Le robot « compagnon » assistant à la personne devient la star du salon InnoRobo à Lyon. A la fois
professeur d’anglais, danseur de hip-hop ou aspirateur, le robot de service a investi le quotidien et se développe aujourd’hui dans l’assistance aux personnes dépendantes, l’une des tendances fortes de la deuxième édition d’InnoRobo, le salon de la robotique qui se tient à Lyon jusqu’à vendredi 16 où la France tient une bonne place. C’est bien plus qu’ une révolution parce que c’est un nouvel univers et une nouvelle relation homme/machine , différent du M2M, qui est ésormais porté par un marché de 10 milliards de dollars.
Démonstration du robot français NAO (Aldebaran Robotics) le 14 mars 2012 à Lyon, lors du salon de la robotique InnoRobo
Pour sa deuxième édition, le salon qui a coûté 500.000 euros, a doublé sa surface et accueille près de 120 exposants et une centaine de robots. Si seules quatre nationalités étaient représentées en 2011, 14 pays sont présents cette année dont des Coréens, Japonais et Chinois.
Forte d’un marché annuel de plus de 10 milliards de dollars (7,7 milliards d’euros), estimée à une centaine de milliards dans seulement 10 ans, la robotique a quitté les laboratoires et les livres de science-fiction pour entrer dans les maisons, au plus près de notre quotidien. Selon Bruno Bonnell***, notre Mr Robotique «Les robots vont transformer notre quotidien, de la même manière que les téléphones portables» déclarait-il déjà en 2010
Ces machines sophistiquées tendent même à améliorer la vie des personnes dites « dépendantes », grâce par exemple à un bras articulé capable d’attraper une pomme, ou à un robot domestique de la taille d’un enfant qui se déplace, vous signale quand prendre vos médicaments et envoie même des sms à votre médecin. « Ce n’est que dans les légendes que le robot remplacera l’homme, en revanche dans la vie de tous les jours, il peut l’accompagner », déclare à l’AFP Bruno Bonnell, créateur du salon et directeur de la société Robopolis qui développe, entre autres, des robots aspirateurs.
Les 7 pas pour intégrer un robot dans votre espace quotidien
Valérie Bauwens est une fervente avocate des processus décisionnels centrés sur l’humain, et d’autant plus, lorsqu’ils sont basés sur des études ethnographiques sur le terrain.
Depuis 2010, elle dirige sa société, Human Centricity. Ses activités principales demeurent l’observation des gens dans leurs vies et environnements quotidiens, déchiffrer les mécanismes sous-jacents de leurs comportements afin de concevoir et améliorer les produits, services et usages.En 2011, en collaboration avec l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne), elle a appliqué son expertise à la robotique, en étudiant comment les familles ont intégré ou non un robot aspirateur dans leurs routines quotidiennes.
Pour un coût de 28.000 euros et une durée de vie de 8 ans, « Jaco », un bras articulé de 5 kilos en fibre de carbone, est un exemple d’assistant. Sous l’oeil intrigué des visiteurs du salon, il prend une bouteille, verse son contenu dans un verre, la repose, puis attrape une pomme.
« On l’utilise pour la réadaptation. Il se pose facilement sur un fauteuil roulant et apporte une aide pour se raser, faire le café ou donner des caresses à son chien », explique François Boucher, directeur de développement à Kinova, société basée à Montréal.
« Mettre la robotique au service de l’homme qui a besoin de mouvement, c’est le présent. L’avenir, c’est surtout de faire accepter son utilité par les +rembourseurs+ (mutuelles, Sécu…) car cela reste onéreux », poursuit-il.
A quelques stands de là, d’autres bras et jambes articulés sont en démonstration pour améliorer les gestes quotidiens: s’asseoir, se lever, attraper un objet ou se déplacer.Plus loin, la peluche thérapeutique « Paro », développée par le laboratoire japonais AIST, attend qu’on la prenne dans ses bras. Ce bébé-phoque truffé de capteurs est présenté comme un animal de réconfort capable d’aider en cas de maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer, car il réagit comme « un vrai » aux gestes et attentions.
La « Robot thérapie », qui utilise des robots comme les animaux en « zoothérapie »
C’est une nouvelle application robotique dans le domaine du bien-être et des soins aux patients. Depuis 1993 le robot phoque Paro est développé dans un but thérapeutique. Bien que PARO puisse être utilisé dans différents types de thérapies comme pourraient l’être de vrais animaux, l’intervention du Dr Shibata se concentrera sur son utilisation avec des patients âgés atteints de démence, et les différences explicites qui peuvent être facilement observées avant et après l’interaction avec PARO.
« Il y a 800 millions de personnes de plus de 65 ans dans le monde et cela va augmenter. Il s’agit trouver des solutions pour ne pas isoler ces personnes socialement », pointe Vincent Dupourqué, directeur de Robosoft, spécialisé dans l’assistance physique et cognitive.
« La robotique de service est une filière émergente. L’aide à la personne et la chirurgie assistée sont déjà une réalité économique », analyse Laurent Souef de l’Agence régionale du développement et de l’innovation (Ardi), qui dénombre quelque 50 entreprises liées à ce marché en Rhône-Alpes.Cette tendance plus sociale de la robotique peine néanmoins à détrôner les robots aspirateurs, tondeuses à gazon ou humanoïdes qui courent et chantent, faisant se déplacer les fans de technologies à InnoRobo, qui se tient jusqu’à vendredi.
Domoclick.com avec l’AFP
Salon de la robotique à Lyon:
http://www.innorobo.com/
La boutique Robopolis fête ses 10 ans:
http://www.shop-robopolis.com/index.php/fr/
***Le livre de Bruno Bonnel: Viva la Robolution:
http://www.macworld.com/appguide/app.html?id=592987
Agence ARDI:
«Ce millénaire sera celui de la robotique»
INTERVIEWJean-Paul Laumond, roboticien au CNRS et enseignant au collège de France
(par CHLOÉ SCULONE pour Libération):
http://www.liberation.fr/economie/01012395307-jean-paul-laumond-roboticien-au-cnrs-et-enseignant-au-college-de-france-ce-millenaire-sera-celui-de-la-robotique