C’est aujourd’hui qu’Amazon ouvre les hostilités en France, après l’arrivée de Google assistant et avant celle du Homepod d’Apple le 18 juin , avec ses Echo qui seront livrables dès le 13 juin. Une bataille cruciale afin de conserver les utilisateurs dans l’univers de chaque géant du numérique. L’enjeu commercial est gigantesque puisqu’il s’agit des services et du commerce en ligne (e-commerce) que peut générer et contrôler ces enceintes connectées dans le « dialogues domestiques » que les résidents commandent . Enfin, problème de taille: quid du respect de la vie privée des utilisateurs en cas de hacking ou tout simplement de bug système? Un sujet signé Adrien Schwyter pour l’hebdomadaire www.challenges.fr (Photo: le Home Pod d’Apple)

 

Google Home, Echo d’Amazon et bientôt le Homepod d’Apple le 18 juin. Le marché des enceintes connectées aura bientôt ses GAA en France, sans le F de Facebook. A partir du 6 juin, il est désormais possible de commander son enceinte Echo d’Amazon avec assistant vocal de la marque, Alexa, en France. Elles seront livrées à partir du 13 juin en France: Echo (99,99 euros), le produit d’appel Echo Dot (59,99 euros) et le modèle premium Echo Spot (129,99 euros) qui ne sera disponible qu’en juillet.

La France comble son retard avec les Etats-Unis alors qu’Echo est déjà disponible au pays de l’Oncle Sam depuis 2014. Ces enceintes connectées permettent de répondre à des questions simples posées par l’utilisateur à l’aide de sa voix. Vous pouvez ainsi demander à Amazon, « Alexa quelles sont les news? », « Alexa change de chanson et mets-moi telle playlist de Spotify (ou Deezer) ». Et bien sûr « Alexa quelle météo fait-il aujourd’hui? ». Selon le cabinet Canalys, 3,2 millions de Google Home et 2,5 millions d’Amazon Echo ont été vendues au premier trimestre 2018. Les analystes tablent sur 56,3 millions d’enceintes vendues cette année contre 30 millions en 2017. En France, selon GfK, il se serait vendu que 250.000 enceintes au cours de l’année dernière alors que Bose et Sonos commercialisent des enceintes avec les assistants vocaux d’Amazon ou Google.

La France encore en retard

Même si Google ne communique pas de chiffres de ventes de ses Google Home, arrivées sur le marché français en juillet dernier, ceux-ci demeurent modestes. Selon le cabinet Forrester, seulement 6% des Français disent utiliser un assistant vocal (aussi bien via leur smartphone que par leur enceinte connectée). « La France est en retard de 2 ans sur l’Allemagne ou l’Angleterre qui sont à 12 et 14% de personnes affirmant utiliser ses assistants vocaux précise Thomas Husson, analyste pour Forrester. Cela s’explique car Amazon a lancé en priorité son service dans ces pays ainsi qu’au Japon et en Inde car la taille des marchés était plus importante pour eux ». Pourtant l’analyste croit dans le développement du marché français. « Il n’y a aucune raison que cela ne décolle pas en France grâce aux usages principaux des enceintes connectées: la recherche sur Wikipedia, la gestion de la musique, la météo et les news ». Et bientôt avec les maisons connectées, il sera possible d’ouvrir ses volets, de lancer la cuisson d’un plat ou d’arrêter le bain de couler avec son assistant vocal.

D’autant qu’Apple va également entrer sous peu dans le jeu. La marque à la pomme va sortir en France et en Allemagne le 18 juin sa Homepod en France, utilisant Siri. « Apple va avoir un positionnement plutôt haut de gamme que Google ou Amazon juge Jérôme Colin, consultant spécialiste du marché pour Emerton. Alexa et la Google Home tournent autour de prix entre 50 et 150 euros. Apple a lancé la sienne à 350 dollars aux Etats-Unis. Ce positionnement prix en fait un produit de niche ».

Siri derrière Alexa et Google Assitant

Amazon cherchera à conserver le plus de clients dans son univers avec ses enceintes alors que les smartphones Android conduiront les utilisateurs plutôt vers Google et les iPhones vers Apple. « Amazon cherchera à conserver le plus de clients dans son écosystème alors que les smartphones Android conduiront les utilisateurs plutôt vers Google et les iPhones vers Apple. « Les ventes d’enceintes connectées de Google et Amazon sont faites avec des marges très réduites afin de faciliter la pénétration de nouveaux marchés ajoute Jérôme Colin. Le but n’est pas forcément de gagner de l’argent sur les services mais cela permet de générer des volumes pour Amazon et de garder l’utilisateur captif dans l’écosystème ». Le service musical d’Amazon est par exemple disponible en France avec Alexa alors qu’Apple proposera son Apple Music.

Pour l’instant l’assistant d’Apple, Siri, est en retard sur Alexa (Amazon) et Google Assistant. Selon Forrester, 41% des marques disent tester ou regarder avec intérêt Alexa, 31% Google Assistant et seulement 22% Siri. La firme de Cupertino a d’ailleurs décidé de mettre les bouchées double dans son assistant vocal afin de revenir à hauteur de ses concurrents. Le choix des consommateurs se fera sur le nombre de fonctionnalités proposées par les enceintes qui apprennent petit à petit des utilisateurs grâce à une utilisation intensive de l’intelligence artificielle.

Quid de la vie privée?

Demeure un problème de taille pour les enceintes connectées: quid du respect de la vie privée des utilisateurs en cas de hacking ou tout simplement de bug système? Une conversation privée a été enregistrée et envoyé à un de ses collègues par une Echo d’Amazon… « Les Français vont se méfier de ces nouvelles enceintes qui peuvent enregistrer chez les gens reconnaît Bruno Lakehal, analyste de Gartner.

D’ailleurs l’utilisation de ces enceintes avec l’application de la très protectrice directive européenne pour la protection des données personnelles (RGPD) risque d’ouvrir de nombreux contentieux. Un fin connaisseur du secteur s’amuse de cette situation. « Est-ce qu’on aurait imaginé il y a 10 ans que les consommateurs seraient prêts à payer pour avoir une enceinte qui les espionnerait chez eux ? Ce sera une vraie question, et un frein dans la 2ème et la 3ème vague d’adoption ».

Reste à connaître la réaction du grand public, passé les « early adopters », face à des assistants vocaux auxquels il n’est pas forcément très naturel de donner des ordres ou de discuter. « A terme, il y aura une forte pénétration du marché français juge l’analyste d’Emerton. Toute la question est de savoir quelle sera la vitesse. D’ici 5 ans maximum, la moitié des foyers français en seront équipés ». La taille du marché est évaluer environ au milliard d’euros en France. « Les gens disent: je ne veux pas parler à une machine constate Thomas Husson. Sauf que le langage est ce qui est de plus naturel au final. Il n’a pas fallu plus de 10 ans pour utiliser massivement l’écran tactile alors que la voix existe depuis des millénaires. La révolution des assistants vocaux sera de l’ordre de celle que l’on a connu avec le mobile ».

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