EXCLUSIF : Interview de Thibaut Watrigant ( Partie 1)
Depuis qu’une douzaine de start-ups Françaises ont brillé au salon de Las Vegas , le CES 2013 puis 2014 (Withings, Netatmo) en présentant des objets connectés pour la maison, la France connaît un regain d’enthousiasme dans la high-tech. D’autant qu’il est suivi par les investisseurs en France après un investissement de 100 millions d’euros sur Sigfox (réseau bas débit) et aux Etats-Unis, avec IBM, qui vient de miser pas moins de 3 milliards de dollars !!! dans l’IoT, l’internet des objets. On n’a pourtant pas tout dit sur un marché français estimé à 500 millions d’euros en 2016 selon l’étude Xerfi parue le 2 mai. Thibaut Watrigant , consultant et grand reporter parmi l’équipe du magazine Aruco**, expose, en deux parties pour Domoclick.com, les fondamentaux de ces réseaux et met ce gigantesque marché en perspective parmi ses acteurs et ses 80 milliards d’objets connectés d’ici 2020. Aussi réaliste qu’excitant !
Domoclick.com : Bonjour Thibaut , quel est votre expertise aujourd’hui ?
– Thibaut WATRIGANT : Bonjour Jérôme, depuis un an je fais partie du media Aruco** qui traite de l’actualité des objets connectés et de l’internet des objets. Auparavant, j’ai travaillé pour le cabinet de conseil en stratégie Eleven pour lequel j’ai monté une expertise internet des objets. L’ensemble de ces expériences me permet d’avoir une vue globale du marché de l’internet des objets. J’ai étudié à l’Ecole Polytechnique pendant trois ans avec une formation scientifique généraliste qui m’a permis d’avoir un bagage scientifique pour me permettre de comprendre les fonctionnements et enjeux de l’internet des objets. Suite à cette formation, j’ai suivi (jusqu’en juin prochain) à HEC Paris une formation en stratégie et Business qui m’aide à comprendre et analyser les stratégies des entreprises de l’internet des objets dans toute la chaine de valeur.
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Et aux Emirats Arabes Unis, quelle genre de mission vous a mené à Dubaï ?
-TW : J’étais en effet à Dubaï récemment, mais sans aucun lien avec les objets connectés, c’était pour un voyage scolaire avec HEC. Par contre je voyage beaucoup avec le media Aruco pour couvrir les événements liés aux objets connectés : Lyon, Barcelone, Paris ou encore Toulouse. Bientôt probablement Montréal*** puis l’an prochain Las Vegas pour le CES 2016. Le marché encore émergent des objets connectés est au cœur de l’actualité médiatique et événementielle, c’est un plaisir de contribuer à son développement.
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Pour bien comprendre comment fonctionne l’internet des objets, il faut distinguer les protocoles M2M , des déclinaisons vers IP et enfin du réseau SIGFOX ; quelle est la logique de fonctionnement ?
-TW : Oui, déjà il est important de faire la différence entre deux termes très médiatiques : les objets connectés et l’internet des objets. Un objet connecté est un objet du monde physique que l’on dote de capacités de communication avec l’internet virtuel afin de créer de nouveaux services. Sous la notion grand public d’objet connecté se cachent trois termes : les objets connectés (un objet qui a une version connectée et non connectée), les capteurs connectés (dont l’unique fonction est de transmettre une information au cloud), et les interfaces de communication (tels les smartphones ou tablettes qui font office d’interface entre l’homme et l’internet des objets).
Quant à lui, l’internet des objets, englobant les objets connectés, c’est l’écosystème constitué des objets connectés (qui récoltent des données), mais aussi des réseaux de communications (qui transmettent les données), des clouds virtuels (qui uniformisent, stockent et mixent les données), de logiciels (qui analysent et créent de la valeur à partir des données).
Comment fonctionne l’éco-système des objets
Quant aux différences entre M2M, IP, Sigfox, ce sont bien entendu des notions qu’il convient de distinguer. Le M2M désigne la communication Machine to Machine (objet à objet) et fait partie de l’internet des objets. Sigfox est un opérateur qui transmet les données des objets connectés directement sur son Cloud comme le fait Orange ou SFR pour vos téléphones. La différence est que la technologie est adaptée pour les objets connectés en ne consommant que peu de batterie même si la capacité d’information à transmettre est en contrepartie limitée. IP est un protocole de communication assignant un identifiant (l’adresse IP) à un objet connecté. Un nouveau protocole IPv6, remplaçant l’IPv4, est disponible et permet d’adresser les milliards d’objets connectés qui promettent d’entourer notre quotidien.
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Selon vous, dans l’internet des objets, quel métier va devenir l’intermédiaire, le prescripteur récurent parmi tous les acteurs concernés ?
-TW : Les objets connectés vont permettre aux entreprises de récolter des quantités colossales de données : les révolutions digitales des Big Data et de l’internet des objets se rejoignent sur ce point. Les entreprises vont avoir besoin de personnes qui savent analyser et créer de la valeur à partir de ces données : ceux qu’on appelle aujourd’hui les Data Scientist seront très recherchés. Ils sauront créer les algorithmes qui permettent de tirer valeur d’une base de données pas forcément structurée, ils sauront également expliquer aux non-initiés en informatique comment créer cette valeur. L’enjeu sera également ici : comment un top manageur prendra ses décisions s’il n’a pas la formation pour comprendre le détail des recommandations d’un Data Scientist ?
Propos recueillis par J. Robert pour Domoclick.com
** ARUCO :
*** C2 Montréal , Commerce & Créativité du 27 au 28 mai 2015:
SUITE , Partie 2 : A paraître le 27 mai 2015
« Je pense que le marché des objets connectés B2B va se développer rapidement et à très grande échelle » Interview de Thibaut Watrigant