Ce vendredi 4, beaucoup de tweets concernent le réseau social Twitter qui a publié hier, jeudi 3 octobre, son très attendu projet d’entrée en Bourse, où il compte lever jusqu’à 1 milliard de dollars. Mais il y a un un tweet qui pourrait lever d’autres tweets plus inattendus celui sur cette information : Twitter** devrait encaisser un autre milliards (en dollars) de recettes publicitaires durant 2014.Explications d’un phénomène, moins puissant que l’empire Google mais assez ambitieux pour courir aux trousses de Facebook.
Prudent, l’entreprise Californienne Twitter a révélé avant son entrée en bourse qu’il perdait toujours de l’argent malgré une croissance explosive. Une expansion si forte que le réseau de l’oiseau bleu devrait se rapprocher en 2014 de la barre du milliard de dollars de recettes publicitaires, en profitant notamment d’une croissance exponentielle des revenus publicitaires mobiles, a estimé le cabinet eMarketer le 27 mars. Twitter devrait engranger au total 950 millions de dollars grâce à la publicité en 2014, après 582,8 millions en 2013. Et la barre du milliard de dollars sera largement franchie en 2015, à 1,33 milliard. Le cabinet dit avoir révisé ses prévisions à la hausse car « les publicitaires montrent davantage d’intérêt pour dépenser de l’argent dans des publicités mobiles sur Twitter ». Plus de la moitié (53%) des recettes publicitaires de Twitter cette année seront dégagées lors d’un accès au site depuis un appareil mobile. Cette part était presque nulle en 2011, et devrait dépasser 60% en 2014, souligne eMarketer.
Le document d’enregistrement en vue de l’introduction sur le marché, consultable sur le site internet du gendarme boursier américain (SEC), précise que l’opération aura lieu « aussi tôt que possible ». Le groupe doit toutefois respecter un délai d’au moins 21 jours avant d’entamer son « roadshow », la tournée des investisseurs institutionnels par ses dirigeants afin de leur présenter les futurs titres. L’entrée sur le marché ne devrait donc pas avoir lieu avant la fin octobre ou le début novembre.
Comme il est d’usage à ce stade de la procédure, une série de détails, tels le nombre ou le prix des actions, ne sont pas encore déterminés. Le document donne toutefois un ordre de grandeur provisoire, estimant que la levée de fonds pourrait monter jusqu’à un milliard de dollars. En publiant son projet d’entrée en Bourse, Twitter donne surtout l’opportunité aux investisseurs d’avoir pour la première fois des détails sur ses données financières, jusqu’ici un secret bien gardé.
Le réseau revendique 218 millions d’utilisateurs actifs au moins une fois par mois (fin juin),
Ce qui représente selon lui une progression de 44% sur un an. Au quotidien, plus de 100 millions de personnes publient en moyenne 500 millions de tweets, ces messages de 140 caractères maximum qui font la spécificité du réseau.
Le chiffre d’affaires a pour sa part triplé l’an dernier, à 317 millions de dollars, et il atteint déjà 253,6 millions pour les six premiers mois de cette année. A titre de comparaison, le champion mondial du secteur Facebook a réalisé au premier semestre, avec son plus d’un milliard de membres, quelque 3,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
Rentabilité incertaine
Twitter souligne aussi sa force dans le mobile, un indicateur suivi de près par les investisseurs du secteur internet et qui a longtemps été l’un de leurs grands sujet d’inquiétude chez Facebook. Le réseau dit avoir généré plus de 65% de ses revenus publicitaires du deuxième trimestre avec ses accès sur smartphones et tablettes (contre 41% chez son rival). Twitter avoue en revanche une perte nette de près de 80 millions de dollars sur l’ensemble de 2012, et d’encore 69,3 millions pour le seul premier semestre 2013. « Nous pourrions ne pas être capables de devenir ou de rester rentable », prévient-il dans la section du document où il détaille les risques auxquels s’exposent ses futurs actionnaires.
« Notre performance financière est et restera déterminée de manière importante par notre capacité à augmenter le nombre d’utilisateurs et leur niveau d’engagement sur notre plateforme, de même que le nombre de publicités », y souligne-t-il.Le groupe prévient en particulier que ses résultats pourraient souffrir si la quantité ou l’intérêt des contenus publiés sur sa plateforme diminuait, et s’il perd en pertinence pour ses utilisateurs. Il souligne aussi sa dépendance à la publicité, qui représentait 85% du chiffre d’affaires de l’année 2012 et 87% de celui du premier semestre 2013.
Le défi pour Twitter sera d’éviter de répéter les erreurs de Facebook, dont l’introduction sur la plateforme électronique Nasdaq l’an dernier s’était avérée catastrophique: la première séance avait été émaillée de multiples problèmes techniques, et le cours de l’action s’était très vite effondré, fondant de moitié en quelques mois.
Le cours de l’action Facebook n’est repassé que cet été au-dessus de son prix d’introduction de 38 dollars, mais semble avoir redressé la barre, avec encore cette semaine un plus haut historique à 51,24 dollars. Twitter ne précise pas dans l’immédiat s’il optera lui aussi pour le Nasdaq ou pour la place concurrente du New York Stock Exchange, indiquant juste qu’il sera coté sous le symbole « TWTR ».
** Twitter en France:
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