Tous contre le changement climatique ? Depuis la conférence préparatoire à Lima, le 6 décembre 2014, les Etats ont définis des mesures contre le réchauffement climatique. Incapables de se mettre d’accord en 2009 lors de la Conférence de Copenhague (COP 15), les Etats avaient alors décidé de reporter à Paris 2015 la signature d’un accord international contraignant destiné à maintenir l’augmentation de la température de l’atmosphère terrestre en-dessous de 2°C par rapport à 1850. C’est tout l’enjeu sur lequel chaque citoyen peut agir en interpellant « son sénateur » selon l’association Je vote pour le climat *** Pays hôte, la France présidera les débats et aura à ce titre « une responsabilité historique », estiment les écologistes français. D’intenses efforts diplomatiques mondiaux autour de Nicolas Hulot et Laurent Fabius sont déjà en cours. Bonne année pour le climat !


Les records climatiques enregistrés en 2013-2014
afp.com – S.Ramis/G.Handyside

Paris Climat 2015 devra marquer une étape décisive dans la négociation du futur accord international sur le climat pour l’après 2020. Tous les pays, dont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre qu’ils soient développés ou en développement devront s’engager. L’année 2015 marquera-t-elle un tournant historique dans la lutte contre le réchauffement climatique, un phénomène toujours plus largement documenté, visible et menaçant? Il reste moins d’un an à 195 pays pour négocier et sceller à Paris un accord mondial. « 2015 décidera des conditions de vie de nos petits-enfants et de leurs petits-enfants », prévient Hans Joachim Schellnhuber, directeur du Postdam institute, spécialisé dans les questions climatiques. »Au sommet de Paris, presque 200 nations ont l’objectif de mettre la planète sur une trajectoire de réduction des émissions qui permette de limiter le réchauffement à 2°C », par rapport à l’ère pré-industrielle, rappelle-t-il.

Au delà de 2°C, les climatologues redoutent un emballement du système climatique,

Sachant que la température moyenne de la planète s’est déjà réchauffée de 0,8°C, en l’absence de mesures nouvelles, la trajectoire actuelle file vers +4 à 5°C à la fin du siècle. Une perspective synonyme d’évènements climatiques extrêmes plus fréquents, de dangers pour la sécurité alimentaire et de phénomènes migratoires de grande ampleur.

Conséquences au dessus de 2°C:

– L’acidification des océans réduit la vie marine calcaire : c’est moins de plancton pour fixer le CO2 atmosphérique.
-La fonte des glaces polaires permet l’exploitation de nouvelles réserves de gaz et de pétrole. Si cette exploitation était mise en oeuvre, cela aggraverait le processus.
-En Europe, les vagues de chaleur telles qu’en 2003 deviennent fréquentes, accompagnées de surmortalité, de pertes de récolte, de feux de forêts, de pénurie d’eau pour l’irrigation et l’hydroélectricité, d’une fonte accélérée des glaciers.
-La fonte des glaciers du Groenland pourrait élever le niveau des mers de 5 mètres d’ici 2100, submergeant de vastes zones peuplées.
-En Chine : inondations au sud ; sécheresse dans le nord.
-En Inde : Les variations météorologiques plus amples réduisent la production agricole ; afflux de réfugiés du Bangladesh voisin subissant des moussons accrues.
-Au Pakistan : pénuries d’eau et famines résultant de la disparition de la plupart des glaciers de l’Himalaya.
-Avec la réduction des glaciers de la Cordillère des Andes, le Pérou, la Bolivie et l’Equateur voient leurs ressources en eau se tarir.
-Dans l’ouest des USA, le remplacement de la neige par la pluie réduit les ressources en eau, accentue les sécheresses et les feux de forêts. La région centre nord des USA et le Canada y trouveront par contre de nouvelles opportunités agricoles. De même pour la Russie et la Scandinavie.
-Enfin la plupart des pays africains voient leur production agricole baisser en raison de la hausse de température et de la diminution des pluies.

Six ans après le retentissant échec de Copenhague, décembre 2015 est la date butoir que la communauté internationale s’est fixée pour trouver un consensus sur un texte. Le futur accord doit prendre, à partir de 2020, le relais du protocole de Kyoto, qui n’engageait que les pays riches dans la réduction des gaz à effet de serre (GES). L’action climatique est un défi car elle touche le coeur même des économies: la production et la consommation d’énergie. Selon les économistes, il est possible de parvenir à réduire drastiquement les émissions de GES sans altérer la croissance, mais cela nécessite un changement radical dans les investissements pour laisser notamment deux tiers des réserves fossiles connues dans le sol.

– Nouvelle donne depuis Copenhague 2009 ? –

Quelques signaux permettent de penser que la donne a changé depuis Copenhague. En novembre, Barack Obama a annoncé un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2025 et la Chine, fortement exposée aux risques climatiques et en proie à de gros problèmes de pollution de l’air à cause du charbon, a promis un pic de ses émissions d’ici 2030.

L’Union européenne s’est elle engagée à réduire de 40% ses émissions en 2030 par rapport à 1990.
« Les économies les plus puissantes sont aussi les plus gros pollueurs », souligne Hans Joachim Schellnhuber, manière de rappeler qu’une poignée de pays détient les clés de l’avenir climatique. Les cinq plus gros émetteurs – Chine (27%), Etats-Unis (14%), Union européenne (9,6%), Inde (5,8%), Russie (5%) – représentent plus de 60% des émissions actuelles.

Dans la perspective du rendez-vous parisien, 2015 verra deux dynamiques à l’oeuvre: des négociations onusiennes intermédiaires et les annonces des pays sur l’adaptation de leur politique énergétique.
Pour ces dernières, l’accord de méthode trouvé à Lima laisse une grande latitude sur la forme que pourront prendre les engagements (durée, secteurs, base de référence, etc.).

« Ce qui se passe en dehors de la négociation est au moins aussi important que la négociation elle-même », estime Pascal Canfin, ex-ministre français et expert auprès du World ressource institute (WRI). L’accord sino-américain de novembre sur leurs futurs engagements en est un exemple. Le processus onusien reste toutefois la colonne vertébrale de l’action collective. A Genève en février, puis à Bonn à deux reprises, des délégations restreintes des 195 pays se retrouveront avant Paris.

De nombreux sujets sont en suspens: l’accord sera-t-il légalement contraignant? Comment parvenir à mobiliser 100 milliards de dollars annuels en 2020 pour aider les pays du Sud dans la lutte contre le réchauffement? Et surtout comment partager équitablement les efforts à faire, notamment entre pays émergents et riches ? Pour Elliot Diringer du Center for climate and energy solutions (C2ES), « parvenir à trouver un équilibre entre pays développés et en voie de développement sera clairement l’une des plus grandes difficultés l’an prochain à Paris ».

Agir utilement en s’adressant à « son sénateur »

Déjà approuvé par l’Assemblée nationale et actuellement en cours d’examen par le Sénat, il y sera voté en Février 2015. Il n’y aura pas de deuxième lecture à cause de la « procédure accélérée » demandée par le gouvernement. Les sénateurs peuvent encore améliorer ce texte qui en a bien besoin. C’est le moment de le leur demander.

*** Pour envoyer un message ou un courrier aux sénateurs de votre département pour leur dire combien le changement climatique vous préoccupe et que vous comptez sur eux pour rendre cette loi efficace:+ 2 degrés
http://www.jevotepourleclimat.fr/fr/information/36851/pour-agir-c-est-ici

Domoclick.com avec l’AFP