Cent trente pays se sont engagés mardi au Forum mondial de l’eau à Marseille (sud-est de la France) à accélérer la mise en oeuvre du droit universel de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, reconnu officiellement par l’Onu en juillet 2010. Le même jour alors que la France, déjà marquée en 2011 par un printemps historiquement sec, accuse de nouveau un déficit pluviométrique en ce début d’année, en particulier dans l’ouest et le sud-ouest, et montre des signes de sécheresse en Languedoc-Roussillon selon Météo France. De l’eau est toutefois attendue du ciel à partir de ce week-end et peut-être pour plusieurs jours, a dit Michèle Blanchard pour Météo France. Domoclick.com fait le point avant de vous présenter trois solutions capables de diviser par deux et jusqu’à -60% d’économies d’eau domestique

Dans leur « déclaration ministérielle de Marseille », adoptée à l’unanimité, les pays ont mis l’accent sur « l’accélération de la mise en oeuvre des obligations en matière de droits de l’Homme pour l’accès à l’eau potable et l’assainissement », alors que lors du précédent Forum en 2009 à Istanbul ce droit était encore contesté par plusieurs délégations.
« Avant on considérait que l’accès à l’eau était un enjeu pour d’autres, aujourd’hui tous déclarent qu’il y a urgence à agir, la sonnette d’alarme est tirée », a souligné le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt devant la presse. Il a présidé la journée ministérielle, avec 84 ministres qui ont fait le déplacement, lors de ce Forum qui clôturera samedi.

Le texte de cinq pages est le fruit d’un consensus après trois années de négociations « qui prend en compte de nouvelles réalités: l’eau n’est plus une problématique séparée », a-t-il précisé. Le ministre a rappelé les liens étroits entre la consommation d’eau et la production d’énergie, l’utilisation de l’eau pour l’agriculture et fournir de la nourriture pour les 9,1 milliards d’habitants attendus sur la planète en 2050, autant d’eau de moins pour la consommation des personnes. Cependant, des voix discordantes se sont fait entendre peu après l’annonce de l’adoption « à l’unanimité » de la déclaration. Le ministre bolivien de l’Eau et de l’Environnement, Felipe Quispe Quenta l’a contestée.

Désaccords

« On a exprimé notre désaccord lors de la rédaction de la déclaration et nous n’avons pas été entendus, la Bolivie n’accompagne pas cette déclaration ministérielle », a-t-il déclaré devant des journalistes. Selon lui, d’autres ont également exprimé leur désaccord dont son collègue de l’Equateur.Selon le ministre bolivien, il aurait fallu dire clairement que l’eau est une ressource « non privatisable ». Son pays a été la scène de nombreuses manifestations pour défendre l’eau comme un bien public récemment. »On n’écoute pas les peuples, les organisateurs ne nous ont pas écoutés », a-t-il martelé.

Des membres d’une ONG américaine, Food and Water Watch, ont réussi à pénétrer dans la session ministérielle mardi après-midi et ont constaté que l’on avait délibérément réduit le temps de parole du ministre bolivien lors de son intervention.De même l’ONG Council of Canadians a affirmé que la délégation ministérielle canadienne avait obtenu de modifier la formulation concernant le droit à l’accès à l’eau potable, alors que les populations autochtones de ce grand pays industrialisé vivent dans des conditions pires que celles des plus pauvres.

Côté africain, le secrétaire exécutif du conseil ministériel africain pour l’Eau, le Gambien Bai-Maas Taan, a rappelé qu’il « ne peut y avoir de développement sans eau ». « Nous allons maintenant rencontrer toutes les communautés une à une » pour nous assurer que le droit à l’accès à l’eau pour tous « soit mis en oeuvre », a-t-il indiqué.Une pétition de plus de 103.000 signatures, récoltées par l’ONG Solidarités Internationales réclamant la mise en oeuvre rapide de ce droit humain pour tous a été remise au ministre de la Coopération. « L’eau est au coeur de toutes les politiques », a assuré le ministre.

Depuis septembre 2011 le déficit de pluies se confirme en France et en mars 2012, le sol du Languedoc, n’a jamais été sec depuis 1959.

La France, déjà marquée en 2011 par un printemps historiquement sec, accuse de nouveau un déficit pluviométrique en ce début d’année, notamment dans l’ouest et le sud-ouest, et montre des signes de sécheresse en Languedoc-Roussillon, a-t-on appris mardi auprès de Météo France.
Depuis septembre, qui marque le début de la période de « recharge » des nappes souterraines, les cumuls de précipitations sont « déficitaires de 25 à 50% » de la Bretagne au sud du Massif central, en passant par la Vendée et les plaines du sud-ouest, annonce Météo France dans son dernier bilan hydrologique.

Dans le quart sud-ouest, « le déficit pluviométrique sur six mois est parfois proche des records sur 50 ans », précise l’organisme.
Ailleurs, les précipitations ont été plus proches de la normale mais le déficit global, sur l’ensemble de la France, se situe aux environs de 20%.
La situation a été aggravée par un mois de février « extrêmement sec », souligne Météo France, avec un déficit moyen « le plus remarquable depuis 1959 ». Sur l’ensemble du pays, les précipitations ont généralement atteint moins de 25% de la normale.
« Sur les douze premiers jours de mars, la situation sèche se prolonge », a précisé à l’AFP Michèle Blanchard, ingénieur climatologue à Météo France.
L’indice d’humidité des sols, qui permet d’évaluer plus précisément l’état de sécheresse dans les couches supérieures de la terre, montre par ailleurs une situation particulièrement alarmante dans le Languedoc et en Midi-Pyrénées, souligne-t-elle.

En Languedoc, le sol n’a jamais été sec depuis 1959.
Selon le bureau d’études météorologiques privé Météo Consult, « entre le 1er décembre et le 29 février, il n’est tombé que 4 millimètres à Sète (déficit de 98%) et 9 mm à Montpellier (déficit de 95%) !. »Dans cette région, « certains cours d’eau présentent déjà un niveau extrêmement bas, digne d’un étiage estival », selon la société, qui souligne toutefois que les nappes phréatiques y conservent « un niveau satisfaisant car les deux hivers précédents avaient été bien arrosés ».

Au niveau national, « seul le mois de décembre a connu des précipitations largement excédentaires » depuis septembre, selon Météo Consult.
« Les précipitations efficaces (celles qui permettent aux nappes de se recharger) n’ont donc pas été suffisantes au cours de cet hiver, d’autant que la plupart des nappes phréatiques accusaient un niveau largement déficitaire en début d’hiver suite à une année 2011 peu arrosée », souligne-t-on.
Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) doit publier dans les jours qui viennent un bilan des nappes au niveau national en date du 1er mars. Dans son dernier bulletin, en date du 1er janvier, la majorité des réservoirs (64%) affichaient déjà un niveau inférieur à la normale. C’était notamment le cas pour « la plus grande partie du Bassin Parisien, sur le secteur du Rhône et dans le sud-ouest ».Actuellement, deux départements franciliens, l’Essonne et la Seine-et-Marne, sont concernés par des arrêtés restreignant certains usages de l’eau.

Domoclick.com avec l’ AFP