Ceux et celles qui en ont été victime ne l’ont pas oublié: les inondations en juin du bassin Parisien sud. Missionné suite aux inondations de juin et juillet par le Premier ministre pour poser un diagnostic sur le bassin hydrographique de la Seine, Jean-François Carenco, préfet de la région Ile-de-France, s’est exprimé au sujet des inondations aux côtés de la métropole du Grand Paris, lors d’un colloque sur la Gemapi qui s’est tenu les 7 et 8 juillet à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). A cette occasion, la Métropole s’est dit prête à prendre la compétence Gemapi* dès 2017. Débats, conférences et solutions à approfondir à Lyon, lors de FLOODRisk**


Film d’animation sur la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations

Avec l’après-crue s’engage une réflexion pour revoir la gouvernance et la gestion de tout ce qui a trait à la prévention des inondations. C’est du moins le seul mérite de ces inondations ayant frappé début juin l’Ile-de-France et d’autres régions : « Elles ont fait remonter ce dossier en haut de la pile », a confirmé le 8 juillet Jean-François Carenco, préfet de la région Ile-de-France, lors d’un colloque sur la Gemapi** organisé à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).

Des propositions en octobre

Fin juin le préfet s’est vu confier une mission par Manuel Valls pour tirer des leçons de cet épisode d’inondations dont l’ampleur a surpris tout le monde. Un diagnostic partagé par les acteurs de l’eau franciliens va être posé et des conclusions rendues en octobre. Des propositions seront faites au sujet des soutiens d’étiages à partir des barrages. « Un enjeu technique mais que ces dérèglements climatiques – avec des inondations inattendues en plein mois de juin – incitent à revoir en profondeur », ajoute le préfet. Et d’expliquer concrètement qu’en novembre dernier les barrages étant vides la décision a été prise pour les remplir de déstocker moins d’eau. Sauf qu’en juin, ils se sont vite retrouvés pleins ! « Et qu’en fin de crue même si tout le monde n’a pas compris nous avons dû prendre une décision à nouveau délicate : lâcher de l’eau dans le fleuve alors qu’il y en avait déjà eu tant, sauf qu’ici ce fut pour éviter des inondations ailleurs du côté de Troyes ». En clair, son constat est sans appel : « Nous ne parvenons plus à gérer les choses avec la même logique qu’auparavant. Il faut profiter des évolutions du paysage institutionnel pour faire preuve de créativité et tendre vers plus d’efficacité ».

Gemapi : la Métropole veut prendre la main plus tôt

Les changements institutionnels évoqués sont de deux ordres. Il y a d’un côté la réforme de la Gemapi (gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations*). Et de l’autre l’affirmation de la Métropole du Grand Paris. Les deux se rejoignent car la métropole se verra confier les rênes de la Gemapi au plus tard au 1er janvier 2018. « Sans attendre, notre prochain conseil métropolitain actera à la rentrée d’une prise de compétence dès 2017. Nous avons l’appui de l’Etat et du préfet de région », annonce Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris. Les premiers transferts de compétences, censés débuter mollement, s’accélèrent donc sur ces enjeux de gestion des ouvrages hydrauliques, de maîtrise de l’urbanisation dans les zones exposées aux inondations, de gestion intégrée des cours d’eau et de sensibilisation des élus et de la population.

Suite à de fortes pluies en Chine, à Rongjiang county, Qiandongnan Miao et Dong. Province Guizhou , 2 Juillet 2016. (186 morts et 45 disparus
Suite à de fortes pluies en Chine, à Rongjiang county, Qiandongnan Miao et Dong. Province Guizhou , 2 Juillet 2016. (186 morts et 45 disparus

Créer un grand syndicat mixte métropolitain

La métropole évoque déjà des pistes : dresser un état des lieux des digues et de leur solidité, relancer les discussions sur les zones de stockage de crues (projet critiqué des bassines de la Bassée ou cinquième réservoir de retenue des eaux), intérêt d’agir via les plans locaux d’urbanisme (PLU) sur la désimperméabilisation des sols, création d’un nouveau barrage sur l’Yonne, travail sur l’indemnisation des agriculteurs dont les champs ont été inondés, etc. Et surtout créer un grand syndicat mixte métropolitain en s’appuyant sur l’établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs, qui gère les quatre lacs réservoirs conçus pour protéger Paris et son agglomération. « Au vu des derniers événements nous ne pouvons plus rester dans un statu quo qui pourrait s’apparenter à de l’indifférence à l’égard des populations concernées. Ce sont des dossiers sensibles mais la métropole pourrait jouer un rôle de conciliation et s’impliquer dans leur gouvernance », commente Patrick Ollier. Seul hic : la métropole va endosser de nouveaux rôles mais… n’a pas d’argent. « Notre budget est bien chiche, nous comptons sur le préfet pour nous aider à le relever », conclut le député-maire de Rueil-Malmaison.

Morgan Boëdec pour Environnement-Magazine:
http://www.environnement-magazine.fr/

Domoclick.com
*La Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations):
http://www.eaurmc.fr/gemapi.html

**Le salon et conférences FLOODRisk 2016 sur la prévention des risques d’inondations se tiendra du 17 au 21 octobre à Lyon,
en complémentarité avec les Ateliers Previrisq Inondations:

http://floodrisk2016.net/

FLOODRisk 2016 étudiera les recherches concernant les risques d’inondation ainsi que les innovations dans le domaine.
FLOODRisk 2016 considèrera tous les aspects des risques d’inondation et couvrira toutes les causes ainsi que les impacts sur les habitants, sur la propriété et sur l’environnement.