Exclusif : Interview de Petra Koudelkova Delimoges du groupe ALDEBARAN.
Tiens, encore un robot ! Cette fois ils ne débarquent pas dans l’usine ou l’atelier mais chez soi. « Nos robots sont uniquement proposés sur le marché professionnel , rappelle Bruno Maisonnier, fondateur et PDG d’Aldebaran. L’ objectif est désormais de les rendre accessibles au grand public, en ouvrant un lieu dédié aux développeurs à Paris et à Tokyo depuis le rapprochement avec SoftBank Robotics. C’est à INNOROBO 2014** à Lyon, un des sommets internationaux dédiés à la robotique de services que Romeo a été présenté officiellement en mars. Domoclick.com y a rencontré Petra Koudelkova Delimoges, la responsable des partenariats et de la communication institutionnelle d’Aldebaran Robotics. Une présentation à trois qui fait suite à ce qu’avait martelé Bruno Bonnel dès 2011 en lançant  « Il faut un plan robotique » avant de voir le ministre Arnaud Montebourg annoncer à Lyon en 2013 le plan baptisé « France Robot Initiative », dotée de 100 millions d’euros et destiné à promouvoir la filière robotique nationale. Petra parlez-nous de Romeo !
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Après le petit robot Nao, Romeo préfigure-t-il le robot d’assistance de l’avenir ?
-Petra Koudelkova Delimoges : Romeo est d’abord une plate-forme technologique créée par Aldebaran dès 2008 par Bruno Maisonnier et destinée à explorer l’assistance à la personne. L’objectif est de mettre à disposition du grand-public des robots humanoïdes à la fois assistants et compagnons. Mais dès qu’il s’agit d’accomplir des tâches plus précises ; aller chercher un objet sur la table, monter l’escalier, on a besoin d’un robot d’une plus grande taille. C’est pourquoi Romeo a une taille humaine de 1m40, le meilleur compromis, pour lui permettre d’assurer une présence auprès de tous, sans être impressionnant, pour ne pas dominer une personne de taille moyenne.

Au quotidien, quelles seront les principales tâches de Romeo ?

-PKD : Romeo pourra agir comme assistant et compagnon. Par exemple, « il » pourra rappeler vos rendez-vous, vous avertir de faire telle ou telle chose, de rappeler à une personne âgée de prendre ses médicaments mais également lire vos courriels, enregistrer vos réponses, vous apporter des objets et toutes les choses utiles chez soi. Pour les personnes âgées, même celles qui ont une aide-soignante, la plupart du temps elles sont seules, c’est donc important d’avoir une « présence », une compagnie.

Comparativement à Nao, déjà populaire  , quelle est sa principale innovation de Romeo ?

-PKD : Il fait 140cm alors que NAO en fait 60 ! La taille de Romeo nous a poussés à innover afin qu’il tienne debout seul et puisse faire des mouvements fluides. Il est doté d’une colonne vertébrale pour se baisser de manière souple, d’une vision stéréoscopique avec deux yeux ainsi que d’un pied mobile pour marcher comme un humain. Mais l’innovation de Romeo c’est sa « capacité d’apprendre » vos habitudes, vos préférences et vous pourrez lui apprendre des tâches répétitives courantes. Il a été conçu pour rester interactif et être accepté par son utilisateur. On travaille sur l’apprentissage pour que le robot puisse détecter comment la personne se sent, satisfaction ou colère. Romeo pourra interagir en fonction de ça.

A quelle date Romeo sera dans nos murs et commercialisé ?

-PKD : Romeo tel qu’il est aujourd’hui ne sera pas commercialisé, il va uniquement servir à la recherche. Mais la suite logique c’est de développer un produit commercial issu de ces recherches. Probablement, à l’horizon de quelques années, d’ici 2020 !

Le roboticien Pierre-Yves OUDEILLERE affirmait (Les Echos du 17 mars 2014) qu’une « personne dépendante en relation avec un robot soulève de multiples problèmes dont la sécurité de la personne » qu’en pensez-vous ?

-PKD : Oui, je pense que les robots humanoïdes dans notre quotidien soulèvent des questions sociétales et de sécurité. Nous sommes très conscients de ces deux problématiques et travaillons avec des sociologues, psychologues des épistémologues. Nous avons toute une équipe de spécialistes qui nous aident à identifier et donner des éléments de réponses sur tous ces sujets. La sureté physique et la sécurité informatique doivent être maîtrisées pour que les robots humanoïdes soient introduits dans notre quotidien. Ils doivent pouvoir se conformer à nos valeurs et rester bienveillants.

La « robolution », comme l’appelle Bruno Bonnel , passe-t-elle par un usage auprès des enfants et ses comportements ludiques ?

-PKD : Les usages ludiques et éducatifs sont très importants et font partie des comportements de Romeo. Le groupe Aldebaran se positionne aussi sur ce marché. Les robots Nao**** sont déjà utilisés pour cet usage, aussi bien dans l’école primaire que les lycées techniques. Ce qui permet aux jeunes de se familiariser aux technologies robotique, de pouvoir programmer les robots eux mêmes assez facilement et de mener les étudiants aux cursus d’ingénieurs. Face à la pénurie d’ingénieurs en Europe, Nao est donc très sollicité par l’enseignement pour former les jeunes à la programmation.

Quels sont les sites du groupe où vous réalisez Romeo ?

-PKD : Romeo est conçu chez Aldebaran à Paris. Quatre laboratoires, trois en France et un en Autriche ont acheté Romeo. Notre objectif est de mettre à disposition le plus grand nombre de robots humanoïdes qui aient la capacité d’aider les personnes à effectuer des tâches quotidiennes et à se sentir mieux comme un véritable compagnon-assistant.

Propos recueillis par Jérôme Robert pour Domoclick.com

Prochain INNOROBO au Centre de Congrès de la Cité Internationale de Lyon ,mars 2015:
http://innorobo.com/

** Projet Romeo:
http://projetromeo.com/

*** Projet Pepper : Aldebaran crée des robots “compagnons” qui détectent vos émotions et celles de votre entourage.  « Bienveillance », « gentillesse », « envie de faire grandir les gens », voilà les principaux objectifs en matière d’émotions positives.

http://www.aldebaran.com/fr/presse/faq-a-propos-de-pepper

**** Avec NAO CHALLENGE développez vos compétences pour permettre au robot de réaliser des tâches quotidiennes dans la maison!
Organisé dans 5 pays européens : la France, le Danemark, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni, tous les lycées peuvent participer au défi qu’ils aient un NAO ou non. Les tests sont préparés sur un logiciel de simulation offert de septembre 2014 jusqu’à la finale en mai 2015 dans chaque pays.


Aldebaran organise cette compétition annuelle pour des lycéens. Le but est de sensibiliser davantage à l’informatique et à la technologie en motivant et apprenant aux étudiants à travailler sur un robot humanoïde.


http://www.aldebaran.com/fr/naochallenge

Les 100 robots qui comptent :
http://www.industrie-techno.com/les-100-robots-qui-comptent.32709