Elle tire les numéros du bingo, donne des cours de gym ou lit les infos… Avec ses 58 cm de technologie, le robot humanoïde Zora travaille comme coach pour seniors au côté du personnel d’une maison de retraite d’Issy-les-Moulineaux, près de Paris, une première en France. Face à cette rupture des usages où chacun se dit que les robots vont remplacer nos boulots, la directrice ajoute que Zora*** ne remplacera pas le personnel soignant et les animateurs. Avec 1500 amis sur Facebook, Zora pourrait bien se faire beaucoup plus d’amis dans les maisons de retraite privés. Faisons connaissance !

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Le robot Zora montre des exercices d’étirements des bras aux résidents d’une maison de retraite d’Issy-les-Moulineaux, le 23 avril 2015
La démarche est un peu mécanique, la voix métallique, mais la créature au poids plume de 5 kg a du bagout et ce regard coquin qui la rend humaine: au milieu des chaises et des fauteuils roulants, Zora le robot fait sensation depuis son arrivée il y a deux semaines au sein de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Lasserre, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).

« Regarde s’il est mignon! Il se lève, il s’assoit, il danse… Mais comment il fait ça? C’est magnifique! », lance émue Marie Vettese, 87 ans, qui « voudrait bien l’avoir » dans sa chambre. « On marcherait ensemble », s’imagine-t-elle…

Célèbre pour avoir posé dans les bras de François Hollande, ce modèle de robot Nao inventé à 500 m de là par le leader français de la robotique Aldebaran, passé récemment sous contrôle japonais, est ici doté d’un logiciel intégré « Soins, revalidation et animations pour les personnes âgées » développé par la société belge Zora Robotics.

Sous son habillage en plastique, Zora tient compagnie aux résidents et assiste le personnel lors des animations et ateliers thérapeutiques. Au programme de cet après-midi: exercices de kiné et tai chi pour réveiller les articulations endormies et jeu du « Qui suis-je? » pour stimuler la mémoire.

« En haut », « au milieu », « vers le bas »… Debout sur une table, un bâton glissé entre ses doigts articulés, Zora, au côté de la psychomotricienne, montre des exercices d’étirements des bras aux résidents. Entre autres. Zora parle 19 langues, exécute des chorégraphies chaloupées et se déplace avec précision grâce à ses sonars. Et comme les humains, elle pousse un « ouch » de douleur quand on lui saisit brusquement le bras…

Derrière ce concentré d’intelligence artificielle, un animateur de l’Ehpad Anthony Gential œuvre tel un marionnettiste. Grâce à sa tablette, il lance Zora, « sa collègue », au moyen d’applications préprogrammées pour chaque activité. Une fois le programme activé, Zora est en roue libre. Ou presque. Pour discuter avec les humains, elle a besoin qu’Anthony lui souffle questions et réponses depuis sa tablette…

« C’est un petit réconfort, comme un petit chien. Le robot anime les lieux et casse un peu le quotidien. Il ne remplace pas l’humain, mais au lieu d’être seules, endormies devant la télé, les personnes âgées peuvent lui parler… C’est mieux que de parler à un mur », philosophe Fabrice Goffin, cofondateur de Zora Robotics, qui a développé aussi un logiciel pour les services pédiatriques.

S’il faudra du temps pour évaluer les vertus de la robotique au service des seniors, « Zora, au même titre que l’art-thérapie ou la zoothérapie, s’inscrit dans notre projet médical qui vise à stimuler les résidents de toutes les façons », dans un objectif de réduction de la prise de psychotropes, explique la directrice de l’Ehpad Sylvie Saqué qui s’empresse d’ajouter que « le robot ne remplacera pas le personnel soignant et les animateurs, hors de question ».

« Le but est de lui confier les tâches répétitives ou chronophages comme lire le journal aux résidents ou annoncer la météo et le menu du déjeuner. Le personnel peut alors se concentrer sur sa mission première, les soins et l’écoute des personnes », assure Fabrice Goffin. Actuellement, 80 robots travaillent dans des maisons de retraite aux Pays-Bas et en Belgique. A Issy, c’est une première qui pourrait faire des émules: plusieurs maisons de retraite se renseignent sur Zora.

Son coût, 15.000 euros, a été pris en charge par cette municipalité en pointe dans l’innovation numérique, qui le met à disposition de l’Ehpad pendant trois mois. Zora investira ensuite les espaces seniors isséens. A peine arrivée, déjà très demandée… Après deux heures d’activités (son autonomie maximale), la créature, avachie par terre, décrète: « relax ». « J’ai vraiment besoin de recharger mes batteries », glisse-t-elle à Anthony, son binôme bien humain.

*** Zorarobotics :
http://zorarobotics.be/?lg=fr

Domoclick.com avec Nathalie ALONSO pour l’AFP