant que président du conseil de surveillance d’Auchan France, mais aussi en tant que fils du fondateur Gérard Mulliez, quel phénomène vous a le plus frappé dans l’évolution de la distribution et de la consommation au cours des dernières années ?
-A. Mulliez: Je ne peux pas parler pour mon père. Je n’ai pas son recul. Mais je me souviens très bien du premier magasin de 600 m2, créé en 1961 à Roubaix, dans le quartier des Hauts Champs, que je fréquentais avec ma mère. L’évolution que je trouve la plus notable est celle du nombre de foyers en France. En 1968, on en comptait 15,8 millions. Il y en avait 25 millions en 2006. Avec une augmentation sensible du nombre de foyers monoparentaux. Cela a modifié les comportements en termes de consommation. Cela joue sur les logements, plus petits, comme par exemple sur les appareils électroménagers qui doivent être adaptés à une famille plus restreinte. Très concrètement, auparavant, on ne vendait que des rôtis de 1 kilo. Aujourd’hui, nous en proposons de 400 grammes. L’autre grande évolution est celle de la part de l’alimentation dans le budget. Sur la même période, nous sommes passés de 27% à 15%. C’est dû en partie aux politiques que nous avons conduites (magasins sur le modèle «Tout sous le même toit», prix discount… ), mais aussi à la hausse des dépenses contraintes. Le logement, la téléphonie, pèsent de plus en plus sur le pouvoir d’achat. De mon point de vue, le plus grand des problèmes actuels est le logement. Sinon, on sent un intérêt croissant des consommateurs pour le mieux-vivre, le développement durable, l’attention portée à la mobilité, au gain de temps. Autant de tendances auxquelles nous nous efforçons de répondre.
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chez Auchan: chez nous, chacun peut aussi accéder aux plus hautes fonctions. Chacun à son niveau dispose d’une autonomie qui le responsabilise et qui rend son métier intéressant. Nous voulons être une pépinière d’entrepreneurs. Je crois à la sentence de Napoléon: «L’art d’être tantôt très prudent et d’être tantôt très audacieux est l’art de la réussite».
N’avez-vous aucun regret et, vous qui le connaissez mieux que quiconque, qu’est-ce qui frappe le plus Gérard Mulliez dans l’évolution de la société ?
-A.Mulliez: Mon regret, c’est que nous n’ayons pas pu, ou pas su prendre le temps, de mieux parler de nos métiers, de notre métier, trop souvent caricaturé. S’agissant de mon père, je ne veux pas parler à sa place, mais je sais qu’il est toujours soucieux du développement de la personne et est très frappé par la violence et l’anonymat qui règnent dans notre société.
LIRE L l’interview intégrale par Philippe Bertrand pour Les Echos :
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/service-distribution/actu/0201079916446.htm
Les Assises de l’Habitat LEROY-MERLIN, les 16 et 17 mars à Paris pour inventer l’habitat de demain:
http://leroymerlinsource.fr