Criteo, start-up française spécialiste du ciblage publicitaire sur internet, a lancé mercredi la procédure pour se faire coter sur la Bourse électronique américaine Nasdaq, couronnant cinq années d’un essor fulgurant. »C’est une étape importante dans le développement de notre entreprise. Nous sommes très contents d’avoir lancé la procédure », a commenté mercredi à l’AFP Jean-Baptiste Rudelle, co-fondateur et PDG de l’entreprise. Créé en 2005, ce joyau de la high-tech hexagonale a déjà procédé à quatre tours de table, dont le dernier en septembre 2012 lui avait permis de lever 30 millions d’euros auprès d’un groupe d’investisseurs menés par le fonds japonais SoftBank Capital.

Les racines de l’entreprise sont françaises, mais M. Rudelle avait décidé dès 2008 de s’installer en Californie, la Mecque des nouvelles technologies, pour mieux s’adresser au marché américain et mondial. Criteo est aujourd’hui présente dans 37 pays et compte 15 bureaux à travers le monde.

Une croissance mondiale fondée sur le modèle économique du retracking


Si aujourd’hui, plus de 80% du chiffre d’affaires de la société est réalisé hors de France c’est parce que son modèle économique est mondial , fondé sur le retracking du trafic des internautes. Avec Criteo aucun clic n’est perdu, sa technologie permet de rediriger le trafic sans suite des internautes qui abandonnent en cours les pubs et sites marchands qu’ils consultent. Ainsi, au cours de votre navigation, les bannières des « annonceurs abandonnés » vont s’afficher automatiquement et vous poursuivre fidèlement. Grâce à ses algorithmes de prédiction, la plateforme achète et revend en quelques millisecondes aux annonceurs des emplacements publicitaires sur internet. Les bannières publicitaires peuvent être diffusées en temps réel en ciblant finement les utilisateurs, selon les sites consultés. Ces espaces publicitaires sont facturés sur un modèle de coût par clic : les annonceurs ne payent l’hébergeur de la publicité que lorsqu’un internaute clique dessus. Un modèle gagnant/gagnant qui offre une garantie de résultat et explique un tel succès. C’est une révolution pour les régies publicitaires et les agences de communication pour qui , il y a à peine dix ans, l’efficacité publicitaire reposait sur la masse du budget dépensé et le critère du GRP. Une époque qui avait fait dire à un des plus grands annonceur américain (Ford ou Coca Cola ?) « Je dépense 16 millions de dollars par an de pub dont 50% en pure perte mais personne ne sais quelle moitié ». Rien de tout cela avec Criteo qui a inventé ce que Google avait initié : Le ciblage individuel sur le web et le mobile !!

La société a réalisé en 2012 pour 272 millions d’euros (353 millions de dollars) d’activité, en hausse de 89% sur l’année précédente. Elle a dégagé dans le même temps un bénéfice net ramené à 0,8 million d’euros, contre 6,1 millions un an plus tôt, en raison d’une forte augmentation de ses dépenses administratives et commerciales.
Sur les six premiers mois de l’année en cours, l’envolée de ses ventes s’est poursuivie (+72%, à 194,3 millions d’euros), mais elle a enregistré des pertes de 4,9 millions d’euros. Le cabinet Deloitte a classé l’an dernier Criteo comme l’entreprise technologique ayant connu le plus fort taux de croissance en Europe en cinq ans – soit +202.100%.
En décembre 2012, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en personne avait évoqué Criteo, « en train de prendre le chemin » d’un géant mondial « dans le domaine de la publicité en ligne », lors d’un discours sur l’économie numérique et le « génie spécifique » des ingénieurs et inventeurs français. « Criteo est une très belle société et (son entrée au Nasdaq) est une forme de reconnaissance car il y a très peu d’entreprises numériques françaises cotées aux Etats-Unis », a commenté Jamal Labed, président de l’Association française des éditeurs de logiciels et solutions internet, dont Criteo a été un des membres fondateurs. « Cependant, on peut regretter que des pépites françaises comme Criteo soient obligées d’aller se faire coter aux Etats-Unis car il n’y a pas d’équivalent d’un Nasdaq en Europe », a-t-il noté. « Nous sommes favorables à la création d’une vraie place de marché européenne pour les sociétés innovantes. Il y a de l’argent en Europe et des gens prêts à investir, ce qui manque c’est une vraie volonté politique », a relevé M. Labed.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole du Nasdaq, William Briganti, a précisé que l’entrée en bourse de Criteo serait la première d’une société high-tech française depuis celle d’InfoVista en 2000. Le quotidien britannique Financial Times avance que l’opération pourrait valoriser l’ensemble de la société autour de 800 millions de dollars, mais relève aussi que d’autres start-up candidates à la cotation avaient récemment été obligées de revoir à la baisse leurs attentes.

Domoclick.com avec l’ AFP
l’Association française des éditeurs de logiciels et solutions internet :
http://www.afdel.fr/

Criteo :
http://www.criteo.com/