Les Français et l’eau du robinet continuent de garder confiance tout en gardant des idées fausses. L’eau du robinet coûte-t-elle plus cher que le téléphone? Peut-on laver son linge avec l’eau de pluie? Fait-on de l’eau potable avec les eaux usées? Le baromètre annuel du Centre d’information sur l’eau (CIeau**) témoigne du capital confiance dont bénéficie l’eau du robinet mais aussi de la persistance de certaines idées fausses et la confusion sur la menace des eaux de rivières. La contamination par les pesticides des cours d’eau en France reste quasi-généralisée, malgré les efforts naissants de la profession pour lutter contre cette pollution. Etat des lieux avec deux sources complémentaires sur ce sujet vital: le débat sur France Inter dans l’émission le Téléphone sonne mercredi 30 avril et l’enquête de WE DEMAIN*** consacré aux 10 façons d’économiser l’eau au quotidien. Domoclick.com en ajoute un 11ème point: Pissez dans votre jardin au lieu de faire fonctionner la chasse d’eau !
watersmart_ecard_avoid_water_pollution_fre

France Inter a consacré une émission , mercredi 30 avril , sur l’eau de consommation et toutes les questions que vous vous posez à propos de l’eau du robinet, élément essentiel de notre quotidien : son prix, sa qualité, sa provenance, son utilisation, économique et écologique.

Bonne nouvelle: Les nappes phréatiques présentaient début avril « des niveaux très satisfaisants pour la quasi-totalité du territoire français », 87% des réservoirs affichant des valeurs égales ou supérieures à la normale, a annoncé jeudi le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Ces chiffres « confirment la situation très favorable » observée depuis le début de l’année, ajoute le BRGM dans un communiqué du 17 mars, soulignant « une situation exceptionnelle comme l’an dernier ».

Quelque huit Français sur dix (80%), un chiffre dans la ligne des années précédentes, disent avoir « confiance » dans l’eau du robinet, selon ce nouveau baromètre CIeau/TNS-Sofres. Les trois-quarts des personnes (74%) interrogées sont en outre satisfaites de la qualité de l’eau à leur domicile et lui trouvent généralement bon goût (69%).

Mais ce baromètre confirme aussi quelques « idées fausses », estime le Centre d’information sur l’eau, association crée en 1995 par les entreprises de l’eau pour améliorer l’information du grand public et des acteurs de l’eau.Sur le prix, par exemple: 50% des sondés estiment que leur facture d’eau est plus élevée que celle de la téléphonie. Or, les dépenses en eau d’un ménage (soit 2,3 personnes selon l’Insee) s’élèvent à 426 euros par an, soit 185 euros par personne, alors que la facture moyenne annuelle d’un client d’opérateur mobile atteint 286 euros, selon le CIeau. La facture d’eau représente 0,8% du budget d’un foyer moyen, précise à l’AFP sa directrice, Marillys Macé.

De même, 70% des Français pensent que l’eau potable existe à l’état naturel, « ce qui n’est pourtant que rarement le cas », relève l’organisme. Autre « confusion » pointée: « 46% seulement des répondants savent que les eaux usées sont nettoyées en usine avant de retourner dans le milieu naturel » alors que 47% pensent, à tort, que « le circuit est fermé » et que les eaux usées seraient retraitées directement en eau potable. Une pratique « totalement interdite par le ministère de la Santé », précise Mme Macé.

L’organisme met aussi en garde contre une utilisation trop large de l’eau de pluie, qui peut être polluée. A ceux qui n’estiment « pas risqué » d’utiliser l’eau de pluie pour laver la vaisselle (47% des répondants) ou le linge (60%), il rappelle que « l’eau de pluie n’est pas une eau potable ».

A l’intérieur de la maison, cette eau n’est autorisée que pour les toilettes, indique le centre. « Il est permis de l’utiliser pour le lavage du linge à titre expérimental si, et seulement si, l’eau est traitée à l’aide d’un dispositif déclaré auprès de sa mairie », ajoute-t-il. A réserver donc à l’arrosage du jardin ou le lavage des voitures.

Situation de l’eau des rivières: Une contamination « quasi généralisée ».

la mise en place de cultures intermédiaires , comme la moutarde , qui ne sont pas destinées à être récoltées, mais juste à piéger les nitrates provenant de la culture précédente. Ou les bandes enherbées, obligatoires sur une surface minimale des exploitations permettent d’absorber certains engrais avant l’arrivée de l’eau dans les rivières. Un dispositif qui a porté ses fruits puisqu’à partir de 2006, la présence de molécules de pesticides avaient reculé et les concentrations étaient plus faibles.En 2010 et 2011, aucune trace n’a même été relevée. Mais en 2012, un pic ponctuel est venu noircir le tableau.

L'espace rural de la "countryside" au Pays de Galles, loins de la sécheresse qui sévit en Californie en avril 2014
L’espace rural de la « countryside » au Pays de Galles, loins de la sécheresse qui sévit en Californie en avril 2014

La contamination par les pesticides des cours d’eau en France reste quasi-généralisée, malgré les efforts naissants de la profession pour lutter contre cette pollution. Mercredi 30 avril, les Chambres d’Agriculture et la Fédération des entreprises de l’eau (FP2E) ont renouvelé et renforcé leur partenariat. Leur but: pousser les agriculteurs à adopter des pratiques plus respectueuses de l’eau.

Aujourd’hui, les trois partenaires comptent élargir le périmètre d’action. Mais ils reconnaissent que « les agriculteurs ne sont pas toujours facilement mobilisables » et qu’il y a toujours cette crainte de faire différemment et « d’être montré du doigt », explique Mélanie Hovan. »Nous constatons une mobilisation, même si elle est par moment variable et hétérogène », veut croire Philippe Maillard.

Les agriculteurs ont donc fort à faire, d’autant qu’à la fin 2013 la Conférence environnementale a décidé de doubler le nombre de captages prioritaires à 1.000, sur les 12.000 points de captage que compte le pays. Et que fin juillet, le Commissariat général au Développement durable relevait que la contamination par les pesticides des cours d’eau en France était « quasi généralisée ». Les zones les plus touchées sont les grandes régions céréalières, maraichères ou viticoles : nord de la France, Bassin parisien, sud-ouest, amont du Rhône et Martinique.

En 2011, sur les 176 secteurs hydrographiques (découpage géographique par bassins versants des rivières) surveillés en France métropolitaine, 63 présentaient une concentration moyenne annuelle supérieure à 0,5 microgramme par litre, seuil au-delà duquel l’eau est jugée « impropre à la consommation humaine ».Les nappes souterraines semblent, elles, moins contaminées. En 2011, quatre des 176 aquifères surveillés présentaient une concentration totale supérieure à 0,5 microgrammes, notamment la nappe de Beauce (région parisienne) ou dans le Vaucluse.

Domoclick.com avec l’AFP

** CIeau , Centre d’information sur l’eau:
http://www.cieau.com/

Marillys Macé
Directrice du Centre d’Information sur l’Eau (CIE)

*** Lire We Demain n°6
http://www.wedemain.fr/Dix-facons-d-economiser-l-eau_a469.html