Le Coup de gueule de Corinne Lepage publié le 18 mars 2012 par Atlantico.
Corinne Lepage dénonce vertement les  » tambouilles politiques cachées derrière les parrainages »
suite à l’impossibilité, pour elle, de se présenter à l’élection présidentielle faute d’avoir pu récolter un nombre suffisant de parrainages. La présidente de Cap 21 règle leur compte aux partis qui se sont entendus pour lui barrer la route. Le principaux fautifs, selon elle: les Verts et le PS.

« Je veux ici saluer la morale d’un certain nombre d’élus verts qui n’ont pas apporté leur parrainage à Madame Joly », déclare la présidente de Cap 21. Crédit Reuters
Sans obérer le résultat du conseil constitutionnel de lundi 17h30, je tiens à remercier les élus qui ont fait le choix de me parrainer, les membres de mon équipe et tous ceux qui ont cru dans le pluralisme et la voie d’une écologie responsable. Les difficultés toutes particulières que j’ai rencontrées ne sont pas le fait du hasard. Elles sont le fait d’abord de la mobilisation de tous les appareils politiques et, en tout premier lieu, celui des Verts et de l’appareil PS pour faire échec à ma candidature.

En effet, ma présence dans la campagne met en péril la petite soupe mijotée par l’appareil vert pour obtenir maroquins et mandats, poussant à un niveau jusque-là inconnu l’instrumentalisation de l’écologie au bénéfice de quelques-uns. Le score très probablement supérieur que je ferai ou que j’aurais fait à celui de leur candidate remettait en cause l’accord vert-appareil PS même si les valeurs de l’écologie qu’ils prétendent défendre y gagnaient. Je veux ici saluer la morale d’un certain nombre d’élus verts qui n’ont pas apporté leur parrainage à Madame Joly, voire qui m’ont rejoint tant ils étaient dégoûtés de cette attitude qui tourne le dos à une éthique élémentaire.

Du reste, l’indécence avec laquelle les Verts se sont déployés sur les réseaux sociaux vendredi soir, pour se réjouir bruyamment, persuadés que je n’aurais pas mes signatures, illustre mieux que de longs discours ce comportement particulièrement immonde pour des donneurs de leçons. Les élus des petites communes, dont certains m’ont fait connaître leur tristesse d’autant plus grande qu’ils m’avaient auparavant parrainée, se sont vus interdire par le parti socialiste sur pression des élus verts tout parrainage. Mais l’UMP en a fait de même et a contraint des élus du nouveau centre à retirer certains parrainages qu’ils m’avaient donnés. Quant au Modem, François Bayrou, qui sait depuis longtemps que nos électeurs potentiels sont extrêmement proches, a adopté la même attitude.

Comment alors trouver nombre d’élus assez indépendants pour assurer le pluralisme ? Dans quel pays voit-on un ancien premier ministre ne pas pouvoir se présenter à une élection ? Et quel tollé international cela provoquerait-il ? Ils sont où tous ceux qui se sont émus de ne pas voir Youssou N’Dour candidat à la présidentielle au Sénégal ?

Ceux qui ont parrainé des candidats qui ne s’intègrent pas dans le système ont fait preuve d’une grande indépendance au delà des pressions qui s’exercent sur eux. Ils ont fait fi de l’attitude générale du refus de parrainage qui a régné dans ces élections. Car, le malaise de nos élus locaux est extrêmement profond et personne n’en a parlé durant cette campagne. M. Pelissard, président de l’association des maires de France, élu UMP, croit oser prétendre que 47 000 parrains sont intervenus dans cette campagne et que ceux qui n’ont pas obtenu leur viatique ne sont pas crédibles ; il nage dans la virtualité la plus complète.

C’est par ras-le-bol et rejet viscéral du comportement de l’État à leur égard que les maires de France ont soit refusé de parrainer, soit signé pour des candidats extrémistes, ou totalement fantaisistes, y compris dangereux, comme M. Cheminade. Les maires se sont abstenus, et c’est probablement l’annonce d’une abstention plus générale du peuple français devant une campagne de qualité très médiocre, dans laquelle le barnum des meetings organisés à millions d’euros tient lieu de débat. C’est un simulacre de démocratie qui se paiera très cher et qui se traduit déjà par près de 30 % des électeurs qui votent pour l’extrême droite ou l’extrême gauche.

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